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Licha machine
Face à Auxerre, l'OL jouera une grande partie de sa saison. Une nouvelle fois, il comptera sur Lisandro Lopez pour faire la décision. Licha, la grande satisfaction de la saison rhodanienne mais aussi peut-être le symbole des limites lyonnaises actuelles.
On en oublierait presque “le” chiffre et c’est finalement la meilleure preuve d’une certaine réussite pour la première saison de Lisandro Lopez à Lyon. Le chiffre, c’est bien évidemment les 24 patates lâchées au FC Porto par les anciens champions de France l’été dernier pour s’attacher les services du buteur argentin : le plus gros transfert de l’histoire du club. Un statut pas facile à assumer, demandez à Kader Keita dont les pompes ont semblé peser des tonnes lors de son passage express sur les bords du Rhône. Demandez aussi à son compatriote, Lucho Gonzalez, à qui supporters et observateurs ont longtemps ajouté un 1 à son numéro 8 floqué dans le dos, eu égard aux 18 millions payés par Marseille pour l’ancien meneur de Porto. Mais la grande force de Licha aura été de mettre tout le monde d’accord dès son arrivée avec notamment un triplé pétaradant et essentiel face à Anderlecht lors du troisième tour préliminaire de la Ligue des Champions. Ou comment rembourser une partie de l’investissement en permettant à son club d’aller goûter aux joutes continentales et aux 25 M€ qui vont avec.
Buteur argentin typique
En plantant une vingtaine de pions, toutes compétitions confondues, Lisandro a largement contribué à maintenir l’OL à flot alors que tout le reste de l’équipage, Lloris et Toulalan exceptés, prenait l’eau de toutes parts. Lisandro, un buteur de la pampa. Soit un type enragé, pas forcément très élégant, sûr techniquement à défaut d’être brillant, toujours tendu vers l’efficacité. Ce dernier point mis à part, rien à voir donc avec son prédécesseur au poste, Karim Benzema, modèle d’esthétisme, de technique soyeuse et d’enchaînements fluides. Au vrai, ce type pourrait tout aussi bien être une créature de Claude Puel, qui ne conçoit le football que dans le dépassement de soi et l’investissement physique et mental à 400%.
Un type si dévoué à la cause des siens qu’il en séduirait presque Christophe Dugarry, pourtant peu suspect d’en pincer pour les laborieux : « À Montpellier (succès de l’OL 1-0), je retiendrai l’image de Lisandro et de sa joie en fin de match, cela m’a fait du bien de le voir aussi heureux. Tu sens qu’il est vraiment à fond dans le foot, ce qui est devenu rare dans la jeune génération, où les joueurs ont parfois l’air plus intéressés par les à-côtés du foot que par le jeu lui-même. Lisandro, lui, ça fait trois matches qu’il court dans le vide et ne touche plus un ballon, mais il continue à se battre, sans se plaindre, sans balancer dans la presse. Tu le sens déterminé dans ce qu’il fait et heureux comme un gosse quand ça sourit à son équipe. Il a prouvé plein de choses et pourrait se comporter autrement mais il est un exemple pour son équipe et tout le monde se met au diapason. Je ne sais pas si ce courage lyonnais est la touche de Claude Puel, dont on connaît le caractère, ou simplement le signe que ses joueurs ont un mental pour le très haut niveau. Mais grâce à ça, Lyon est en position de finir la saison à la deuxième place » . Ce qui serait un moindre mal. Car à bien y regarder, aussi satisfaisant qu’il ait pu être, “Licha” symbolise quelque part les limites de ce nouvel OL.
« Je ne suis pas Messi »
Longtemps, le club de Jean-Michel Aulas a formé une grande équipe sans grand avant-centre. Avant de décliner lentement malgré l’émergence de Benzema. Aujourd’hui, Lyon ressemble à une bonne escouade de Ligue 1, pas plus, seulement tenue par une colonne vertébrale de premier ordre Lloris-Toulalan-Lisandro. Dans son expression et son implication, l’Argentin donne bien entendu pleinement satisfaction. Mais, il faut bien le reconnaître, l’ancien goleador des Dragons ne possède pas cette dimension mondiale qui permettrait de compenser à lui seul les errements collectifs des siens, comme sauraient le faire Wayne Rooney, Cristiano Ronaldo ou autres. En cela, la double confrontation contre le Bayern Munich en demi-finale a bien rappelé cette évidence énoncée par l’intéressé lui-même : « Je ne pense pas vraiment être le Messi de l’équipe. Je ne suis qu’un joueur important pour l’équipe, peut-être, et j’essaie de faire le maximum, à l’entraînement et en match. Comme tout le monde… » .
Lucide sur son impuissance quand l’Olympique Lyonnais ressemble à une épicerie, l’attaquant albiceleste, qui a fait son deuil d’un désormais très improbable appel de Maradona pour l’Afrique du Sud, réclame plus d’ambition dans le jeu : « L’équipe doit changer d’attitude et de mentalité. En demies, nous avons vu une équipe trop défensive. Nous devons avoir un peu plus de courage et un esprit plus positif. Il faut corriger la tactique » . Une saillie qui porte peut-être en elle les germes de lendemains qui chantent, de par son contenu mais aussi de par sa signification. En causant tactique, Licha se pose en leader. Et forcément, fort de son bilan perso, il a plus de chances d’être entendu. A condition bien sûr d’accrocher ce sacro-saint podium, seul sésame viable pour permettre l’arrivée de renforts. Face à Auxerre mercredi soir, Lyon jouera donc très, très gros.
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