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À Rennes, une révolution peut en cacher une autre
Dans le flou depuis plus d’un an et demi, le Stade rennais compte sur le mercato hivernal pour oublier une première partie de saison ratée. Seko Fofana est arrivé, Brice Samba pourrait suivre, et ce mois de janvier pourrait acter, en quelque sorte, l’échec du virage pris l’été dernier par le club breton, qui a besoin de retrouver de la clarté et de la stabilité.
Après avoir vu Antoine Kombouaré se lancer dans une diatribe contre la presse nantaise, à une centaine de kilomètres de La Jonelière, Jorge Sampaoli avait préféré la douceur en validant une idée du club de ramener une boîte de Ferrero Rocher dans laquelle picorer en préambule de la première conférence de presse de l’année au Roazhon Park. En parlant de chocolats, la maman de Forrest Gump aurait pu adapter son célèbre dicton cher à son fiston : la vie c’est comme le Stade rennais ces derniers mois, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. On le sait peut-être un peu trop depuis l’automne, quand l’espoir a laissé place au désespoir à force de voir une équipe ne pas en être une et d’assister à des matchs sans saveur et sans progrès apparents. Le flou règne autour du club breton depuis dix-huit mois et le départ soudain de Bruno Genesio en novembre 2023. Une saison ratée (10e place, première sans qualification européenne depuis 2017-2018), une instabilité à tous les niveaux (le club a changé d’entraîneur, de directeur sportif et de président à des moments différents en 2024) et un été mal négocié n’ont pas permis de ramener de la clarté sur les bords de la Vilaine, où Rennes continue de se chercher un projet et ne sait pas trop où le club pourra se situer dans les prochaines années.
Arnaud Pouille à la manœuvre
La révolution estivale incarnée par l’arrivée de Frederic Massara, dirigeant italien au CV séduisant et disciple de Walter Sabatini, n’a pas porté ses fruits. Entre les nombreux départs (18), dont ceux de cadres allant de Benjamin Bourigeaud à Martin Terrier, et un recrutement internationalisé (12) qui n’a offert pour l’instant aucune véritable réussite, l’ancien bras droit de Paolo Maldini au Milan a épuisé une partie de son crédit. Certaines sources soufflent même que son aventure en Bretagne pourrait tourner court, et qu’une fin de collaboration n’est pas à exclure dans les prochains mois. En attendant, Massara est toujours là, et il était présent aux côtés d’Arnaud Pouille ce mardi matin, jour de la Saint-Sylvestre, pour assister à l’entraînement ouvert au public sous la grisaille à la Piverdière.
⚽️ Entraînement Stade Rennais FC 🏟️ Centre d’entraînement la Piverdière 📍Rennes 📆 31/12/2024 pic.twitter.com/JfhowmHcu8
— Perrot Thomas (@PerrotThomas35) December 31, 2024
Le nouveau président exécutif rennais, qui a succédé à Olivier Cloarec, débarqué par François-Henri Pinault début octobre, semble s’imposer comme le nouvel homme fort du SRFC. Il était arrivé en reprenant des marqueurs que l’on retrouve depuis deux décennies au SRFC, de s’assurer qu’au « niveau de la formation, le Stade rennais soit vraiment en haut » à l’objectif éternel de voir le club comme « le fer de lance de la Bretagne et rendre heureux l’ensemble des gens qui vont au Roazhon Park ». L’ancien Lensois a eu le temps de prendre le pouls de son nouveau club et d’appréhender son environnement, parfois jugé particulier en raison des luttes d’influences s’exerçant autour de la famille Pinault, un grand classique que l’on retrouve au sein de nombreux clubs de foot, mais peut-être parfois un peu plus à Rennes qu’ailleurs.
C’est comme si la révolution n’était pas terminée, ou plutôt qu’une autre avait commencé face à l’urgence impulsée par la première partie de saison décevante d’une équipe rennaise 12e de Ligue 1, quatre points devant le barragiste Saint-Étienne et sept unités derrière la dernière place européenne, occupée par Nice son adversaire ce vendredi soir à l’Allianz Riviera, après avoir seulement réussi à battre les quatre derniers au classement (Montpellier, Angers, Sainté, Le Havre, tous à domicile) depuis le succès inaugural contre l’OL. Pouille a été à la manœuvre des dernières décisions fortes à Rennes. Il avait commandé un audit interne mené par Grégory Dupont en novembre, avant le choix de Jorge Sampaoli pour prendre la suite de Julien Stéphan sur le banc breton. Il n’est bien sûr pas non plus étranger à l’arrivée de Seko Fofana, qui a signé dès le 1er janvier et qu’il connaît bien depuis Lens, alors que Brice Samba devrait suivre dans les prochains jours, pour une somme estimée à plus de 30 millions d’euros pour ces deux premiers renforts hivernaux.
Une équipe (encore) en reconstruction
Les dirigeants rennais ne devraient pas s’arrêter là, et on promet un mercato de janvier très actif, dans le sens des départs comme des arrivées, comme pour acter l’échec de l’été passé. Des recrues estivales, comme Jota, Glen Kamara ou l’énigme Naouirou Ahamada pourraient déjà être amenées à partir. À la veille de se déplacer à Nice, Sampaoli a rappelé qu’il souhaitait « un joueur par ligne », si ce n’est plus dans certains secteurs. « Avec la blessure de Seidu, on a besoin de recruter un défenseur central supplémentaire, explique l’Argentin. Avec notre style de jeu, ce serait aussi bien d’avoir un autre milieu de terrain récupérateur. Pour le reste, ça dépend du marché. On a besoin de joueurs qui s’engagent pour trois ou quatre ans, c’est difficile à trouver en janvier. On voudrait moins de quantité, mais plus de qualité. Il y a des joueurs intéressants, mais qui sont difficiles à convaincre. »
Sur le terrain, le changement ne saute pas aux yeux depuis l’intronisation de l’ancien sélectionneur chilien. Si l’équipe semble mieux structurée et moins friable défensivement, elle reste trop peu dangereuse offensivement (18 grosses occasions créées depuis le début de saison, pire total en Ligue 1, selon Sofascore) et n’est pas guérie. « L’équipe commence à comprendre ce que je souhaite faire, on commence à s’éloigner d’une certaine anarchie, déroule Sampaoli. La passe est le mode de communication, pour unifier l’équipe. » L’unité, justement, c’est peut-être ce qu’il a manqué depuis un an et demi au Stade rennais. C’est ce qu’il faudrait retrouver, entre autres choses, pour remonter la pente et redevenir un club qui peut compter en haut du tableau et, dans un futur plus ou moins proche, sur la scène européenne. Il faudra pour cela bien plus qu’une boîte de chocolats.
Jorge Sampaoli défend Steve Mandanda après sa boulettePar Clément Gavard, à Rennes
Propos de Jorge Sampaoli recueillis par CG en conférence de presse