- Ligue des champions
- 1/4 de finale retour
- FC Bayern Munich/FC Porto
L’heure de Mario Götze
Un but en finale de Coupe du monde et un début de saison canon semblaient avoir redonné le sourire à Mario Götze après une première saison contrastée au sein du Bayern Munich. Mais depuis le début de l'année 2015, l'ancien joueur de Dortmund est retombé dans ses travers et s'attire toutes les critiques. Ce soir face à Porto, il n'a pas d'autre choix que de les faire oublier.
Mario Götze ne sourit plus beaucoup ces derniers temps. La morosité semble accompagner chacun de ses gestes, et la dernière fois que l’on a pu apercevoir une once de joie sur son visage toujours aussi poupon, c’était lors du déplacement du Bayern sur le terrain du Borussia Dortmund, lorsque Jürgen Klopp s’était mis à le chambrer lors de son échauffement sur le bord de la pelouse. Son ancien jardin. L’ironie du sort veut donc que Mario Götze ait esquissé un sourire à ce moment-là, quelques minutes avant de recevoir une nouvelle bronca de la part du peuple noir et jaune. Mais ce jour-là, pour la première fois depuis son départ pour la Bavière, le petit Mario n’a eu que faire des sifflets. Sa colère n’était pas destinée aux supporters de son club formateur, mais à son entraîneur, celui pour qui il a tout plaqué : Pep Guardiola. « Vous pouvez facilement deviner ce que cela fait » , a-t-il déclaré aux journalistes après avoir passé une bonne partie de la rencontre sur le banc. « C’était dur à avaler. » Cette non-titularisation pour l’un des matchs les plus importants de l’année (et surtout pour lui), Mario ne l’a pas acceptée. Il méritait de jouer. Cependant, pour Guardiola, la vérité est tout autre. « Mario doit parler sur le terrain et pas en dehors » , a-t-il déclaré à Sport Bild quelques jours après la rencontre. Et sur ce coup-là, difficile de contredire le coach catalan. Depuis le début de l’année 2015, Götze ne laisse plus vraiment parler son talent sur le terrain.
Des stats en chute libre
4 buts et 3 passes décisives toutes compétitions confondues, voilà le maigre bilan statistique de Mario Götze depuis que la nouvelle année a débuté. Parmi ses quatre pions, deux ont été inscrits contre Hambourg, actuellement dernier de Bundesliga, lors de la promenade 8-0 du Bayern. Un autre a été inscrit contre le Shakhtar (victoire 7-0). Et le dernier contre Braunschweig, pensionnaire de 2e division, en 8e de finale de la Pokal. Une analyse qui rend le bilan encore moins flatteur pour le jeune champion du monde. Mais au-delà de ses statistiques, on trouve d’autres signes de la régression de Götze. Il ne joue pas pour lui, mais surtout ne fait plus jouer les autres, là où en début de saison, il était intraitable, surtout en Ligue des champions. De tous les joueurs, il est celui qui est le plus remplacé, et souvent tôt dans le match (avant la 70e minute), comme ce fut le cas mercredi dernier contre Porto. Son attitude sur le terrain interpelle. Alors qu’il a appris sous Klopp à courir dans tous les sens et à participer activement au pressing de l’adversaire, il passe dorénavant le plus clair de son match à marcher. Et cette attitude nonchalante n’arrange pas ses affaires.
Les raisons d’un mal-être
En arrivant à Munich, Mario Götze devait prendre une autre dimension. Sous Pep Guardiola, il devait tout simplement devenir le meilleur joueur du monde. Mais rien de tout cela n’est arrivé. Pire, depuis quelques mois, Mario semble même régresser. « Il est parti trop tôt de Dortmund » a lâché le maître es punchline Lothar Matthäus la semaine passée. « Changer de système, de structure et d’entraîneur si jeune, alors qu’il était en pleine progression, tout cela lui a été néfaste. » Depuis qu’il enfile la tunique rouge (et bleu) du Rekordmeister, le natif de Memmingen n’est plus le même. Il est un joueur parmi tant d’autres. Et surtout, il n’est pas le premier choix de son entraîneur, une chose qu’il a du mal à accepter. Devant lui se trouve Thiago Alcántara, et c’est depuis que l’Espagnol s’est remis de sa blessure que tout fout le camp pour l’Allemand. Si, l’an passé, Pep avait affirmé vouloir intégrer les deux à son système, il en semble moins convaincu cette saison. Très proche de Thiago, l’entraîneur n’a pas hésité à le contacter très souvent durant sa convalescence à Barcelone (une ville où Mario Götze ne passera définitivement pas ses vacances). L’axe du milieu de terrain lui aurait même été promis. Un axe auquel Mario Götze fait les yeux doux, lui qui se retrouve baladé de gauche à droite selon les blessures des uns et des autres. Et cette situation de bouche-trou ne lui convient pas.
De l’art d’être décisif
Ce mardi soir, Mario Götze devrait une nouvelle fois être titulaire au sein de l’attaque munichoise, pas tellement parce que Pep le veut, mais parce qu’il n’a pas le choix, tant les blessés s’accumulent dans les tribunes de l’Allianz Arena. Tous les regards seront tournés vers lui le critiqué, le mal-aimé, l’adolescent ronchon… S’il veut continuer à exister au Bayern, petit Mario devra montrer ce dont il est capable. Au vu de son état de forme actuel, la partie semble mal engagée ; mais qui a oublié cette fin d’après-midi de novembre 2013 à Dortmund ? Là où, devant son ancien public frondeur, il livra une performance étincelante pour faire taire ses anciens adorateurs devenus haters. Et puis, il y a aussi ce soir de juillet 2014, où, devant le monde entier, alors que personne ne croyait en lui, il délivra d’un but splendide cette Allemagne qui le critique tant et lui apporta sa 4e Coupe du monde. Au fond, Mario Götze se nourrit des critiques. Et de ce fait, il ne faut jamais parier contre lui.
Par Sophie Serbini