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- Marseille-PSG (2-1)
Libérez Warren Zaïre-Emery !
Au cœur d'une prestation indigne de son supposé statut au Vélodrome, le Paris Saint-Germain aura au moins appris une chose : Warren Zaïre-Emery a les épaules sacrément solides. Et s'il était temps de voir le garçon prendre encore plus de poids ?
« Il est très très proche du niveau de nos milieux de terrain confirmés », confiait Christophe Galtier à la veille du huitième de finale de Coupe de France à Marseille. Le lendemain sur la pelouse du Vélodrome, le jeune homme a apporté une légère correction à l’affirmation de son coach : il peut déjà regarder Fabián Ruiz, Vitinha et Danilo dans les yeux sans trembler. Entré à l’heure de ce jeu à la place de ce dernier, le gamin de Montreuil a tenté d’apporter ce qui manquait au PSG depuis le début : de la vie. Si Paris doit rentrer de Provence avec au moins un enseignement, c’est bien celui-là : son jeune prodige de bientôt 17 ans (il les aura le 8 mars) est déjà un grand.
J’ai pas la trouille, moi
Envoyé au front par Christophe Galtier, alors que Ruslan Malinovskyi venait de faire chavirer un Vélodrome totalement incandescent, Warren Zaïre-Emery n’a pas du tout tremblé, loin d’être inhibé par l’enjeu ou le contexte. Pendant une demi-heure, il a même affiché une personnalité plus qu’intéressante, entre prises de balle tranchantes, courses vers l’avant et envie de voir son équipe enfin proposer quelque chose. Il fut également l’un des rares à peiner à masquer sa frustration de voir les éléments tourner en sa défaveur, quand nombre de ses coéquipiers semblaient subir le scénario sans se rebeller le moins du monde. Il n’aura manqué qu’une chose au garçon qui petit se rêvait pompier : réussir à éteindre l’incendie qui a peu à peu consumé les joueurs de la capitale sur les bords de la Méditerranée.
16&330 – A 16 ans et 330 jours, Warren Zaïre-Emery est devenu le plus jeune buteur de l'histoire de Paris en Ligue 1. Titi. #MHSCPSG pic.twitter.com/2ACsxqcVbM
— OptaJean (@OptaJean) February 1, 2023
« Il a une personnalité qui l’amène à prendre des initiatives », disait encore son entraîneur face à la presse, mardi. Un caractère qui lui a permis de redresser la tête après son erreur à l’origine de l’égalisation contre Reims, en allant marquer son premier but professionnel avec une grande confiance, trois jours plus tard à Montpellier. « Sûrement qu’un autre joueur à cet âge-là aurait cherché à faire une dernière passe, lui y est allé avec une grande détermination, une grande lucidité », ne pouvait encore que constater Galtier. « C’est mon premier but en Ligue 1, je suis très content, je ne me projette pas souvent, là, ça a payé. J’espère qu’il y en aura d’autres. Je vois l’ouverture et je frappe, je mets l’équipe à l’abri, je suis très content. Il y a beaucoup de jeunes dans l’équipe, on doit apporter notre pierre à l’édifice », réagissait alors l’intéressé auprès de Canal+, pas vraiment impressionné d’être devenu quelques minutes plus tôt le plus jeune buteur de l’histoire du club.
Un rôle taillé sur mesure
Titulaire une seule fois en Ligue 1 jusqu’ici, à Rennes, Warren Zaïre-Emery continue de démontrer que son club aurait toutes les bonnes raisons de s’appuyer toujours plus sur lui dans les semaines et mois qui viennent. Vitinha et Fabián Ruiz marquent le pas après des débuts prometteurs, Marco Verratti reste fidèle à lui-même en manquant de nombreuses rencontres et ce sont les Rouge et Bleu dans leur ensemble qui cherchent des solutions dans la construction du jeu. « Warren est capable de démarrer un match de championnat et même un match de Ligue des champions. Ce qui est intéressant à son sujet, c’est que nos grands joueurs ont le même regard que nous sur lui et cela nous conforte dans la vision que nous avons de Warren », balançait déjà Galtier début janvier. Tous les regards se tournent alors vers la réception du Bayern dans quelques jours : et si le bonhomme était appelé à venir tenter de ringardiser Jamal Musiala ?
Récemment désigné « Titi d’or 2023 », un trophée récompensant le meilleur jeune issu du centre de formation parisien, WZE s’est confié auprès de France Bleu sur sa précocité impressionnante et son aisance balle au pied. « Comme j’ai souvent joué au foot dehors, dans la rue, avec les plus grands… Je savais quand dribbler, quand lâcher la balle, quand faire la passe, assure celui qui a dû apprendre à faire ses lacets dès quatre ans pour signer sa première licence à Aubervilliers, où entraînait son père. Je pense que le foot de rue m’a beaucoup servi dans le foot en club. » Débarqué au PSG à 8 ans en tant que milieu offensif droit, le voilà prêt à s’imposer au sein de son club formateur, au cœur du jeu. « C’est un poste avec beaucoup de responsabilités parce que c’est toi qui fais le relais entre la défense et l’attaque, développe-t-il. Moi, j’aime bien défendre, me projeter et faire le rôle du milieu. » Voilà qui tombe plutôt bien : il y a une place sur mesure à prendre Porte d’Auteuil.
Par Tom Binet