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Ligue 1 – RC Lens : Saint Adrien Thomasson
Nouveau renfort du RC Lens en provenance de Strasbourg, Adrien Thomasson, devenu quelque part un symbole de notre Ligue 1 avec les années, prouve une nouvelle fois qu'il n'y a pas que sur le terrain qu'il fait souvent le bon choix.
Un mètre 77 pour, à la louche, entre 72 et 75 kilos : avec sa carrure de guide de musée, Adrien Thomasson n’est pas et ne sera jamais un milieu de terrain qui envoie du steak. Depuis le début de sa carrière à Évian Thonon Gaillard, il a compris qu’il valait mieux laisser cela aux autres. Dans le bestiaire du footballeur, l’ancien Nantais se situe autre part, dans la partie de ceux qui ne paient pas de mine, mais se révèlent rapidement essentiels. Joueur insaisissable et incernable, au sex-appeal moindre, mais à la qualité indéniable, le Savoyard fait profiter la Ligue 1 de son coup de patte et de sa vista depuis une dizaine d’années désormais.
StéphanBall et Luka Modrić
En quittant Nantes – après trois saisons abouties en Loire-Atlantique – pour Strasbourg en 2018, le natif de Bourg-Saint-Maurice mettait les pieds chez un club promu en Ligue 1 un an auparavant et qui venait de terminer quinzième du championnat, mais au sein duquel un vrai projet était en train d’aboutir. Quatre ans et demi plus tard, il peut se targuer de s’être éclaté dans la fournaise de la Meinau aux côtés d’Ibrahima Sissoko, Ludovic Ajorque, Habib Diallo, Sanjin Prcić, Dimitri Liénard ou Jean-Ricner Bellegarde, d’avoir participé à la renaissance d’un club mythique, d’avoir garni son palmarès d’un Coupe de la Ligue (2018-2019), d’avoir goûté à la Coupe d’Europe (2019-2020), d’être rapidement devenu un pion essentiel du StéphanBall (dans sa science du contre-pressing, sa qualité de déplacement, sa technique et son intelligence avec ballon) et même d’avoir accroché une sixième place au classement avec son écurie (2021-2022).
Au-delà du romantisme, Adrien Thomasson, c’est un tableau de statistiques stable et plus qu’honnête, preuve d’un certain savoir-faire dans la zone de vérité bien que son rôle ne se résume pas qu’à ça : huit buts et cinq offrandes la saison passée, cinq pions et six passes décisives en 2020-2021, dix caramels et trois caviars en 2019-2020, cinq réalisations et huit assists en 2018-2019 (toutes compétitions confondues). C’est aussi une fiabilité qui, de Michel Der Zakarian à Julien Stéphan en passant par Sérgio Conceição, René Girard, Claudio Ranieri et Thierry Laurey, a souvent fait de lui le premier nom couché sur les feuilles de match. Il faut dire que de par ses origines maternelles, le garçon s’inscrit, quelque part, dans la tradition des soyeux milieux de terrain croates : « J’aimerais bien avoir des gênes de Luka Modrić ! C’est vrai qu’il y a une tradition de milieux techniques et spectaculaires en Croatie, on va dire que ça vient de là, nous soufflait-il en décembre 2017. J’aime le beau jeu, donc on peut faire un petit lien. »
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— Racing Club de Lens (@RCLens) January 12, 2023
Et c’est sans doute ce leitmotiv qui lui a fait dire « oui » au Racing Club de Lens, en ce mois de janvier (pour 4 millions d’euros), bondissant du dix-neuvième au deuxième du championnat. Après l’ETG, Vannes, Nantes puis Strasbourg, place donc désormais à l’écurie sang et or, qui a posé les bons mots lors de sa venue : « joueur de club, fidèle », « élégant, polyvalent et travailleur ». Rarement une progression aura semblé si linéaire et bien ficelée, rarement une carrière aura semblé aussi bien gérée. Dans l’Artois, au sein d’un club intelligent qui travaille dans la durée, dans une équipe joueuse qui évolue à trois défenseurs centraux, poussée par un public invraisemblable et dirigée par un coach visionnaire, Thomasson ne devrait pas se sentir trop dépaysé par rapport à ce qu’il a connu dans la capitale de Noël. « On ne va sûrement pas gagner tous les matchs, mais on sait qu’on va jouer tous les matchs avec du cœur et de l’intensité, nous confiait-il il y a un an, alors que le RCSA de Stéphan était en pleine bourre. Ça me rappelle ce que j’ai connu à Nantes avec Conceição. Pour les joueurs, c’est un plaisir. » Franck Haise s’en lèche déjà les babines.
Par Jérémie Baron