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Ligue 1 : le complexe du multiplex
Ce mercredi, la LFP a décalé la dernière journée de championnat du samedi 18 au dimanche 19 mai, et ce, à trois semaines de cette échéance. Un énième coup de couteau planté dans le dos des supporters qui, pour beaucoup, voient tous leurs plans chamboulés et font office de victimes collatérales.
Il y a les mythiques interdictions de déplacement. Il y a les légendaires huis clos – partiels ou non. Mais pour vider ses stades, la Ligue de football professionnel compte également un autre atout, dont elle a fait usage ce mercredi en rebasculant toute une journée de Ligue 1, la 34e et dernière, prévue le samedi 18 mai et placée contre toute attente le dimanche 19. Grand cauchemar des supporters, la reprogrammation de matchs se fait plus rare, mais n’en est pas moins tout autant vicieuse. Avant de « réaménager » cette J34 via un communiqué compendieux, la LFP avait déjà fait la même chose avec le multiplex de la 33e journée, passé du samedi 10 au dimanche 11 mai afin d’aérer le calendrier des clubs français engagés en demi-finales de coupe d’Europe.
Aménagements de la 33ᵉ et de la 34ᵉ journée de @Ligue1UberEats.
Communiqué 📝 ⬇️https://t.co/NbvFmiPLck
— Ligue de Football Professionnel (@LFPfr) April 24, 2024
L’OM et le PSG, dont on avait déjà reporté de dix jours les rencontres de la J32 (respectivement contre Reims et Nice) pour leur laisser une semaine de repos entre les deux confrontations européennes (face à l’Atalanta et Dortmund), auront en plus davantage de temps pour souffler avant d’attaquer l’avant-dernière journée de championnat. Et, effet boule de neige ou non, on a donc calqué la dernière journée sur la précédente, en la balançant le dimanche elle aussi. Un casse-tête qui pourrait s’avérer bénéfique pour l’indice UEFA français et le palmarès du football tricolore (on a le droit de rêver), mais qui l’est beaucoup moins pour ceux qui font vivre notre championnat : les supporters.
Les supporters, « la dernière roue du carrosse »
Beaucoup avaient déjà tout prévu et réservé, pour cette 34e journée. « Ce déplacement à Monaco, on a commencé à en parler quand le calendrier de début de saison est sorti, et commencé nos réservations en novembre, raconte Kevin, suiveur du FC Nantes avec son groupe Esprit Canari. On était censés être seize, et avec ce changement de date, quelques-uns vont rester sur le carreau. On est bien affectés, c’est toute une organisation à refaire, ça n’est pas simple. Ça devient un peu lassant. La LFP, c’est l’ennemi des supporters. Ils sont là pour le business, pour leur programmation. Les supporters, c’est la dernière roue du carrosse. »
Aux six coins de l’Hexagone, le week-end des supporters de nos clubs se retrouve ainsi bousculé. Pierre, aficionado montpelliérain : « Je vais quand même y aller, ça va me coûter une nuit de plus, et je vais devoir repayer un billet de train. Tout ça va me revenir à plus de 200 euros. Et encore, j’ai des potes qui ne peuvent carrément plus venir, car ils ne peuvent pas décaler leurs jours. C’est le dernier match de l’année, après on n’a plus de déplacement jusqu’à août septembre. Pour les autres journées, je ne prends jamais les billets en avance. Mais celle-ci, c’est vraiment la journée pour laquelle on est sûrs de la date, ça permet de prendre des billets pas chers plusieurs mois à l’avance. » Car de manière générale, tout au long de la saison, instances et diffuseurs ne communiquent le programme des matchs qu’un mois à l’avance, si ce n’est moins.
Merci bien à la pire ligue de football d'Europe. Préparer un déplacement à l'autre bout de la France pour plusieurs centaines d'euros.@LFPfr on fait comment mtn? https://t.co/qxSudXsR2i
— 🇾🇪NissaOnly🇾🇪 (@433inoffensif) April 24, 2024
Pour certains, même le report d’une rencontre à domicile peut être chiant : tombé amoureux de l’OL pendant ses études dans la capitale des Gaules, mais aujourd’hui basé à Rouen, Benjamin prend le train toutes les deux semaines pour honorer la carte d’abonné au Groupama Stadium à laquelle il a souscrit en début de saison. « La dernière journée, c’est toujours le samedi soir, toujours fixé des mois avant. Comme ça coûte cher, je prends les billets non modifiables. En plus, la LFP avait publié il y a quelques semaines un communiqué pour confirmer que la 34e journée avait bien lieu le samedi soir. Je vais devoir prendre un autre billet de train. Je perds quand même 50 balles. Au dernier moment comme ça, ça ne m’était jamais arrivé. » Pierre, lui, peste aussi contre la volonté de la LFP de systématiquement bouleverser l’agenda en fonction des résultats européens, depuis plusieurs semaines : « Cette journée, je ne me serais jamais dit qu’elle allait bouger. Ils sont tombés dans un engrenage infernal. » Ce n’est bien évidemment pas la première fois que l’on trahit les supporters de la sorte. Et ce ne sera évidemment pas la dernière.
Par Jérémie Baron
Tous propos recueillis par JB