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Ces arbitres qui cachent une forêt d'erreurs
Une nouvelle fois au cœur de la tempête, l'arbitrage français a vécu un nouveau week-end de turbulences en Ligue 1. Entre tensions internes et tentatives d'amélioration du recours à la vidéo, rien ne va plus pour les hommes et femmes en noir.
C’est une nouvelle fois l’un des principaux sujets qui ont rythmé le week-end de Ligue 1. De la colère de Paulo Fonseca au « calme » de Julien Stéphan en passant par l’incompréhension de Franck Haise, les entraîneurs du championnat ont une nouvelle fois pointé du doigt l’arbitrage, et en particulier l’utilisation de la VAR. Comme la précédente, cette 23e journée a déclenché son lot de polémiques et de débats sur l’avenir de la vidéo.
Encore un week-end agité
Cette fois, le week-end s’était lancé en douceur, loin de la tornade vécue par Clément Turpin lors de Nice-Lyon il y a tout juste dix jours, le contact dans la surface en première période sur Cheikh Sabaly lors de Metz-Lyon n’étant pas si évident que cela. L’arbitrage a pourtant fait son retour dans l’œil du cyclone dès samedi soir, après le penalty accordé à Brest face à Strasbourg alors que le ballon semblait être sorti avant la remise de Pierre Lees-Melou. Dès la fin de la partie, Canal+ affirme même que si Jérôme Brisard n’est pas revenu sur sa décision, c’est en raison d’un problème de communication avec ses assistants vidéo. Et puis dimanche, les polémiques ont été légion, du penalty non sifflé après que le Monégasque Kassoum Ouattara a marché sur le pied du Lensois Florian Sotoca, lui arrachant la chaussure (malgré l’examen des images par François Letexier) à celui – très généreux – accordé à Gonçalo Ramos dans les derniers instants de PSG-Rennes, en passant par le possible hors-jeu de Thijs Dallinga face à Lille. L’on pourrait également citer la seconde chance offerte à Reims alors que Mathieu Gorgelin s’était trop avancé pour détourner la tentative de Junya Ito, pensant sauver un point pour Le Havre.
Brest mène 3-0 à Strasbourg après un penalty sifflé pour cette main de Lucas Perrin 🫢
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— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) February 24, 2024
Autant de décisions qui ont donné lieu à des scènes lunaires, comme celle de Paulo Fonseca brandissant son téléphone devant la presse après la rencontre pour montrer le hors-jeu de l’attaquant toulousain au moment d’aller inscrire le troisième but des siens. « C’est ici. Le genou de Tiago (Santos) et le genou du joueur d’après (Dallinga). C’est vrai ! C’est la vérité ! 3-1, c’est différent de 2-1. C’est difficile. Il y a beaucoup de situations avec les arbitres en ce moment. Je pense qu’ils ont changé le match », fustigeait le Portugais, suivi par ses joueurs en zone mixte. « Ce sont des “penaltys grandes équipes” ça, ou dans certains stades, pas partout », regrettera pour sa part Julien Stéphan environ deux heures plus tard dans l’auditorium du Parc des Princes. Seule zone de répit de l’après-midi : Nice ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même pour ne pas l’avoir emporté face à Clermont.
Arbitrage against the machine
Cette situation empire chaque semaine et pose de plus en plus la question de l’utilisation de la vidéo. Voire de son utilité. « Je pense qu’il faut arrêter la VAR, puisque les arbitres ne l’utilisent pas, lâchait d’ailleurs un Franck Haise mi-sérieux, mi-ironique après la défaite contre Monaco. Évidemment que je le dis au second degré. Il y a une faute évidente, il ne fait pas exprès, mais il lui marche sur le pied. On peut revoir plusieurs fois les images, la chaussure est toujours arrachée. » Plutôt que d’y mettre fin, les responsables de l’arbitrage français réfléchiraient à en élargir le champ d’application. Toujours dans le cadre des quatre situations précisées par l’IFAB (penalty, carton rouge, but, identité d’un joueur), les hommes et femmes en noir pourraient être autorisés à décider eux-mêmes d’aller consulter les images pour conforter (ou non) leur décision. Au rayon des innovations, le serpent de mer des micros a également refait surface ces derniers jours, L’Équipe affirmant que des expérimentations pourraient être menées lors des play-off de D1 féminine.
Mais au-delà du cadre précis d’application de la VAR, ce sont aussi les conflits au sein des instances qui ont de quoi inquiéter, alors que le patron des arbitres professionnels, Stéphane Lannoy, serait de plus en plus contesté par le corps arbitral. « Si les arbitres font les conneries qu’ils font, c’est notamment parce que c’est hallucinant ce que l’on entend en stage. La ligne technique est complètement noyée. Elle fluctue au cours de la saison, témoignait un arbitre actuel du championnat dans les colonnes de L’Équipe la semaine passée. Notre quotidien, ce sont des débriefings qui sont faits en fonction du nom de l’arbitre, des arbitres plus ou moins protégés, des situations où on nous dit que l’on peut “tricher” plus ou moins avec la VAR pour protéger la décision du collègue, notamment sur les hors-jeu… Les exemples sont multiples. » Et la liste s’est encore allongée au cours des 48 dernières heures.
Le classement des effectifs de Ligue 1 les plus cotésPar Tom Binet