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L’horloge de Guardiola

Par Maxime Brigand
L’horloge de Guardiola

Séché le week-end dernier en FA Cup par Arsenal à Wembley, Pep Guardiola sait désormais qu'il bouclera la première saison de sa carrière d'entraîneur sans le moindre titre. Faut-il s'en inquiéter ? En aucun cas, car s'il admet son échec, le Catalan savait qu'il lui faudrait du temps. Voilà le prix de la mise en danger.

10 septembre 2016, à Old Trafford. Une première rencontre entre le feu et la glace, la première vraie démonstration d’extase d’une foule envers un homme décrit depuis le premier jour, par ses fidèles comme un prophète, par ses détracteurs comme un donneur de leçon idéologue. La caricature est comme ça : elle cale dans des cases et aime mélanger la fiction et la réalité. Pourtant, ce jour-là, Pep Guardiola sait où il est sans forcément savoir encore où il va. Manchester City, qu’il a pris en main seulement deux mois plus tôt, vient de cabosser le voisin de United (2-1), balayant dans le même temps le général Mourinho. Autour de lui, les supporters de City hurlent : « Guardiola est chez nous ! » Derrière sa ligne, Guardiola ne desserre pas la mâchoire, tout simplement car, comme il le déclinera durant toute sa première saison en Angleterre, il « s’adapte » encore. Oui, ses joueurs ont remporté les dix premiers combats toutes surfaces confondues de la campagne, mais il ne faut pas s’enflammer. Pour la première fois de sa carrière d’entraîneur, débutée en 2007 sur le banc de la réserve du Barça, l’homme sait qu’il vient de se mettre en danger.

Comment ? En débarquant dans un championnat où le football est avant tout fabriqué sur un modèle de contre-attaques permanentes et qu’il ne connaît pas. Le voilà face à un chantier là où il avait une base solide à Barcelone et un monstre à ne pas faire décliner à Munich. Une situation que le journaliste Marti Perarnau a dessiné ainsi dans Pep Guardiola : The Evolution : « Il arrive à City ce qui arrive quand tu étudies une langue étrangère ou un instrument de musique. Tu apprends, tu avances, tu crois savoir beaucoup de la nouvelle matière et tu progresses, mais, soudain, tu stagnes, tu trébuches et sens que tu as touché un plafond. C’est la courbe de l’apprentissage. » Lors de la présentation officielle du technicien catalan, le président de City, Khaldoon al-Mubarak, annonçait que Guardiola transformerait complètement l’équipe. Sept mois après, Manchester City a bien été bousculé, mais pour la première fois de sa vie d’entraîneur, Guardiola n’a pas gagné. Sauf qu’il le savait.

« Nous avons besoin de plus de temps »

Voilà ce qu’il disait à l’automne dernier : « Nous avons gagné la plupart de nos matchs grâce à notre enthousiasme. Pour bâtir quelque chose de stable, de plus contrôlé, nous avons besoin de plus de temps. » Dans les faits, sa première saison à City sera regardée comme un échec où le seul objectif, depuis la défaite en demi-finale de FA Cup contre Arsenal dimanche à Wembley, est désormais de sécuriser une place en Europe l’année prochaine. Au moment de faire le bilan du dernier exercice entre les mains de Pellegrini en mai dernier, Al-Mubarak avait estimé qu’une quatrième place en Premier League, une victoire en League Cup et une demi-finale de C1 était le strict minimum pour City. Aujourd’hui, Guardiola doit se battre pour tenir cette quatrième place, a été dégagé dès les huitièmes de la Ligue des champions par Monaco et n’est plus engagé dans les différentes coupes nationales. Dans le football moderne où l’on découpe un entraîneur à la première secousse, l’ancien coach du Barça et du Bayern pourrait sauter.

Faire des erreurs est devenu interdit, construire un projet sur le long terme aussi. « Pourquoi devrais-je être traité différemment ?, s’interrogeait Pep Guardiola le week-end dernier. J’ai dit et répété à plusieurs reprises quel était notre objectif cette saison. Gagner tous les titres ? Alors, si nous ne l’avons pas fait, nous avons échoué. Nous devons nous améliorer. Si les dirigeants estiment pouvoir le faire avec moi, je suis là. Sinon…(…)J’estime être un homme chanceux. Si j’ai autant gagné jusqu’ici, c’est avant tout parce que j’ai dirigé le Bayern Munich et Lionel Messi. J’ai eu de la chance. Je suis venu ici pour me prouver des choses. Je ne peux pas changer mon passé. » Guardiola n’a pas décidé son image, seulement ses idées. Et il faut se montrer patient.

Les idées et les hommes

De la patience ? Vraiment ? Le prétendu meilleur entraîneur du monde n’a pas gagné et on devrait lui pardonner ? Pep Guardiola n’a jamais parlé de lui ainsi. Mieux, il voulait venir en Angleterre pour se confronter à ceux qu’il considère lui comme les meilleurs, Antonio Conte en tête. Reste que le projet de jeu de Conte est plus facile à mettre en place en Angleterre que celui de Guardiola. Certains diront que ce sont de nouvelles excuses, mais le Catalan a toujours expliqué qu’il lui faudrait « deux ou trois ans » pour amener son projet de jeu. Il faut attendre pour juger, dépasser l’instant et la simple première saison. Guardiola : « Il y a plusieurs moments cette saison où j’ai pris du plaisir, mais je sais que je suis jugé sur les succès. Dans ma carrière, j’ai remporté des titres, mais si les gens disent que je suis devenu un désastre, je peux l’accepter. » S’il a échoué cette saison, car cela reste un échec malgré tout, c’est qu’il n’avait déjà pas les hommes. Comment expliquer qu’un joueur comme Kevin De Bruyne, ses vingt-cinq ans et sa vision panoramique, soit plus expérimenté sur un terrain que Raheem Sterling ?

City a de très bons joueurs, mais qui n’avaient pas encore la faculté de tenir une situation. La défaite à Monaco en C1 l’a définitivement prouvé. En arrivant à Manchester, Pep Guardiola avait fixé la base de son projet autour d’une colonne défensive solide et d’ailiers rapides. Là-dessus, sa défense n’a souvent pas été à la hauteur, minée par des problématiques de gardien et Kompany n’est revenu que trop tard dans la saison. Leroy Sané, belle satisfaction de la saison et déjà boulon du futur, n’a lui décollé qu’en janvier alors que Nolito n’a jamais vraiment convaincu. Il y a des bases dans l’idée, il faut désormais y injecter les bons hommes et, en ça, le prochain mercato sera décisif, tout comme le retour de Gabriel Jesus. Non, Guardiola n’est pas mort, et oui, il doit être traité comme les autres. Il apprend, c’est lui qui le raconte chaque semaine, et la Premier League est définitivement sortie cette saison des stéréotypes de son passé. Apprendre est le meilleur remède pour résister. Attendre a aussi du bon. Rendez-vous sur un podium dans un ou deux ans.

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