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Ben Old, un Néo-Zélandais sur le green

Par Adel Bentaha

À 22 ans, Ben Old est entré dans la petite histoire du football néo-zélandais, en devenant le premier joueur du pays à être titularisé en Ligue 1. Un beau début de parcours pour celui qui espère briller avec l’AS Saint-Étienne, comme il l’a fait avec ses clubs de golf.

Ben Old, un Néo-Zélandais sur le green

« Je suis… né le… 13 août 2002 ! » Attablé dans un café stéphanois, Ben Old s’essaye gentiment à un test de français, avec succès. La langue de Molière, le milieu offensif compte bien la maîtriser sous peu, afin d’achever une adaptation (presque) réussie à l’AS Saint-Étienne. Le 17 août dernier, face à Monaco, Old devenait en effet le premier Néo-Zélandais à valider une titularisation en Ligue 1. Avant lui, seul son compatriote Bill Tuiloma avait foulé les pelouses hexagonales. C’était avec l’OM en février 2015 et deux apparitions en sortie de banc contre Rennes et Reims. Pour Old, le chemin aura donc été plus rapide depuis son Auckland natal, mais non sans quelques étapes intermédiaires. Car tout le prédestinait à briller avec un autre type de club.

La Nouvelle-Zélande est loin dans tous les sens du terme, donc voir un gamin de 22 ans faire son trou dans l’un des meilleurs championnats du continent, ça fait quelque chose.

Michael Burgess, journaliste néo-zélandais

« C’est très honorant pour nous, de voir des journalistes français s’intéresser à un joueur du pays, s’extasie Michael Burgess, confrère au New Zealand Herald qui suit de près la carrière du joueur. Pour les Européens, la Nouvelle-Zélande est loin dans tous les sens du terme, donc voir un gamin de 22 ans faire son trou dans l’un des meilleurs championnats du continent, ça fait quelque chose. » Le 9 juillet dernier, Old débarquait anonymement depuis le Wellington Phoenix – plus grand club de Nouvelle-Zélande, évoluant en A-League, le championnat australien – pour se poser dans le Forez. Les premiers résultats de la « stratégie data » entamée par l’ASSE, portée par son rachat par le consortium canadien Kilmer Sports Ventures (KSV). « Lorsque les contacts ont été établis avec mon agent, j’avoue avoir été surpris, retrace l’intéressé. Mais il n’y a évidemment eu aucune hésitation au moment d’accepter l’offre. » Ligue des talents, toujours.

« J’aime beaucoup Antoine Griezmann »

Élément régulier de la rotation initiée par Olivier Dall’Oglio, Old s’est affirmé grâce à une polyvalence remarquée. Révélé sur l’aile gauche à Wellington, le voici aujourd’hui aligné dans l’axe, comme meneur de jeu/soutien de l’attaquant. La caractéristique d’un bonhomme déclinable à tout système ? Certainement. Durant l’été, le joueur a ainsi refusé sa convocation aux Jeux olympiques, au profit d’une préparation complète avec les Verts. « J’ai terminé mon passage à Wellington avec une petite blessure à la cheville. J’avais évidemment envie de participer aux JO, mais avec l’ASSE, on s’est dit qu’il était préférable de ne pas aggraver la blessure et de se focaliser sur une vraie prépa », résume-t-il aujourd’hui. Un pragmatisme bien aidé par l’environnement sportif dans lequel il évolue depuis toujours.

Originaire d’Auckland, Old a jonglé entre deux activités durant l’enfance : football et golf. « Le football est venu assez naturellement à moi. Mon père est supporter de Liverpool et c’est avec lui que j’ai commencé à aimer ce sport. » Et pour le golf ? « C’est venu des vacances que nous passions chez nos grands-parents. Ils avaient un bach (bungalow typiquement néo-zélandais) dans une station balnéaire près d’Auckland, et jouaient régulièrement au golf. Avec mon petit frère, on voulait les imiter et on s’est doucement pris au jeu. » Pas qu’un peu. Le jeune Ben se découvre en effet un talent, qui le place alors parmi les espoirs nationaux.

On joue au football en hiver et au golf en été. C’est donc très pratique, je pouvais cumuler les deux sports, sans jamais être surchargé.

Ben Old

À l’aube des années 2010, âgé d’à peine 7 ans, il est même enrôlé pour une tournée aux USA. « Toute ma famille m’a accompagné dans ce voyage assez fou, remet-il. J’ai pu disputer des parties à Las Vegas, Pinehurst (Caroline du Nord) et San Diego. » S’il revient sans le trophée, il a, au moins, posé ses premières pattes dans un microcosme sportif. D’autant qu’en parallèle, le football ne le quitte pas : « En Nouvelle-Zélande, on joue au football en hiver et au golf en été. C’est donc très pratique, je pouvais cumuler les deux sports, sans jamais être surchargé. Mes parents me laissaient aussi une grande liberté, sans jamais me mettre la moindre pression. » Sur le green, il côtoie ainsi Lydia Ko (championne olympique en titre et trois fois numéro un mondiale), tandis que le rectangle lui permet de bosser sa vision. « J’aime beaucoup Antoine Griezmann, glisse-t-il. Depuis son Euro 2016, où il a vraiment brillé, j’essaye de m’en inspirer. C’est un faiseur de jeu, un joueur qui brouille les pistes sur la ligne offensive, et c’est ce que j’essaye aussi de faire, en travaillant ma polyvalence. » Nul ne sait si le Français a eu une quelconque influence dans le choix de Ben Old de définitivement basculer vers le football, mais force est de constater qu’à 16 ans, les choses se sont accélérées.

Green life

Après avoir écumé des clubs amateurs aux noms de camping – Forrest Hill Milford United, Hibiscus Coast ou North Shore United –, le technicien tape dans l’œil du Wellington Phoenix, qui l’enrôle dans son académie. « C’était déjà mentalement très fort de sa part, de s’être imposé à Wellington, déroule Ufuk Talay, entraîneur qui l’a lancé chez les professionnels. Il n’avait que 16 ans et a malgré tout accepté de quitter son foyer pour tenter sa chance seul, à l’autre bout du pays (641 kilomètres séparent Auckland de Wellington, NDLR). » L’adaptation – encore une fois – est étonnamment rapide, puisqu’en 2021, trois ans seulement après son arrivée, il y signait son contrat professionnel. Talay déroule : « Avec mon staff, on l’a repéré assez rapidement chez les jeunes. Il ne payait pas de mine, car très petit et frêle, mais il avait de la maturité dans son jeu. Il se faisait bousculer, mais résistait toujours aux chocs. » De son côté, Ben assure que cette résistance, tant mentale que physique, est surtout due à son éducation sportive : « Les tournois de golf que j’ai disputés plus jeune m’ont appris à gérer la pression. Avoir pratiqué un sport individuel très jeune m’aide encore aujourd’hui à gérer les temps forts et faibles. » Pour le journaliste Michael Burgess, cette approche collective du football « lui a surtout permis d’équilibrer son rapport à la pression, alternant entre réflexion individuelle et appui sur les coéquipiers ».

Passeur, gaucher, Ben Old joue donc sur ses qualités, sans « s’inventer de style de jeu » glisse Ufuk Talay. « Il est très à l’aise sur son couloir, en aimant entrer dans l’axe. C’est d’ailleurs pour cela qu’il évolue derrière l’attaquant, car ce n’est pas vraiment un joueur de débordement, mais de provocation vers le but. Et son gabarit réduit favorise également son apport dans la surface, car il évite facilement les duels et quand il n’y parvient pas, obtient la faute. »

Chargé d’amener le but plus que de le marquer, Ben Old a donc visiblement capitalisé sur ce qu’il savait faire. Au grand bonheur des Verts, partis fouiner dans le Pacifique pour le dégoter. Dans son pays, les espoirs sont d’ailleurs grands, puisque cette génération Z – récemment vainqueur de la Coupe d’Océanie, avec Old dans ses rangs – est considérée comme l’une des plus prometteuses depuis l’avènement des illustres Chris Wood ou Winston Reid, une décennie auparavant. « Aujourd’hui, si le rugby reste notre sport phare, il est pratiquement rejoint par le football en matière de licenciés, détaille Burgess. Et si l’on va encore plus loin, lors de notre première participation à la Coupe du monde, en 1982, la moitié de l’effectif était née au Royaume-Uni (11 joueurs sur 22). Actuellement, il doit y avoir deux ou trois joueurs seulement nés à l’étranger. Vous saisissez la progression ? »

Ce travail de formation, l’Océanie en bénéficie donc doucement. Bien aidée par la mise en avant de l’Australie, dont la présence régulière en Coupe du monde et l’émergence de joueurs dans les grands championnats, a titillé la curiosité des recruteurs, n’hésitant plus à élargir leur champ de vision au cousin néo-zélandais. Ben conclut : « C’est une fierté pour nous de voir que les joueurs qui composent notre sélection sont nés et formés en Nouvelle-Zélande. Que ce soit moi en Ligue 1, ou Libe en Serie A (Liberato Cacace, Empoli), nous avons une magnifique génération qui naît. Avec la Coupe du monde 2026 en ligne de mire. » En attendant de (re)visiter l’Amérique, Ben Old doit d’abord terminer sa conquête française. Les voyants sont au vert.

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Par Adel Bentaha

Tous propos recueillis par AB.

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