- Ligue 1
Ligue 1 : l’année des gardiens ?
L’attractivité de la Ligue 1 a pris un joli coup de boost grâce aux portiers, cet été. À l’image de Gianluigi Donnarumma, Pau López ou Alexander Nübel, le poste de gardien de but continue en effet de faire des émules durant ce mercato. Mais si le championnat tend à profiter de ces arrivées internationales, le réservoir franco-français semble quant à lui en pâtir saison après saison.
Le paradoxe est, une nouvelle fois, venu secouer notre chère Ligue 1 durant l’été. Embourbé dans un marasme économique sans précédent, mêlé de crise des droits TV et de l’instabilité chronique de ses clubs, le championnat semblait voué à patauger dans la boue. Pourtant, le mercato est venu rappeler que le terrain restait le seul maître à bord du navire, même en période de tempête. Preuve en est, le nombre impressionnant de bons joueurs ou de talents en devenir venus grossir les rangs des écuries françaises. Parmi ces recrues, des gardiens de but de choix, internationaux et au sang neuf salvateur.
Concurrence ou problème de riche ?
Le 14 juillet dernier, le Paris Saint-Germain officialisait l’arrivée de Gianluigi Donnarumma. Une signature attendue depuis près d’un bon mois pour le meilleur joueur de l’Euro, et une arrivée en trombe apportant avec elle le sceau d’une réussite déjà bien présente sous l’égide de Keylor Navas. Car le transfert de « Gigio » , favorisé par les connivences entre Leonardo et Mino Raiola, témoigne de la volonté du renouvellement quasi immédiat vendu par Paris en dépit des performances du Tico. Depuis son arrivée à l’été 2019, Navas est effectivement devenu l’un des rouages principaux du système PSG. En pleine force de l’âge du haut de ses 34 ans, ses 85 % d’arrêts réussis (80 % en Ligue des champions) ont permis à Paris de tutoyer les sommets. Un argument visiblement insuffisant pour la direction parisienne, bien décidée à mettre toutes les chances de son côté, quitte à voir ses deux remparts se tirer la bourre. Un duel finalement bienvenu pour la Ligue 1, mais assurément pas pour le Costaricain. Qui s’apprête à ressasser un film déjà vécu avec Thibaut Courtois, lequel aura eu raison de son aventure au Real Madrid.
Cette stratégie de la performance par la concurrence semble, ainsi, avoir séduit les autres cadors du championnat. Une refonte complète, pour des institutions désireuses d’améliorer un cercle vertueux en perte de vitesse. Premier candidat, l’Olympique de Marseille. Malgré un Steve Mandanda toujours solide, Pablo Longoria a misé sur son jeune compatriote Pau López. Arrivé en prêt payant de la Roma (720 000 euros) et en quête de rebond après plusieurs mois compliqués, le joueur de 26 ans souhaite s’inscrire dans la durée à l’OM. Une option d’achat obligatoire de douze millions d’euros sera d’ailleurs activée, si le Catalan numéro un dispute plus de vingt matchs avec les Phocéens.
L’importation, ça a du bon
Un schéma de mise en concurrence auquel n’échappe pas l’AS Monaco, dont la qualification en C1 a revu les objectifs à la hausse. Auteur d’une belle saison sur le Rocher, Benjamin Lecomte sera donc à son tour confronté à cette dualité aux côtés d’Alexander Nübel, grand espoir de l’arrière-garde allemande. Annoncé comme l’héritier de Manuel Neuer, le gardien de 24 ans sort d’une expérience manquée au Bayern Munich (quatre matchs disputés) et débarque à l’ASM avec une garantie de temps de jeu bien établie. Pas à pas, les ambitions sportives semblent finalement prendre le dessus sur les prérogatives individuelles, faisant fi des statuts de titulaires indiscutables propres à ce poste.
Cet afflux de gardiens de but étrangers (l’Olympique lyonnais est également en négociations avec André Onana) tend à rappeler les incertitudes entourant l’efficacité du vivier français. En effet, derrière les favoris pour le podium, nombreux sont les clubs a avoir opté pour un recrutement ces dernières années. Walter Benítez à l’OGC Nice, Alfred Gomis à Rennes, Matz Sels à Strasbourg ou encore Predrag Rajković au Stade de Reims sont autant de noms et d’excellents portiers témoignant de ce creux générationnel que rencontre le championnat.
Le réservoir grippé
Difficile, dans ces conditions, de trouver un prétendant aux Bleus au sein du championnat. Mike Maignan, successeur légitime d’Hugo Lloris, a ainsi préféré s’envoler pour l’AC Milan quand Illan Meslier – son back-up désigné – a choisi de s’installer à Leeds depuis deux ans maintenant. Que reste-il, alors, de la formation locale ? Chez les prétendants, les têtes d’affiche sont déjà connues. La confirmation de leur talent indéniable tarde cependant à arriver. Annoncé comme une belle promesse durant ses débuts à Toulouse, Alban Lafont en est une illustration. Son départ à la Fiorentina à l’été 2018 présageait à ce titre d’un bel avenir, mais force est de constater que son arrivée à Nantes a mis un sérieux frein à sa progression, entre lutte perpétuelle pour le maintien et pression d’une équipe en galère. Trajectoire légèrement différente pour Paul Bernardoni qui, outre un cadre sportif stable, stagne depuis quelques années.
Titulaire dans toutes les sélections de jeunes et actuellement présent aux JO, l’Angevin semble avoir du mal à casser ce plafond de verre, l’empêchant de postuler dans un club du Top 5 national. Lui qui a atteint la limite d’âge chez les Espoirs arrive désormais à un tournant majeur d’une carrière courte, mais déjà riche en expérience. Autre figure notable : Gautier Larsonneur. Indiscutable à Brest bien que manquant parfois de concentration, le Breton a notamment été remis en cause cette saison par son entraîneur Olivier Dall’Oglio, ce dernier lui reprochant un trop-plein de confiance. Dernier élément d’une liste peu convaincante, Etienne Green. Auteur d’une fin de campagne brillante avec l’ASSE, le Vert pourrait être la surprise à même de mettre fin à cette disette peu glorieuse. Si le Mondial 2022 semble déjà promis à Lloris, l’Euro 2024 en Allemagne entamera donc un nouveau chapitre dans la vie des gardiens de but français. Une aventure à préparer dès à présent, et dont la Ligue 1 rêve d’être la rampe de lancement.
Par Adel Bentaha