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L’horloge Chambers tourne déjà
Ce soir, Calum Chambers retrouve le St Mary's Stadium et certains de ses anciens partenaires. Formé à Southampton, le défenseur de 20 ans a quitté son club formateur en 2014 pour grandir à Arsenal. Mais malgré une première saison encourageante chez les Gunners, l'Anglais ne joue plus aujourd'hui.
« Hier encore, j’avais vingt ans / Je caressais le temps / Et jouais de la vie / Comme on joue de l’amour / Et je vivais la nuit / Sans compter sur mes jours / Qui fuyaient dans le temps / J’ai fait tant de projets qui sont restés en l’air / J’ai fondé tant d’espoirs qui se sont envolés / Que je reste perdu ne sachant où aller / Les yeux cherchant le ciel, mais le cœur mis en terre. » Calum Chambers est bien loin d’avoir l’âge de Charles Aznavour. Mais la chanson de l’artiste français, qui culmine à 91 ans, semble être un bon avertissement pour l’enfant qu’est encore le Gunner. Du haut de ses vingt petites bougies, l’Anglais ne voit pas encore le temps passer. Pourtant, les jours filent à une allure que l’on maîtrise rarement. Et on en prend conscience souvent trop tard.
Départ en boulet de canon
Cela fait déjà un an et demi que Chambers a rejoint Arsenal. Ultra précoce à Southampton – il réalise sa première saison professionnelle dans son club formateur dès sa majorité –, le défenseur quitte le cocon familial dès 2014 avec 22 matchs de Premier League dans les pattes. Arsène Wenger n’hésite pas à aligner 20 millions pour récupérer un talent qui ne demande qu’à éclore. Lentement mais sûrement, pense-t-on alors. Et c’est ce qui se passe. Lors de sa première saison, le jeune Chambers répond présent, et même davantage. Replacé en défense centrale et profitant d’une infirmerie qui ne désemplit jamais depuis dix bonnes années, le latéral de formation déçoit rarement et se découvre une polyvalence certaine.
39 rencontres toutes compétitions confondues, 2791 minutes au compteur (1822 en 2013-2014 sous le maillot des Saints), un Community Shield combiné à une FA Cup pour dépuceler son palmarès : Chambers est plus que dans les temps. Seul son nombre de cartons récoltés noircit (un peu) le tableau, puisqu’il termine l’année avec neuf biscottes et un rouge contre zéro avec Southampton. Rien de plus normal pour un minot de 19 piges.
Un ralentissement soudain
Sauf que cette année, la progression du jeunot prend un coup dans l’aile. Désormais uniquement considéré comme un arrière central par Tonton Arsène, le natif de Petersfield n’est plus que le quatrième choix du technicien, derrière Koscielny, Mertesacker et même Gabriel Paulista. Les stats sont intraitables : 354 courtes minutes disputées (161 en championnat) et trois pauvres titularisations (une seule en Premier League). Dur. Forcément, le constat est le même en sélection : alors qu’il avait empoché ses trois premières sélections en A en 2014, celui qui a été appelé dans toutes les équipes nationales de jeunes par le passé est déclassé en Espoirs.
Pour ne rien arranger, le club londonien est condamné en octobre dernier à plus de 80 000 euros pour le transfert du joueur à cause de la participation d’un agent non agréé. Si cette sanction ne peut évidemment pas expliquer l’absence de Chambers sur le pré, quelles sont donc les raisons d’un tel freinage ? Blessure ? Non. Méforme ? Pas vraiment. Au vrai, l’Anglais est plus victime des bonnes performances de l’expérimenté duo Koscielny-Mertesacker que de ses propres erreurs de concentration quand il se trouve sur la pelouse.
Une patience suicidaire ?
En public, pourtant, le principal intéressé ne s’alarme pas. Alors que tout bonhomme de son âge s’inquiéterait d’un temps de jeu aussi drastique et réclamerait un peu plus de considération, lui loue le travail et la gestion de Wenger dans les colonnes du Mirror : « Il m’aide énormément à m’améliorer. Au cours de l’année dernière, je pense que j’ai renforcé beaucoup de choses dans mon jeu. Il insiste sur beaucoup de petites choses avec moi sur le terrain, mais aussi individuellement. Ses conseils sont très précieux. » Même son de cloche à l’intention de ses partenaires et concurrents : « Je sens que je peux aller vers eux, leur poser des questions et apprendre à leurs côtés. Je les observe en match, j’apprends et cela m’aide beaucoup. »
Tout bénef’ pour Wenger : l’Alsacien n’a qu’à balancer que « Chambers deviendra un grand joueur de très haut niveau pour l’Angleterre » pour désamorcer une bombe qui ne demande qu’à péter. Car si le petit Calum avoue que « tout est allé très vite » depuis ses débuts, il pourrait aussi avoir le temps de comprendre bien d’autres choses en restant assis au bord du terrain. Et se rendre compte que les minutes scotchées sur un banc ne se rattrapent pas lorsqu’elles deviennent trop nombreuses.
Par Florian Manceau et Jean-Philippe Cadu