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L’heure de Navas, enfin ?
Recruté cet été après un Mondial majuscule et une Liga somptueuse, Keylor Navas n'a disputé qu'un petit match avec le Real Madrid. Alors que les Merengues se déplacent ce samedi à Levante, club qui a révélé le portier costaricain, focus sur celui qui devait faire flancher Iker Casillas.
« Je ne dure pas toute la vie, et je ne suis pas immortel. » Les paroles d’Iker Casillas sonnent comme celles d’une fin de règne. Elles concernent la sélection nationale, sa Roja chérie, mais peuvent aisément être transposées à sa situation actuelle au Real Madrid. Au cœur de chaque polémique depuis l’époque mourinhesque, sa sainteté Iker vit ses dernières heures dans son club de toujours. Critiqué, sifflé, malmené, il tient bon la barre. Jusqu’à quand ? Seul Carlo Ancelotti détient la réponse à une question qui taraude Keylor Navas. Recruté pour une dizaine de millions d’euros suite à une Coupe du monde fantastique, le portier costaricain attend son heure. Sous la guérite du Bernabéu, il vit le sort de tous ses confrères « en feu » en juillet dernier. Que ce soit Ochoa, Romero ou encore Ospina, tous sont remplaçants dans leurs clubs respectifs. Ce samedi, pour un retour dans l’antre qui l’a vu se révéler, à Levante, il devrait de nouveau revêtir la chasuble et s’asseoir sur la banquette de son ancien stade. Alors Keylor, la titularisation, c’est pour quand ?
La Copa del Rey en renfort ?
Sa chance, il l’a déjà eue. Ou presque. Le mardi 23 septembre, pour la réception du modeste Elche, Carlito dégaine son nouveau gardien. Pour la première fois de l’histoire plus que centenaire du club madridista, un joueur du Costa Rica enfile la liquette blanche. Résultat des courses : une manita dans la besace et un petit but reçu. Personne ne lui en tiendra rigueur, la banderille est encaissée suite à un penalty inexistant. Dans la foulée, le service com’ du Real Madrid l’envoie au front. Face aux micros et caméras, le portier se la joue émissaire du Vatican : « Je remercie énormément Dieu parce que cette opportunité est plus que bonne. C’est un privilège. Porter le maillot du Real représente énormément. J’espère jouer le prochain match. » Depuis, la seconde titularisation de Navas se fait toujours attendre. Iker Casillas a retrouvé son brassard et le Sud-Américain son banc. Un retour à la normale, donc, qui surprend. D’autant plus que depuis son intégration, l’intéressé a tapé dans l’œil de Villiam Vecchi, préparateur des gardiens du Real et en froid avec Casillas.
En le laissant ronger son frein, Carlo Ancelotti ne prend que peu de risques. D’une, car l’ancien dernier rempart de Levante est une crème. Un agneau qui ne s’énerve jamais et qui sait la chance qui est la sienne. Également compétiteur, il offre des entraînements de haut niveau et a même refusé une convocation lors de la première trêve internationale de la saison pour impressionner l’entraîneur italien. Toujours dans le sens du poil, le big boss madridista le brosse : « Keylor Navas a fait un match fantastique » , « J’aime avoir un Keylor motivé » , « Keylor a été sûr, il a joué avec tranquillité » … Comme des éloges en forme d’excuses pour ne pas plus l’aligner. Le manque de temps de jeu contraste par rapport à son dernier exercice. Gardien avec le plus de parades la saison passée, il est en toute logique nommé, aux côtés de Thibaut Courtois et Willy Caballero, au titre de meilleur portier de la Liga 2013-14. Un trophée qu’il pourrait bien soulever tout en étant remplaçant au Real Madrid. Ce décalage pourrait rapidement être gommé puisqu’il se murmure qu’Ancelotti l’alignerait en Coupe du Roi, dès l’entrée en lice du tenant du titre.
Chicharito, James, Navas et le marché sud-américain
L’autre raison, difficilement avouable, de son recrutement est sa nationalité. Costaricain, Keylor Navas est le premier de son pays à revêtir le maillot du Real Madrid. Fin juillet, lors de sa présentation, le Bernabéu était envahi par nombre de ses compatriotes. À l’instar des signatures de Chicharito et James, aussi bons soient-ils, celle de Navas est un sacré coup marketing. De fait, son arrivée assure une présence plus importante du club madrilène dans le marché d’Amérique centrale. Les ventes de maillot flambent et la cote de sympathie grimpe. L’objectif d’un tel recrutement est de combler le trou qui sépare le Real Madrid du FC Barcelone, très présent sur le continent avec Messi, Suárez, Neymar, Dani Alves, Claudio Bravo… Gros sous toujours, des rumeurs envoient dès l’été prochain David de Gea au Bernabéu. Des bruits de couloir qui inquiètent Keylor Navas. Car, secret de Polichinelle, le départ d’Iker à l’été prochain devrait lui ouvrir les portes du onze d’Ancelotti. À moins que son recrutement ne soit qu’un simple coup marketing, mixé au fait de pouvoir compter sur une doublure de choix.
Par Robin Delorme, à Madrid