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« L’exploit d’une époque » pour Barcelone
Que ce soit en retournant sa veste ou en jubilant, la presse espagnole est dithyrambique suite à l’exploit réalisé par ce Barça. Une « remontada », la première du genre en Ligue des Champions, qui propulse un peu plus cette génération au Panthéon.
« Ce Barça réclamait un exploit dans l’adversité, et a trouvé le match référence d’une époque. Johan Cruyff l’avait fait face au Dynamo Kiev, Tito Vilanova et Jordi Roura l’ont réussi grâce à une « remontada » face au Milan qui restera dans l’histoire du club et dans toutes les mémoires. Pas seulement pour avoir levé un déficit de 2-0, mais bien pour avoir démontré que toutes ses caractéristiques identitaires sont inoubliables, qu’elles seront toujours là quand le cœur d’hommes comme Iniesta, Messi, ou d’un David Villa qui était proche de fondre en larmes suite à un but qui le propulsa sur le toit de l’Olympe, battront » . Fransisco Cabezas, journaliste à El Mundo, entame par ces mots le récit d’une nuit qui fera date en Espagne. Ou dans son football tout du moins. Avec son « L’exploit d’une époque » , il n’en oublie pas que le Barça ne s’est qualifié « que » pour les quarts de finale. Mais dans un pays où la populace et sa presse se divisent entre pros-madridistas et pros-blaugranas, l’exploit du 12 mars 2013 met tout le monde d’accord : ce Barça est unique.
L’Opportuniste Vs l’Apologie
De fin de génération, les quotidiens madrilènes – Marca etAs pour ne pas les citer – s’en étaient fait les choux gras. Dépassés par le Real Madrid, méconnaissables à San Siro, les Blaugranas, c’était une évidence, étaient en fin de cycle. Mais en Espagne, la mémoire est courte, très courte. Comme dans L’opportuniste de Jacques Dutronc, les vestes se sont retournées. Dans Marca, plus gros tirage de la presse espagnole, on vante ainsi la force de caractère d’un « Barça qui tient enfin sa nuit épique » : « Ce ne fut pas le meilleur match du Barça, non señor. D’autres partitions furent plus complètes. Le 5-0 du Real ou le 3-1 face à Manchester en finale de la Ligue des Champions par exemple. Mais il n’avait pas su trouver la réponse dans des situations périlleuses. Contre l’Inter ou Chelsea, l’émotion avait joué contre lui » . Côté bonne foi, le très objectif As – on déconne, hein – fait, lui, encore plus élogieux. Par la plume de son directeur Alfredo Relaño, il considère que « le Barça a construit sa légende avec ce jeu et ce même jeu l’a poussé dans une nuit qui servira à enterrer tous les doutes » .
Du côté de la cité de Gaudi, ses deux quotidiens Mundo Deportivoet Sport n’en pouvaient plus. Lorsque leur came, leur raison d’être, leur Barça réussit l’exploit le plus marquant de cette saison, les éloges fusent de partout. Avec sa Une tout en sobriété (le seul David Villa s’époumone en gros plan), le Mundo Deportivo y va de sa légende tout en sobriété : « Un Barça colossal conduit à l’extase le Camp Nou dans une nuit magique avec un Messi divin » . Oui, il est possible de caser autant de superlatifs dans une même phrase. A coups d’articles sur l’apologie de cette génération, le concurrent Sport se plait dans un rôle de communicant made in Masia – pour la petite histoire, tous les joueurs barcelonais ont reçu la note de 10/10. Dans son éditorial, le directeur de la rédaction Joan Vehils demanderait presque pardon : « Le meilleur joueur du monde ne pouvait pas faillir et ne l’a pas fait : Messi est grand. Villa a joué en attaquant de pointe et a marqué. Xavi a fait du Xavi et Iniesta a démontré qu’il n’avait pas d’équivalent. Alba a tout sorti et Busquets est toujours aussi… Nous pourrions continuer ainsi avec tous les joueurs du Barça. Pour tout cela, l’attitude a balayé les doutes. Ceux qui rêvaient de vivre une crise du Grand Barça devront attendre. La Liga est pratiquement et, avec un tel jeu, il est favori pour conquérir la Champions. Je le dis, le changement de cycle devra attendre. Désolé » .
« El Guaje, tu le mérites »
La presse espagnole, plus que par le jeu déployé, reste béate d’admiration face à des champions hors-norme. Messi, une nouvelle fois quelques kilomètres au-dessus de la mêlée, accapare la couvertures. Mais pas que. DansEl Pais, Luis Martin encense David Villa dans un poétique « El Guaje, tu le mérites » : « Il a crié comme un fou et l’équipe est venue sur lui, consciente que le Guaje avait besoin d’un but comme celui d’hier. Il l’a croqué avec passion car dans ce vestiaire, on l’aime avec passion, à commencer par Messi, qui, pour beaucoup, se dispute en public, et de façon véhémente en privé. Le Guaje est le bonheur du verger et la foi d’un vestiaire qui a besoin d’un Villa heureux et chantant. Face à Milan, il a résolu le problème comme personne, rappelant qu’il est le meilleur buteur espagnol de tous les temps » . Sa joie, touchante et sincère, reste l’image de ce huitième de finale retour. Comme pour rappeler qu’au-delà des théorèmes et des tactiques millimétrées, ce Barça est avant tout humain. Sur ce point, tous les journalistes d’Espagne s’y accordent.
Par Robin Delorme, à Madrid