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Amine Gouiri : Marseille peut y prendre goût
Arrivé à Marseille début février, Amine Gouiri semble déjà avoir pris ses marques sur le front de l’attaque phocéenne. Et s’il est évidemment trop tôt pour s’enflammer, les prestations de l’avant-centre confirment une belle tendance : celle du buteur idéal.

« Grantatakan » : expression marseillaise, désignant le buteur censé faire exploser le Vélodrome dès sa signature. Ont sublimé l’appellation : Didier Drogba, Mickaël Pagis, Mamadou Niang, Djibril Cissé, Bafétimbi Gomis, Alexis Sánchez, Pierre-Emerick Aubameyang. L’ont tourné en dérision : Dario Benedetto, Valère Germain, Kostas Mitroglou, Vitinha. Avant de savoir à quelle lignée il appartiendra, Amine Gouiri attend son tour. Débarqué de Rennes dans les derniers instants du mercato d’hiver, l’attaquant de l’OM paraît en effet déjà techniquement intégré à son équipe et semble (enfin) tenir la corde de l’avant-centre complet si durement chassé par Pablo Longoria ces dernières saisons.
Le style de jeu de De Zerbi a beaucoup pesé. Je me retrouve dans ce qu’il demande, mes qualités correspondent parfaitement.
Soyons d’emblée en phase : non, Amine Gouiri n’est pas un attaquant voué à planter 25 buts par saison. À l’image de Neal Maupay, dans un autre registre, l’Algérien est en effet à Marseille pour compléter un secteur offensif jusqu’ici fonctionnel, mais se reposant un poil trop sur les exploits de début de saison de Mason Greenwood. Et Gouiri a déjà réussi à apporter des bribes de ce qui lui sera demandé pour la suite. Entré en jeu contre Lyon (3-2), il s’est en effet illustré en déclenchant la première égalisation marseillaise (frappe contrée et poussée au fond par Greenwood), puis en se procurant un bon nombre d’occasions et de passes importantes. Idem à Angers (0-2), la semaine suivante, face à qui le Fennec a délivré deux passes décisives, sur corner et dans le jeu. Une palette déjà bien fournie pour des débuts donc, ne demandant qu’à s’étaler dans la durée sous les ordres de Roberto De Zerbi, celui qui l’a choisi. « Le style de jeu de De Zerbi a beaucoup pesé, j’ai parlé avec lui avant de venir ici, posait Gouiri durant sa présentation. Le fait de faire jouer son équipe comme ça, c’est ce que j’ai envie de faire. Je me retrouve dans ce qu’il demande, mes qualités correspondent parfaitement. »
L’OM n’a pas signé un buteur, mais un attaquant
Car au Vélodrome, peu importe le talent, le principal problème des attaquants est le sablier. En prenant Elye Wahi comme témoin récent, l’OM s’est en effet rarement illustré par la pleine confiance donnée à ses nouveaux buteurs. Il faut être performant tout de suite, ou au revoir. Avec Gouiri, la leçon devra être retenue, tant chez les dirigeants que chez les supporters. Et comme l’intéressé le précisait dans nos colonnes (So Foot #186), un attaquant se doit d’être complet et pas seulement un arbuste planté au point de penalty : « Le 9 doit participer au jeu, avoir des relations avec les ailiers, les milieux… Rester planté dans la surface tout un match et marquer un but à la 90e minute sans avoir touché une balle, c’est pas mon truc. Franchement, ça me fouterait le seum. » Le seum de ne pas décrocher ou de ne pas faire jouer les siens, dans le pur style du buteur meneur démocratisé par Karim Benzema et qui a forcément inspiré celui qui a été formé à l’OL.
À Rennes, Gouiri a ainsi passé une bonne partie de son aventure sur le côté, à alimenter les axiaux Arnaud Kalimuendo et Martin Terrier. À l’OM, il faudra certainement s’attendre à la même évolution, et de le voir échanger avec Adrien Rabiot ou son partenaire de sélection Ismaël Bennacer. « Le coach m’attend comme 9, mais il sait que je peux jouer aux deux postes en dessous, ça dépendra des matchs, confirmait-il toujours durant sa présentation. Il veut que je participe au jeu, que je fasse des appels en profondeur et surtout que je sois dans la surface, mais pas seulement. Il connaît très bien mes qualités. Il dit que dans les 30 derniers mètres, c’est l’instinct. » Rien de bien étonnant, pour un joueur dont le plus haut total de buts en huit saisons professionnelles s’élève à 17 réalisations. Que les Marseillais se rassurent donc avant d’affonter Saint-Étienne : le « grantatakan » a certainement trouvé sa déclinaison. Pour le « granbuteur », le temps fera son œuvre.
Par Adel Bentaha