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PSG champion : Douze France
À la suite de la défaite de Monaco à Lyon ce dimanche soir, le PSG est sacré champion de France pour la douzième fois de son histoire. Un couronnement marqué par une gestion parfaite de l’effectif rouge et bleu de la part de son maestro, Luis Enrique, et qui peut annoncer une fin de saison historique.
À la base, personne n’attendait grand-chose de cette saison 2023-2024 du PSG. Cet été, Neymar, Lionel Messi ou encore Marco Verratti ont quitté la Ville Lumière après une saison éprouvante à tous points de vue. Kylian Mbappé a longtemps, lui aussi, failli suivre et s’envoler pour le Real Madrid avant de finalement rester un an de plus. Le projet ? Repartir de zéro, encore une fois, avec un nouveau coach et encore plus de nouveaux joueurs. Début juillet, Luis Enrique débarquait au centre d’entraînement de Poissy avec, dans sa valise, une pile de nouvelles têtes. Certains, comme Randal Kolo Muani ou Bradley Barcola, sont arrivés dans les dernières heures du mercato. La mayonnaise a mis un peu de temps à prendre, et la défaite face à l’OGC Nice au Parc des Princes en septembre, couplée quelques semaines plus tard au naufrage à Newcastle en Ligue des champions, avait semé un doute : et si l’ancien coach du Barça fonçait dans la mauvaise direction ? Personne n’imaginait alors que le revers face aux Aiglons serait le seul en Ligue 1 jusqu’à la fin du mois d’avril, et surtout qu’à ce moment-là de l’année, le PSG serait champion de France, qualifié en demi-finales de Ligue des champions ainsi qu’en finale de la Coupe de France. Un sans-faute qui doit beaucoup au management du coach espagnol (et aussi à la faiblesse de la concurrence).
La fin des statuts
Cela peut paraître anecdotique, étant donné l’écrasante puissance financière du club de la capitale sur le reste de la Ligue 1, mais cela faisait un petit moment que Paris n’avait pas abordé le cœur du printemps avec les dents qui rayent le parquet. Et si, contrairement aux années précédentes, les guiboles n’ont pas flanché, même après la décevante défaite face au FC Barcelone en quarts de finale allers de la Ligue des champions (2-3), c’est peut-être aussi car la pression, Luis Enrique en a bu une bonne partie. Dès sa première conférence de presse début juillet, Lucho dédramatisait immédiatement le contexte d’une saison au Paris Saint-Germain rythmée par les performances européennes. « J’adore cette pression ! J’adore cette mission, c’est quelque chose de magnifique. Il y a des dizaines d’équipes du même niveau qui ont ce même rêve. Certaines ont déjà des expériences plus grandes que la nôtre, mais ce n’est pas parce qu’ils ont plus d’expérience qu’on ne peut pas arriver à leur niveau. La Ligue des champions, c’est presque “injuste” parce qu’il suffit de faire un mauvais match pour sortir de la compétition, mais ce n’est pas une excuse. Être ambitieux, c’est une chose très positive. »
Cette capacité à absorber les ondes négatives a également porté ses fruits dans le dossier Mbappé, qui aurait pu totalement pourrir une saison parisienne placée sous le signe du renouveau, et qui a finalement normalisé un truc tout bête dans le foot : savoir ménager ou sortir son meilleur joueur lorsqu’il n’est pas bon. Un concept devenu presque étranger au Paris Saint-Germain depuis quelques années où Mbappé, Messi et à un degré moindre Neymar possédaient un totem d’immunité qui condamnait automatiquement leurs partenaires à faire parfois les frais de leurs propres errances. En plaçant le collectif au-dessus de tout – en apparence du moins et bien aidé par l’appui d’une direction enfin disposée à soutenir son coach plus qu’à le contraindre –, Enrique est parvenu à installer une rotation qui porte aujourd’hui ses fruits et à faire confiance au réservoir de la formation parisienne (Senny Mayulu, Yoram Zague et Ethan Mbappé ont notamment été lancés dans le grand bain).
Des idées pour une année historique ?
Hormis le contre-exemple Layvin Kurzawa, qui n’a disputé que huit minutes au total cette saison, tout le monde a été concerné. Si quelques joueurs ont eu des périodes plus ou moins heureuses, à l’image de Manuel Ugarte, Randal Kolo Muani ou Nordi Mukiele aujourd’hui mis sur la touche, il est indéniable que beaucoup ont su tirer profit de cette nouvelle ère. Au rang des satisfactions : Vitinha s’est imposé comme un milieu de terrain de premier plan au niveau européen, Bradley Barcola a passé un cap, tout comme Warren Zaïre-Emery, et Gonçalo Ramos s’est mué semaine après semaine en redoutable attaquant de surface. Il y a aussi eu un nombre incalculable d’expérimentations tactiques qui ont rendu ce PSG-là beaucoup plus imprévisible que le fameux « 7+3 » que Paris affichait souvent malgré lui ces dernières saisons. Pêle-mêle : l’incorporation d’Achraf Hakimi au milieu, le rôle tantôt axial tantôt sur un côté d’Ousmane Dembélé, Marco Asensio utilisé parfois en faux neuf… Un turn-over incessant où il a parfois tâtonné, tout en étant quand même souvent dans le vrai.
La preuve, les résultats lui donnent raison. Le PSG a progressé tout au long de l’année, au point d’afficher peut-être son plus beau visage à l’approche du sprint final. Une dernière ligne droite où les partenaires de Marquinhos peuvent encore réaliser un quadruplé historique. Il faudra pour ça battre l’OL en finale de la Coupe de France le 25 mai, un trophée qui lui est historiquement favorable, mais qui lui échappe pourtant depuis trois ans, puis se défaire du Borussia Dortmund pour ensuite aller gagner cette fameuse finale de la Ligue des champions à Londres, le 1er juin prochain. Un scénario qui confirmerait un adage connu de tous : comme en amour, c’est parfois en arrêtant de chercher que ça nous tombe dessus.
Par Andrea Chazy