- Ligue 1
- J4
- OL-PSG
L’OL de 2002-2003 était-il beaucoup plus fort que celui de 2023 ?
Après l'horrible match nul obtenu à Nice le week-end dernier (0-0), Corentin Tolisso a clamé que cet OL-là n'était pas celui de 2002-2003. Alors, on est allé demander à quelques joueurs de cette époque ce qu'ils pensaient de leurs successeurs et de l'état du club.
Le casting :
Éric Deflandre : 126 matchs à l’OL entre 2000 et 2004, trois fois champion de France à Lyon.
Philippe Violeau : 269 matchs à l’OL entre 1997 et 2003, trois fois champion de France à Lyon.
Frédéric Née : 38 matchs à l’OL entre 2001 et 2003, deux fois champion de France à Lyon.
À l’époque, auriez-vous célébré un point pris sur la pelouse du stade du Ray ?
Éric Deflandre : Oui, franchement ! Aller prendre des points à Nice, ce n’était jamais évident. Même à notre période. Que ce soit à Nice ou Marseille, c’est un contexte particulier. On n’est jamais allé en déplacement en se disant que ça allait être facile. Un bon point à Nice, c’était toujours bon à prendre !
Philippe Violeau : Nice, ça n’a jamais été des déplacements faciles pour l’OL. Même si, à cette période-là, on était en pleine progression, on avait besoin de confirmer ce qu’on avait montré. Il fallait qu’on reste humble, et on ne pouvait pas dire qu’on allait gagner dans tous les stades de France. On n’avait pas cette prétention.
Frédéric Née : Aujourd’hui, prendre un point c’est bien. Après, vu de l’OL, c’est sûr que tout le monde s’attend à mieux. Actuellement, c’est le PSG qui est devant et il ne se serait pas contenté d’un point. Lyon a des difficultés, et je comprends Corentin (Tolisso). Prendre un point à Nice qui est un potentiel européen peut être le début de quelque chose. Derrière, il faut bonifier ce point en gagnant à domicile.
Quelles sont les différences avec l’équipe de votre époque ? Le groupe est moins fort, ou c’est une faillite mentale ?
Philippe Violeau : Il y a tellement d’années d’écart que c’est compliqué de comparer. Tout a changé. Je trouve qu’on est un peu sévère avec Lyon aujourd’hui. Il faut laisser un peu de temps. Ce n’est que le début de saison. Certes, c’est peut-être le pire début de saison de l’OL, mais on connaît ses ressources. On sait qu’à un moment donné, la situation va s’inverser. Ce qui s’est passé en interne n’aide pas à être serein. Aujourd’hui, il y a beaucoup de facteurs extérieurs qui troublent le sportif.
Deflandre : Je pense que les joueurs sont plus forts maintenant qu’à l’époque. Maintenant, ils font tous des choses individuellement avec le ballon. Nous, on ne le faisait pas. On était plus dans le jeu direct, on jouait et travaillait en équipe. Notre mentalité était exemplaire. Ce qui a fait la force de l’OL pendant des années, et ce qui fait la force des équipes qui vont loin, c’est la stabilité. On gardait les mêmes joueurs pendant plusieurs années. Ils se battaient tous les uns pour les autres. Après les matchs, on allait toujours manger au restaurant ou boire un verre en centre-ville. On était constamment ensemble, même après l’entraînement.
Née : Aujourd’hui, l’OL, ce n’est plus le même contexte. Ils sortent d’une saison difficile. Ils ont de grosses individualités dans le groupe, mais il manque d’un ensemble collectif. Nous, on était une équipe collective. Avec certaines individualités, c’est sûr, mais il y avait un certain état d’esprit. Le président avait envie de gagner des titres et ça nous poussait. Aujourd’hui, les individualités sont peut-être plus fortes qu’à notre époque.
Quels conseils donneriez-vous à la génération actuelle ?
Deflandre : Il faut travailler, mais il faut surtout avoir un bon rapport au sein du groupe. Devenir une famille. Quand j’étais à Bruges, c’était très familial. Quand j’étais à Lyon, c’était très très familial. Et puis surtout, il faut de la stabilité. Dès que tu fais six bons mois, il ne faut pas vouloir partir à tout prix et viser trop haut. Il faut rester au moins deux, trois ans dans un club pour être au top. Mais ça, c’est au président de réagir. Je ne parle pas forcément que de (Bradley) Barcola ! En six mois tu n’as pas le temps de forger des liens et tu joues ta petite carte personnelle. Nous, on avait vraiment envie de défendre les couleurs du club. On n’avait pas en tête de partir.
Née : Il faut qu’ils trouvent un sens collectif dans leur jeu. Il faut qu’ils se renforcent mentalement et qu’ils trouvent un but commun. La moindre défaillance mentale se paie cher aujourd’hui. Est-ce que tout le monde tire dans le même sens ? Je ne sais pas. Les joueurs comme Corentin, Anthony (Lopes) et Alexandre (Lacazette) doivent essayer de l’insuffler auprès des autres.
Violeau : Je pense qu’ils sont super bien encadrés. Ils doivent se faire confiance mutuellement. Pas mal d’entraîneurs aimeraient avoir une équipe comme ça à coacher. Du côté du staff technique, je doute qu’il y ait un problème.
Vous avez sûrement suivi la guerre entre Jean-Michel Aulas et John Textor. Qu’en pensez-vous ?
Deflandre : Aulas était un président à fond derrière son groupe de joueurs et qui nous défendait. C’est vrai qu’il n’avait pas toujours une bonne relation avec la presse parce qu’il disait tout ce qu’il pensait. Ça ne m’étonne pas ce qu’il se passe maintenant, il ne se laisse pas faire. Je trouve qu’il n’a pas tort. Avec tout ce qu’il a déjà fait pour l’Olympique lyonnais, franchement… Se faire mettre de côté comme ça, c’est sûr qu’il a dû l’avoir mauvaise.
Violeau : Je n’ai pas d’avis à donner là-dessus parce que je n’ai pas tous les tenants et les aboutissants. Jean-Michel Aulas a tout construit à Lyon, donc il sait très bien ce qu’il doit faire. Seul lui est à même de pouvoir juger, donc je n’ai pas d’avis par rapport à ça. On est sur des nouveaux modes de fonctionnement de clubs.
Née : Je n’ai pas toutes les connaissances du dossier et je n’aime pas polémiquer, mais ça me rend triste pour l’OL. Je préférerais les voir en haut du classement.
Propos recueillis par Léo Tourbe