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Laurent Nicollin, le copinage jusqu’à l’indigestion
Montpellier est l’un des clubs qui souffre le plus de l’actuelle crise des droits TV en Ligue 1, mais Laurent Nicollin continue de soutenir Vincent Labrune contre vents et marées. Pour voler à son secours, le président du MHSC s’est même fendu d’une déclaration controversée où il invite les Français à se priver d’un restaurant pour payer l’abonnement à DAZN.
Montpellier fête, cette année, les 50 ans de présidence du clan Nicollin. Louis, puis Laurent, ont mené la barque pailladine au plus haut sommet du football français entre plusieurs tempêtes passées en buvant quelquefois la tasse. Ça suffit pour s’ériger en club familial par excellence. Désormais empêtré dans le ventre mou, le MHSC revoit ses ambitions à la baisse, au point de n’avoir réalisé aucun transfert durant ce mercato estival, et la crise actuelle de la Ligue 1 autour des droits TV ne devrait pas lui faciliter la tâche. S’il est l’un des clubs les plus en danger en cas d’éventuelle implosion, Laurent Nicollin ne semble pas plus inquiet que cela.
Cette semaine, alors que les candidats pour succéder à Vincent Labrune à la tête de la LFP se multiplient, le président montpelliérain a répété son soutien au président en poste à tous les médias qui lui ont tendu un micro. Dans les colonnes du Parisien, jeudi, il a indiqué que son ami était toujours « l’homme de la situation », pointant son travail lors de l’épisode Mediapro et celui du Covid, tandis que dans celles de L’Équipe, il demande à « ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ». Même lorsqu’on prône le management à l’ancienne, le copinage a parfois ses limites, car si Montpellier doit autant se serrer la ceinture, c’est aussi à cause de la mauvaise gestion financière de la Ligue ces dernières années.
La Grande Bouffe
Au-delà du jeu politique auquel aucun dirigeant du championnat n’échappe, Laurent Nicollin a défrayé la chronique au moment d’évoquer le prix des abonnements proposés par DAZN. Pour voir huit matchs de Ligue 1 chaque week-end, avec un traitement pas encore optimal, les téléspectateurs doivent débourser entre 30 et 40 euros par mois, auxquels il faut ajouter au moins 15 euros pour regarder celui diffusé sur beIN Sports. Après avoir fait pleurer dans les chaumières en demandant « d’arrêter le DAZN bashing », le président du MHSC est allé plus loin en culpabilisant les personnes réticentes à payer autant : « S’abonner est vital pour l’économie des clubs, s’ils arrivent à 1,5 million d’abonnés, les clubs toucheront une prime collective de 50 millions d’euros. » Ainsi, l’argent pourrait servir à contribuer à une masse salariale montpelliéraine étonnamment haute par rapport au chiffre d’affaires annuel. La saison dernière, selon L’Équipe, six joueurs touchaient plus de 100 000 euros par mois, dont Yann Karamoh, prêté six mois par le Torino, et ses douze matchs de Ligue 1.
« 30 euros, c’est le prix d’un restau un vendredi soir. Donc cela fait un vendredi dans le mois, sur quatre, où tu ne vas pas au restau pour te payer ton abonnement DAZN. Voilà ma comparaison. Tout est proportionnel », a argué Laurent Nicollin dans son interview du jour. Le garant des valeurs familiales du football français verse donc dans un discours capitaliste de base. Inutile que le peuple veuille des jeux, s’il préfère encore le pain de ses quatre sorties au restaurant par mois. C’est bien connu, le Français est attaché à sa gastronomie plus que quiconque, en témoigne un sondage publié en juin montrant que quatre personnes sur dix assuraient manger en dehors de chez elles au moins une fois par mois. Pour autant, penser que le téléspectateur moyen de la Ligue 1 se rend chaque vendredi dans un restaurant relève de la déconnexion. Un an avant la prise de fonction de Loulou Nicollin, le film La Grande Bouffe de Marco Ferreri provoquait un tollé en dépeignant les excès de la société de consommation. En grand adepte de la tradition, Laurent ne voulait peut-être que la perpétuer en lançant ce nouveau scandale culinaire.
Par Enzo Leanni