- Ligue 1
- J14
- Auxerre-PSG (0-0)
Léon, tueur à gages
Auteur d'une prestation exceptionnelle ce vendredi, le portier auxerrois Donovan Léon a largement contribué à prolonger la crise offensive du PSG. Et surtout à offrir un très joli point à l'AJA, toujours imprenable à l'Abbé-Deschamps.
Dix ans après, Donovan Léon a pris un malin plaisir à se rappeler au bon souvenir du PSG, ce vendredi soir à l’Abbé-Deschamps (0-0). Si le portier auxerrois a croisé la route du club de la capitale seulement deux fois, c’est à chaque fois mémorable, puisque la première s’était déroulée au Stade de France, un jour de mai 2015. Ce soir-là, une AJA alors en Ligue 2 tient tête à Zlatan Ibrahimović et compagnie pendant plus d’une heure, avant de perdre la finale de Coupe de France sur un coup de casque d’Edinson Cavani. Dans la cage, le natif de Cayenne fait déjà des siennes avec plusieurs parades qui entretiennent l’espoir et le suspense jusqu’au bout, en vain. Le voilà qui tient désormais sa revanche.
11 – Le Paris SG a cadré 11 tirs contre Auxerre ce soir, aucune autre équipe n'en a cadré plus sans trouver la faille dans un match de Ligue 1 depuis qu'Opta collecte ces données (2006/07). Impuissance. #AJAPSG pic.twitter.com/ZimGwmxUQg
— OptaJean (@OptaJean) December 6, 2024
En état de grâce
« Aujourd’hui, le gardien d’Auxerre était très fort. » L’analyse d’après-match était toute trouvée pour Luis Enrique, au micro de DAZN. Et si la performance du dernier rempart icaunais doit aussi aux lacunes récurrentes de son secteur offensif depuis l’entame de la saison, il y a une grande part de vrai dans les mots du technicien espagnol. D’abord parce que jamais, depuis au moins la saison 2006-2007, une équipe de Ligue 1 n’avait cadré onze frappes sans marquer. Autant d’arrêts qui en font la deuxième meilleure performance d’un portier dans le domaine, cette saison au sein des cinq grands championnats européens. Ensuite, parce que plus personne n’était parvenu à museler le PSG dans l’Hexagone depuis Monaco, en mars dernier.
11 – Nombre d'arrêts réalisés par un gardien dans les 5 grands championnats européens cette saison :
13 – Mads Hermansen (Leicester) v Arsenal en septembre 11 – Nediljko Labrovic (Augsburg) v Bayern en novembre 11 – Donovan Léon (Auxerre) v Paris SG ce soir 🆕
Mur. #AJAPSG pic.twitter.com/yZ1gvBQMIC
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Enfin, ce supporter parisien avait vendredi soir la réussite propre aux gardiens en état de grâce, à l’image de cet enchaînement magistral de Vitinha conclu par une frappe sur l’équerre. « On travaille dur la semaine, ce soir je suis récompensé et toute l’équipe aussi, savourait le héros au coup de sifflet final auprès de DAZN. Je suis resté concentré au maximum. Il y a un moment où Vitinha est dos au but, il se retourne et enroule. Quand je vois qu’elle touche l’équerre, je me dis que ce soir, il ne va rien m’arriver ! » Deux parades face à Randal Kolo Muani et Désiré Doué dans le money time plus tard, le mur restera en effet infranchissable.
Merci pour ce moment
Un magnifique moment de reconnaissance pour un gardien dont le parcours n’a rien du conte de fées. S’il a attendu pendant près d’une décennie sa chance de faire à nouveau des misères au PSG, c’est que le bonhomme a surtout connu la Ligue 2 ou l’ingrat rôle de doublure, au fil de sa carrière entre Auxerre et Brest. Du haut de ses 32 ans, il disputait ainsi seulement sa 20e partie dans l’élite. « Les directeurs sportifs et le coach Pélissier ont essayé de m’enlever le maximum de pression, je n’avais pas droit aux interviews en début de saison, a-t-il aussi lâché, tout fier. Les gens oublient qu’avant, j’étais numéro deux. Je n’avais jamais fait de saison complète avant 2020. C’est l’aboutissement du travail avec le coach des gardiens toute la semaine. Il me met en confiance, il ne doute pas de moi. […] Tôt ou tard, tu es récompensé, il ne faut pas être pressé. Ta chance viendra. C’est ce qui m’arrive à l’heure actuelle. »
Lors du dernier passage de l’AJA en Ligue 1 voilà deux saisons, Léon n’était sorti du banc qu’à deux reprises, pour suppléer Andrei Radu. Ce qui fait donc de cet exercice 2024-2025 son premier, à ce niveau, dans la peau d’un titulaire. « (Il) a sublimé le travail de l’équipe. Il nous a permis de prendre ce point-là, qui sur le plan mental en vaut trois et cela me fait très plaisir pour lui car il a été très critiqué en début de saison et il a ainsi donné la meilleure des réponses, ne pouvait que savourait l’homme à l’origine de cette confiance, son entraîneur Christophe Pélissier. Il faut beaucoup de personnalité et d’abnégation et je lui avais dit qu’on aurait besoin d’une grosse performance de sa part. » La recette parfaite pour s’offrir le droit de faire grimper le compteur des rencontres et des émotions, même sur le tard.
Par Tom Binet