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L’heure de la Colombie
De 2012 à 2018, la longue page José Pékerman a replacé la Colombie dans le gratin international. Sans pour autant gratifier les Cafeteros d’un titre. Voilà justement la mission du Portugais Carlos Queiroz, qui a repris le flambeau en février dernier.
René Higuita a toujours été un homme du risque. Un gardien mythique, capable de sortir un coup du scorpion pour repousser une frappe de Jamie Redknapp lors d’un amical Angleterre-Colombie en 1995. Un homme qui flirtait aussi avec la ligne blanche à la ville, côtoyait Pablo Escobar, jusqu’à séjourner en cellule, et qui, pas plus tard qu’en 2017, appelait publiquement les autorités à l’aide pour le protéger d’une bande de gangsters qui lui réclamait de l’argent. Son dernier pari balancé en direct à la télévision colombienne l’illustre à nouveau, René Higuita aime le risque. Il l’a promis, il se coupera les cheveux si les Cafeteros ne ramènent pas la coupe à Bogota cet été. Une manière de manifester « [sa] foi et [sa] confiance dans laTricolor » avant la Copa América. Une folie ? Pas sûr.
L’expérience de Queiroz
Débarqué sur le banc de la sélection en 2012, l’Argentin José Pékerman était arrivé au bout d’un cycle à la Coupe du monde en Russie. C’est en tout cas ce qu’a décidé la Fédération en ne prolongeant pas son contrat. Pas de titre gagné durant son mandat, reste le souvenir d’une équipe joueuse qui a su passer deux fois les poules de la Coupe du monde pour la première fois de l’histoire de la sélection. Et cet hiver, c’est le Portugais Carlos Queiroz, 66 ans, qui a pris les manettes. Lui, l’ancien adjoint de Sir Alex Ferguson à Manchester United, formateur respecté au Portugal notamment de Figo, Rui Costa, Fernando Couto, Paulo Sousa, Vítor Baía (avec deux titres de champion du monde U20 en 1989 et 1991), qui a fait de l’Iran lors de la dernière Coupe du monde une équipe à faire trembler l’Espagne et le Portugal.
Un coach à la connaissance footballistique mondiale qui se retrouve à la tête d’une grande sélection… Ça ressemble à du win-win dans le jargon start-up nation. En attestent les derniers résultats de la Colombie avant le début de la Copa América : victoires claires et nettes contre le Panama (3-0) et au Pérou (0-3). Avec une touche plus roublarde de Queiroz par rapport à son prédécesseur Pékerman, l’heure des Cafeteros peut sonner au Brésil, surtout quand on sait que l’Argentine se cherche encore et que la Seleção a perdu Neymar.
Falcao et James, leaders malgré une saison en club contrastée
À 33 ans, il est vrai que Falcao commence à rouler sur la pente descendante, lui-même ayant reconnu qu’il s’apprêtait « peut-être » à disputer au Brésil sa dernière grande compétition avec la Colombie. Cette saison à Monaco, le capitaine des Cafeteros a flirté avec la relégation jusqu’en mai, plantant tout de même sa quinzaine de buts en L1 (dont cette tête libératrice face à Amiens lors de la 37e journée décisive pour la survie de l’ASM). Au Bayern Munich, James, lui, a été handicapé par les blessures au genou et à la cheville. Résultat : le club allemand n’a pas souhaité lever l’option d’achat cet été, et le milieu de terrain se retrouve ironiquement dans les pattes du double Z au Real Madrid, l’entraîneur qui l’avait poussé à partir en Bavière en 2017. Et pourtant, malgré leurs saisons respectives délicates en club, ces deux-là restent les leaders d’un groupe où se mêlent les générations.
À 23 et 24 ans, Davinson Sánchez (Tottenham) et Yerry Mina (Everton) ont tenu la baraque en défense centrale lors du dernier match de préparation à Lima. Pour distribuer le jeu au milieu de terrain, le remplaçant de Juan Quintero – qui s’est fait les croisés en mars – s’appelle Edwin Cardona (26 ans, Pachuca, Mexique). Son sélectionneur l’a défini comme « la lumière » de l’équipe après le match contre le Pérou. En pointe, Duván Zapata, l’un des grands artisans de la qualification de l’Atalanta en Ligue des champions (23 pions en Serie A), est en balance pour être titulaire en pointe avec ou sans le Tigre Falcao. Voilà donc les hommes qui ont entre les pieds le destin de leur sélection et aussi entre les mains la crinière de René Higuita.
Par Florian Lefèvre