- Coupes d'Europe
Ligue 1 vs Premier League : vive the République !
Avec une victoire, un nul et une défaite, le bilan du duel franco-anglais est très correct sur le plan comptable. Grâce aux vertus républicaines d’égalité-fraternité-solidarité de Lens et de l’OM que le PSG en monarque à l’anglaise a royalement snobées...
Le clash entre Ligue 1 et Premier League avait débuté en fait il y a quinze jours quand le superbe Monaco-Nice (0-1) avait supplanté le « sommet » du week-end anglais Arsenal-Tottenham (2-2), derby londonien sans grand éclat. Face à l’intensité et aux effectifs XXL de la Premier League, la Ligue 1 avait assumé avec ce derby azuréen son impact athlétique très hexagonal, mais additionné d’intelligence tactique prodiguée par des techniciens audacieux, Adi Hütter et Francesco Farioli. Et ça tombe bien : Franck Haise a la même vision conquérante que ses deux collègues !
Lens : so good, so phare !
Contre Arsenal, on savait que le fighting spirit lensois sublimé par la ferveur de Bollaert garantirait le minimum vital d’engagement et de foi qui manquent trop souvent aux clubs français en coupes d’Europe. C’est ainsi que Thomasson a vite égalisé après l’ouverture du score de Gabriel Jesus. Idem pour l’engagement physique de ce RC Lens plus réputé pour suer sang et or que pour son jeu léché. On se doutait là aussi que les Artésiens se mettraient minables de la première à la dernière seconde : 50% du boulot serait donc accompli. Mais pour renverser le favori Arsenal coaché par Mikel Arteta, Franck Haise avait concocté un plan tactique qui neutraliserait les départs de feu adverses avec un bloc haut concentré dans l’axe. Le coach lensois avait pris des sacrés risques en impliquant ses deux centraux Gradit et Medina, partis eux aussi chasser Zinchenko, Rice et Ødegaard au cœur de la machine à jouer londonienne. Ne restait plus qu’à investir les côtés pour déséquilibrer des Gunners devenus par moment trop scolaires : ce que fit Frankowski, centreur décisif pour Wahi, auteur du but de la victoire (2-1, 69e)… C’est donc au mérite républicain, avec ses sans-grade tel le grognard Sotoca, que le RC Lens a symboliquement abattu une des Bastilles de la monarchie anglaise appelée Premier League. Et comme un phare au milieu de la nuit, la lampe de mineur du RC Lens semblait éclairer la voie aux deux autres clubs français engagés contre ceux d’Albion. Une lumière qui a surtout inspiré Marseille, jeudi soir, face au brillant Brighton donné favori dans le contexte de crise phocéen. Outre la grinta et les tapes dans le dos de Gennaro Gattuso, les Olympiens se sont surtout pris en main comme des grands en partant à l’assaut du but adverse, afin d’enrayer à la source les fameuses sorties de balle chères à Roberto De Zerbi.
Un PSG stupidement versaillais
Avec Amine Harit qui avait retrouvé le rayonnement de stratège qu’on lui a connu contre Schalke 04, l’OM a tout bonnement réalisé sa meilleure mi-temps (2-0) de début de saison, selon les mots du Franco-Marocain. À défaut d’être géniaux et endurants (2-2 score final), les Marseillais sont parvenus à faire déjouer la belle mécanique anglaise au point, par moments, de forcer les Seagulls à balancer devant ! Comme leurs collègues lensois, les Phocéens, décomplexés face à un gros client british, ont eux aussi, en braves soldats de l’An II, fait primer un collectif qui se lézardait ces derniers temps. Les deux buts de l’OM venus du côté droit ressemblent comme trois gouttes d’eau au combo Frankowski-Wahi de mardi soir.
Mais, entre les soirées emballantes de mardi et jeudi, il y a eu aussi le désastre du PSG à Newcastle (4-1)… Luis Enrique a d’abord imprimé sur la rencontre la morgue aristocratique parisienne en maintenant jusqu’au bout un 4-2-4 censé faire plier les Magpies de par la grâce de son merveilleux quatuor offensif… Tout faux, l’hidalgo ! En miroir inversé du modeste RC Lens face au favori Arsenal, le grand PSG s’est laissé tabasser sans crotter sa tunique, à la manière de ses quatre rois fainéants de devant qui n’ont pas vraiment daigné défendre ou presser davantage. Paris n’a tout simplement pas assumé le statut dynastique que lui confère son leadership en Ligue 1 depuis plus de dix ans. Même sans vouloir accabler Kylian Mbappé, pas tout à fait à 100% physiquement, ses airs de Petit Prince contrarié ont confirmé la suffisance d’une équipe parisienne qui semblait « se rêver en grand » en Charles III ébloui par les fastes de Versailles. Et les « prolos » de Newcastle ont remis ce PSG à sa place, tout comme le roturier Eddie Howe a donné une leçon tactique au Maître Luis Enrique. Paris nous doit désormais une double revanche, plus républicaine, face à Milan…
À l’instar de Lens et de l’OM, Galatasaray n’a pas fait de complexes mardi soir en se rendant chez un autre seigneur de Premier League, Manchester United. Par sa victoire (2-3), le « Gala » a lui aussi réaffirmé que les clubs anglais sont souvent des grands noms avant d’être des grandes équipes. Et à l’interrogation « peut-on faire tomber un cador de Premier League ? », c’est par un grand OUI que Franck Haise a répondu.
Par Chérif Ghemmour