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Libertadores : Boca et Santos sur le fil
Le suspense a été le dénominateur commun des quarts de finale retour de Copa Libertadores. Boca, Santos, la U et Corinthians forment le carré de qualifiés sur le fil.
On s’approche de la finale rêvée. De la plus prestigieuse, en tout cas. Boca contre Santos. Riquelme versus Neymar. Et par procuration, Maradona face à Pelé. Le sort des deux géants du continent s’est toutefois révélé incertain jusqu’aux derniers instants de leurs quarts de finale. Boca a éliminé Fluminense grâce à un but inscrit au bout des arrêts de jeu par le taureau uruguayen, Santiago Silva. Santos s’en est, lui, sorti aux tirs au but.
Le match retour entre Fluminense et Boca Juniors avait débuté dès mardi soir. À Rio, devant l’hôtel qui hébergeait les Xeneizes, les supporters brésiliens avaient sorti l’arsenal complet pour faire passer une nuit blanche aux Argentins : feux d’artifices, chants et tambours. Un jeu avec les nerfs des joueurs de Boca qui a fait choux blanc. Comme l’a justement analysé Juan Roman Riquelme, le match disputé au Maracana fut un calque inverse de l’aller à la Bombonera : « Ils ont dominé, mais n’ont pas été clairvoyants et ont marqué de manière accidentelle. » À la 18e minute, un coup-franc frappé puissamment par le jeune latéral, Thiago Carleto, était dévié par le mur boquense, et prenait à contre-pied le portier agentin. Toujours privé de Deco et Fred, Fluminense étouffait Boca, mais échouait à marquer ce second but qui semblait pourtant devoir tomber à un moment ou un autre. Sur le reculoir, les Argentins encaissaient sans broncher et finissaient par asséner un uppercut fatal, via Santiago Silva, qui poussait dans les filets cariocas un ballon qui venait de taper les deux poteaux. Rio pleurait et Boca jubilait, à l’exception notoire de son attaquant, Pablo Mouche. Annoncé partant pour l’Americo Mexico, le meilleur buteur xeneize en championnat n’avait pas apprécié de débuter la rencontre sur le banc. « Je suis fâché, je veux m’en aller » , avait-il déclaré en zone mixte, avant de s’excuser le lendemain. Une demi-finale de la reine des coupes sud-américaines à jouer, cela peut inciter à ravaler sa langue.
Vélez héroïque
En Copa Libertadores, l’Argentine commande. 22 titres, contre seulement 15 côté auriverde. Devant la nouvelle puissance financière du championnat brésilien, tout inclinerait cependant à penser que le rapport de force pourrait s’équilibrer. L’Internacional et Santos ne sont-ils pas les deux derniers lauréats de la compétition ? Reste que les représentants albicelestes conservent cette capacité à souffrir collectivement qui fait parfois défaut aux Brésiliens. Vélez Sarsfield en a offert une nouvelle illustration, jeudi, sur le terrain de Santos. Parfaitement organisés, les Argentins ont longtemps neutralisé Neymar, Ganso et consorts. Mieux, réduits à dix dès la 39e minute, quand le gardien Marcelo Barovero se faisait exclure pour avoir déséquilibré Neymar à l’entrée de la surface, Vélez a continué à faire valoir son sens du sacrifice jusqu’à la surface adverse, en exploitant chaque opportunité de contre avec voracité. Bilan : jusque la 70e minute, les Argentins dominaient la colonne « occasions de buts ». Augusto Fernandez s’était même trouvé à deux doigts de donner la leçon à Pelé, quand sa frappe envoyée depuis la ligne médiane avait été chassée devant sa lucarne par Rafael.
Rincé, Vélez allait craquer dans le dernier quart d’heure. Demandée par tout Vila Belmiro, l’entrée du vétéran, Leo, allait injecter un peu de bon sens au sein de l’ensemble brésilien. Servi par Ganso à l’entrée de la surface, l’arrière latéral gauche servait idéalement Alan Kardec, qui inscrivait un but synonyme de séance de tirs au but (79e). Le gardien remplaçant de Vélez y afficherait toute son inexpérience, tandis qu’un Rafael bondissant perturbait les tireurs argentins. Désigné comme cinquième tireur, Neymar n’aurait même pas besoin de se placer devant le point de pénalty. En demi-finales, Santos rencontrera ses voisins de Corinthians, vainqueur du Vasco de Gama de Juninho. Là encore, le verdict est tombé dans les derniers instants de la rencontre. Au terme d’une confrontation pénible, qui enlèverait les dernières illusions des ultimes naïfs à croire que le Brésil est encore synonyme de joga bonito, Paulinho inscrivait, à la 88e minute, le seul but de la confrontation, pour offrir au Timao la troisième demi-finale de son histoire.
La résistance paraguayenne
Le dernier qualifié pour les demies, la U de Chile, est également passé par toutes les couleurs, avant de se débarrasser du Libertad de Jorge Burruchaga aux tir aux but. Auteurs d’un nul au Paraguay (1-1), les hommes de Jorge Sampaoli pouvaient pourtant être considérés comme le quart de finaliste se trouvant dans la plus confortable des situations. Vainqueur explosif du Deportivo Quito au tour précédent (6-0), les Chiliens ont cette fois souffert. Ils ouvraient pourtant le score dès la 18e minute, mais sur un coup de pied arrêté, spécialité paraguayenne, Libertad égalisait dans la foulée. Tenir un score, les Guaranis savent faire, et lors du dernier quart d’heure, ils se trouvaient même à deux doigts d’emporter la décision. La séance de pénaltys constituera un cruel dénouement pour les hommes de Burruchaga.
En demi-finales, la U se mesurera à Boca. Pas gagné d’avance pour les Argentins. L’autre demi-finale opposera deux voisins, Santos et Corinthians. Au vu des piètres prestations du Timao face à Vasco, le Peixe peut déjà s’imaginer disputer une deuxième finale de rang. Mais ne promettait-on pas la même chose au Barça, en Ligue des champions ? En Amérique du Sud, la finale rêvée aura t-elle lieu ?
Par Thomas Goubin