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Paulo Fonseca à l’épreuve de John Textor
Au lendemain du licenciement de Pierre Sage, l’OL a foncé sur Paulo Fonseca. Attirer un entraîneur libre de ce calibre est une sacrée opportunité, mais réussir à Lyon ne sera pas chose aisée. Si les résultats et la qualité de jeu peuvent suivre, sa relation avec John Textor peut être bien plus houleuse.
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Après avoir dominé de la tête et des épaules la première période, l’OL est retombé dans ses travers et a été rattrapé sur le gong par le FC Nantes (1-1), dimanche. Sans l’arrêt de Lucas Perri dans le temps additionnel, les Lyonnais auraient même laissé échapper le point du nul, mais ça n’a pas suffi pour sauver Pierre Sage, limogé moins de 48 heures plus tard. Dans la tête de John Textor, le processus était clair puisqu’il n’a pas attendu bien longtemps pour faire signer Paulo Fonseca, après avoir fait le forcing depuis de long mois.
Dans la tête de l’homme d’affaires, celui qui a permis au club de remonter de la dernière à la sixième place de Ligue 1, qui menait jusque-là une campagne de Ligue Europa de très bonne facture, cinquième provisoirement qualifié directement pour les huitièmes, tout en restant à quatre points du podium en championnat, n’a jamais été plus qu’un intérimaire. Tout en prolongeant Sage jusqu’en 2026, il souhaitait attirer Paulo Fonseca, que ce soit à Lyon ou à Botafogo, mais n’avait jamais su le charmer suffisamment. Il aura donc fallu une expérience ratée sur le banc de l’AC Milan où, en six mois, le Portugais n’a jamais réussi à mettre en place son jeu ni à gagner moche, laissant le club à la huitième place après son licenciement.
Textor a usé 21 entraîneurs
Cette courte pige n’a visiblement pas écorné son image auprès de John Textor. Il faut dire que son CV reste plutôt bien garni avec des passages bien plus réussis au SC Braga, au Shakhtar Donetsk, à l’AS Roma ou encore à Lille. Hormis au Portugal, il est resté entre deux et trois saisons dans les autres clubs, et ses échecs à Porto (éjecté après neuf mois en 2013-2014) et Milan prouvent qu’il a besoin de temps pour arriver à ses fins. Que John Textor en prenne de la graine, lui qui a déjà usé quatre coachs (dont un intérimaire) à Lyon en une saison et demie, huit à Botafogo (dont un intérimaire), quatre à Molenbeek depuis 2022 et cinq (dont deux intérimaires) à Crystal Palace depuis 2021. « Alors, en quoi est-ce un manque de stabilité ? C’est une course folle, mais n’est-ce pas un divertissement sportif ? On ne s’amuse pas ? Moi, je m’amuse », s’est justifié le multipropriétaire, mardi, dans un entretien à l’AFP.
Fonseca va-t-il s’amuser lorsqu’il va voir son effectif bouger dans les grandes lignes durant le prochain mercato estival ? Lorsque le marché des transferts est ouvert, rien ne va plus à l’OL et ce n’est pas Pierre Sage qui va dire le contraire avec cinq défaites, deux nuls et seulement une victoire, laborieuse face à Montpellier (1-0), en Ligue 1 lors des trois fenêtres de mercato qu’il a affrontées. D’après L’Équipe, le Jurassien s’est attiré les foudres de John Textor en refusant de l’écouter sur certains principes de jeu ou en donnant trop peu de temps de jeu à certaines recrues, dont Wilfried Zaha ou Adryelson. Paulo Fonseca n’est pas non plus du genre à se laisser marcher sur les pieds et il l’avait fait savoir à Olivier Létang quand il jugeait que le président lillois intervenait trop dans la préparation des matchs. À Milan, Zlatan Ibrahimović, conseiller principal du propriétaire Gerry Cardinale, s’était aussi invité dans le vestiaire et avait finalement eu le dernier mot sur l’entraîneur.
Un jeu proche de celui de Sage
Pour prendre l’ascendant dans la relation avec Textor, Fonseca va devoir compter sur son principal atout : sa philosophie de jeu. « Nous avons relativement mal joué par rapport à notre potentiel », a clamé le président après avoir viré Sage. Mais à quoi s’attend-il avec le Portugais ? Ce dernier s’inscrit effectivement dans la même ligne que son prédécesseur, si bien que le Français s’était délecté de l’interview dans les colonnes de So Foot de celui qui allait lui prendre sa place deux ans plus tard. Cruel, mais symptomatique d’une idée commune autour du 4-2-3-1, de la construction depuis l’arrière ou du jeu de position masquant à peine leur admiration pour Pep Guardiola.
Magnifique interview de @PFonsecaCoach dans So Foot, à lire absolument... pic.twitter.com/TUCLBx5Woc
— Pierre Sage (@Pierre__Sage) February 4, 2023
John Textor peut donc se targuer de faire un choix rationnel basé sur la conservation d’une identité de jeu avec, en plus, un entraîneur plus expérimenté et capable de répéter des prestations abouties tous les trois jours, quand Pierre Sage a parfois vu son équipe délivrer des matchs plus brouillons. Disons surtout qu’il provoque une nouvelle fois une instabilité dont l’OL se serait bien passé. Paulo Fonseca, qui emmène quatre adjoints, remplaçant quatre autres hommes du staff précédent, aurait très bien pu arriver à la fin de la saison afin de commencer son aventure sur des bases plus stables et sereines. Le vestiaire et les tribunes, assez largement acquis à la cause de l’entraîneur qui a fait des miracles tout au long de l’année 2024, risquent de ne pas lui pardonner le moindre faux pas alors qu’il n’est pas responsable du timing de son arrivée. En cas de mauvaise passe et de quelques matchs sans victoire, le Portugais sera de toute façon menacé par son président, capable d’oublier très rapidement qu’il a remué ciel et terre pour le faire venir peu de temps avant.
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