- Ligue Europa
- 8e de finale retour
- Inter Milan/Tottenham (4-1)
L’exploit inutile de l’Inter
Incroyable match, ce soir au Giuseppe Meazza. L'Inter, abattue 3-0 dans son huitième aller d'Europa League, est parvenue à renverser la situation dans son antre. Auteurs de 90 minutes extraordinaires, les Nerazzurri ont cependant craqué en début de prolongation, sur un but d'Adebayor (4-1).
Inter-Tottenham : 4-1 après prolongation (3-0)Buteurs : Cassano (20e), Palacio (52e), Gallas (75e csc) et Alvarez (110e) pour l’Inter. Adebayor (96e) pour Tottenham.
Héroïques, ces Nerazzurri sont tout simplement héroïques. Sans doute inspirés par le Barça et Arsenal, les Milanais ont réalisé la plus folle remuntada d’une folle semaine européenne. Ils sont ainsi parvenus à refaire un retard de trois buts face à Tottenham, inversant totalement la situation. Que ce soit au niveau du score donc, mais aussi et surtout dans le jeu : là où l’Inter était apparue limitée – pour ne pas dire nulle – au White Hart Lane, elle a ce soir montré un tout autre visage, dominant dans tous les secteurs une équipe de Tottenham – devinez quoi – complètement nulle. Malheureusement pour les Interistes, la débauche d’énergie sur 90 minutes s’est ressentie dans la prolongation. Moment d’un réveil anglais, moment où Emmanuel Adebayor a planté le but de la qualification. Une qualification que les Spurs ne méritaient absolument pas, ce soir.
Pressing et longs ballons milanais
André Villas-Boas a beau avoir trois longueurs d’avance, il se méfie de cette Inter. Le technicien portugais oppose ainsi une belle équipe au 4-3-1-2 de son homologue Stramaccioni. C’est peu dire qu’AVB avait bien vu : dans le jeu, ces Nerazzurri font directement preuve de la mentalité adéquate. Cette envie, cet engagement, se traduit déjà par un gros pressing. En face, les Spurs parviennent néanmoins à faire tourner cette gonfle efficacement. Un calme de courte durée. Car la tactique milanaise est rapidement identifiable, et va mettre à mal l’arrière-garde anglaise. Les Spurs jouant très haut, ces Nerazzurri abusent de longs ballons dans le dos de la défense. Rien que sur le premier quart d’heure, Cambiasso trouve par trois fois ses acolytes dans la profondeur. De bons ballons, souvent gâchés par un Antonio Cassano pas en cannes. Entre un tir tout mou et une vaine tentative pour obtenir un péno, Fantantonio croque. Mais finit par remballer notre constat : esseulé au second poteau, le Pibe de Bari ajuste une belle tête, sur un excellent service de Palacio (1-0, 20e).
Affamés, ces Milanais poursuivent sur la même voie, devant la faible réaction adverse – une petite frappe de Sigurdsson et c’est tout. Cinq minutes après l’ouverture du score, c’est Palacio, qui s’échappe à son tour dans le dos de la défense. Face à Friedel, l’Argentin tente le lob, le ballon échoue sur la barre. En souffrance sur ces longs ballons et la mobilité du duo d’attaque italien, l’arrière-garde des Spurs ne montre aucun signe de sérénité. Les Anglais ne se procureront par ailleurs qu’une occasion, dans les arrêts de jeu, via Emmanuel Adebayor. Le Togolais rate un piqué qui aurait pu tuer le suspense. À la pause, on se dit que rien n’est impossible, pour cette belle Inter.
Gallas se joint à la fête
Et on ne s’y trompe pas. Quasiment dès la reprise, l’Inter double la mise. C’est encore une fois Cambiasso qui abat la plus grande partie du boulot : le chauve récupère un ballon et lance son compatriote Palacio face à Friedel. Une occasion que l’attaquant ne manque pas, glissant le cuir à ras du montant (2-0, 52e). Le Meazza peut chanter, l’Inter est à un petit but de l’exploit. D’autant que l’enjeu ne réduit pas l’enthousiasme de ces Nerazzurri, toujours dominateurs face à des Spurs qui continuent de déjouer. Perte de balles innombrables, fautes inutiles, maladresse en phase offensive… Non, rien ne va pour les hommes d’AVB. Et alors qu’on se pose la question de savoir si cette Inter, forcément diminuée physiquement, va savoir emballer la fin de match, William Gallas offre sa réponse : le central français dévie un petit coup franc de Cassano dans ses propres cages et relance le match (3-0, 75e). Un match que Cambiasso aurait pu tuer dans les arrêts de jeu, mais sa frappe croisée effleurera le montant. 3-0, l’Inter a réalisé son extraordinaire remontée. Place à la prolongation.
Les Spurs se réveillent, Adebayor surgit
Et cette prolong’ débute sur pas moins de trois frayeurs. Ou trois énormes occasions, coup sur coup, en faveur de Tottenham. Une frappe de Lennon détournée de justesse par l’inépuisable Zanetti, déjà. Puis, deux corners, et les têtes du duo Vertonghen-Gallas. Le premier sollicite Handanović, le second frôle l’équerre. Retournement de situation, alors ? Oui, répond Adebayor. L’attaquant togolais se trouve au bon endroit pour pousser un ballon relâché par Handanović (3-1, 96e). Le Meazza stoppe ses chants instantanément, les supporters anglais, inaudibles jusque-là, donnent de la voix. Cette superbe Inter doit désormais marquer deux buts. Ce qui, au regard de la dépense physique effectuée, paraît impossible. Mais ces Nerazzurri ont décidé d’être énormes jusqu’au bout. En début de seconde période, voilà que Ricky Alvarez, parfaitement servi par Cassano, claque une tête victorieuse au second poteau (4-1, 110e). De quoi offrir dix dernières minutes complètement folles, où Ranocchia, ce défenseur central de métier, joue avant-centre pour apporter son jeu de tête. En vain. L’Inter sort de la compétition, avec la règle du but à l’extérieur. Mais par la grande porte.
Par Alexandre Pauwels