Une semaine après son succès au Vélodrome, Lens a retrouvé le chemin de la victoire à Bollaert, en s’imposant contre le Stade rennais (1-0). Les Sang et Or peuvent encore croire à l’Europe, qui n’est qu’une chimère pour les Bretons.
Lens 1-0 Rennes
But : Said (47e)
On ne vient jamais pour rien au stade Bollaert. Même quand le TGV au départ de gare du Nord à 15h48 décide de ne finalement pas desservir la gare de Lens à quinze minutes de l’arrivée et que le TER de secours reste à quai 30 minutes de plus à Lille Flandres. Même quand il y a un match du XV de France un poil plus important à la même heure. Même quand il fait un froid de canard qui ne laisse pas deviner que le printemps approche et qu’on n’assiste pas à la rencontre de la saison ni du week-end. Les supporters lensois ne sont pas venus pour rien, non, puisqu’ils ont enfin pu voir leurs protégés gagner à la maison après trois revers d’affilée. Quatre à la suite, cela aurait été une première depuis 2011, mais le Stade rennais, victime expiatoire des Sang et Or depuis dix ans tout pile (le dernier succès rennais contre Lens remonte à février 2015), s’est couché pour laisser les locaux respirer et confirmer après les trois points ramenés de Marseille.
Le spectacle en tribunes
Heureusement qu’il y avait l’odeur des frites sur la route du stade et surtout les tribunes pour s’occuper lors d’une première demi-heure assez affligeante techniquement. Un match du ventre mou, un vrai, et un hommage à coups de banderoles et de chants pour soutenir Will Still et sa compagne. C’est ça aussi, le foot et la Ligue 1. Il y aura eu un peu moins d’amour pour Brice Samba, de retour dans son ancienne maison deux mois après son départ mal digéré et sifflé à chaque ballon touché. C’est comme si le gardien aimait ça : il a souvent pris le temps avant de lâcher la chique, abusant encore et toujours de relances dangereuses. Les messages destinés à l’international français et à son copain Seko Fofana, suspendu pour accumulation de cartons jaunes, sont en tout cas passés : «Un capitaine qui lâche le groupe en pleine saison, un actionnaire qui joue pour un autre club, le football moderne nous donne la gerbe.»
« Un capitaine qui lâche le groupe en pleine saison. Actionnaire qui joue pour un autre club. Le football moderne nous donne la gerbe. » Les banderoles déployées en Marek et une partie du stade a applaudi. #RCLens#RCLSRFCpic.twitter.com/fF2rD08vqj
Celui proposé sur le terrain n’a pas vraiment donné envie de ravaler son vomi, dans un premier temps. Les Lensois ont eu les meilleures approches au départ, notamment par Florian Sotoca (14e, 21e) et Wesley Said (28e). Puis, les Rennais ont gagné les duels, récupéré des ballons plus haut et signé quelques tirs de chaton (Arnaud Kalimuendo, Adrien Truffert). Le seul geste frisson, une madjer victorieuse de Kalimuendo sur un centre à la limite de la ligne de sortie de Mikayil Faye… mais un but refusé par Stéphanie Frappart après trois minutes de flottement et consultation de la VAR, où elle a signalé une mimine de l’attaquant au départ de l’action (36e). Les quelques supporters rennais dissimulés en tribunes lensoises ont pu se rasseoir et partir à la recherche de leurs casquettes et de leurs écharpes attrapées par des locaux. Les Bretons ont fini plus fort, Lorenz Assignon réclamant un penalty après un léger accrochage avec Juma Bah (43e), et Djaoui Cissé tentant de refaire le même coup qu’à Montpellier (45e+2).
La libération de Said et d’un stade
À Bollaert, la pause clope ou pipi ne dure jamais trop longtemps. Tout le monde ou presque est revenu pour les Corons et, coup double, pour assister à l’unique but de la partie. Il est arrivé moins de deux minutes après la reprise, Wesley Said semant Cissé pour couper le corner de Neil El Aynaoui de la tête au premier poteau, Samba ayant anticipé un centre plus long (1-0, 47e). Il ne fallait pas compter sur le buteur lensois pour céder à la mode ridicule de ne pas célébrer un pion contre son ancien club : le bonhomme n’avait plus marqué depuis le mois d’août et il a bien fêté ça. Il a même cru au doublé dans la foulée, mais Mbala Nzola était hors jeu et le speaker a rangé son micro (50e). Il se trouve que les Rennais sont revenus la tête à l’envers, dépassés dans les duels et mangés tout cru jusqu’à l’heure de jeu. Samba a sauvé les meubles sur une minasse de Sotoca (60e), et les visiteurs ont cherché à sonner la révolte, timidement, Faye donnant du boulot à Mathew Ryan (60e) et Assignon croquant deux balles d’égalisation (61e, 70e). Les Rennais étaient soit trop courts, soit trop imprécis et ils n’auront jamais vraiment laissé croire à un retour, avec ce bilan statistique révélateur : ils n’ont pris que 8 points sur 54 possibles contre les 11 premiers au classement dont ils ne font pas partie. Ils sont aussi 10 points derrière ce RC Lens, qui peut encore rêver d’Europe et d’une fin de saison excitante. On ne vient jamais pour rien à Bollaert.
