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L’ex Salibur
Après plusieurs transferts manqués ces dernières années, Yannis Salibur va retrouver Guingamp et le Roudourou sous ses nouvelles couleurs. Prêté à Saint-Étienne par le club costarmoricain, l’ailier de 27 ans a réussi son intégration dans l’effectif de Jean-Louis Gasset, mais doit encore gagner en régularité pour devenir indiscutable.
C’était presque devenu une boutade à l’heure du mercato : comment Yannis Salibur allait-il bien pouvoir faire foirer son transfert ? Passé de Clermont à Guingamp en janvier 2015, il a fini par avoir des fourmis dans les jambes deux ans plus tard. Premier couac à l’hiver 2017 : l’EAG accepte la belle offre d’Hull City (10 millions d’euros), mais la FIFA refuse le transfert en raison d’une deadline dépassée. Rebelote six mois plus tard. Salibur doit s’engager avec Saint-Étienne le 31 août, mais repart finalement pour une saison dans les Côtes-d’Armor, faute d’accord. Jamais deux sans trois ? Pas cette fois. L’été dernier, le natif de Saint-Denis a encore joué à se faire peur, attendant le dernier jour du mercato pour se pointer dans le Forez et rejoindre officiellement les Verts pour une saison, via un prêt payant sans option d’achat, à un an de la fin de son contrat à Guingamp. À point nommé.
La troisième roue du tricycle
Tout sauf un coup de tête de la part de Salibur. Et surtout pas un panic buy des dirigeants stéphanois, mis sous pression par Jean-Louis Gasset pour dénicher un ultime renfort en attaque. « Nous avions besoin d’un joueur offensif de couloir pour compléter notre recrutement, s’était réjoui le directeur général Frédéric Paquet sur le site officiel de l’ASSE début septembre. Yannis Salibur a le profil parfait. Ses grandes qualités techniques et son expérience de la Ligue 1 vont lui permettre de vite s’adapter. C’est une réelle satisfaction d’avoir pu saisir cette opportunité. » À peine le temps de découvrir ses nouveaux coéquipiers, le grand pote d’Eden Hazard se retrouvait titulaire aux côtés de Khazri et Cabella, les deux autres recrues phares de l’été, à Geoffroy-Guichard moins de 48 heures après son arrivée. Résultat ? Une prestation globale moyenne et un triste 0-0 contre Amiens. Mais ne dit-on pas que le monde appartient aux patients ?
Car après un début de saison inquiétant offensivement (2 buts marqués après 5 journées), les attaquants stéphanois, Diony compris, ont trouvé leurs automatismes et leur rythme de croisière en Ligue 1. Et Salibur a pu jouer sa partition. Un coup titulaire, un coup remplaçant, le joueur formé au LOSC a participé à 14 des 15 rencontres de l’ASSE en championnat depuis septembre. Pas souvent décisif (1 pion, 3 offrandes), il représente surtout un danger supplémentaire à surveiller de près pour les défenses adverses, déjà bien occupées par Khazri et Cabella. Ainsi, il a pris le dessus sur Romain Hamouma, son principal concurrent, réputé pour sa fragilité. Dernier exemple en date contre Nantes fin novembre : Salibur remplace l’ancien Lavallois avant la pause et réveille les Verts en claquant deux passes décisives (3-0). Le parfait joueur de complément.
Au nom de l’intermittence
Seulement, Salibur n’a pas encore la carrure pour s’imposer comme un titulaire indiscutable à Saint-Étienne, un club aux ambitions européennes. Ses limites ? Un manque de régularité flagrant dans les performances, logiquement souligné par Gasset avant le match à Nîmes le 26 octobre (1-1). « Yannis est cyclique : il a été bon contre Monaco, alors qu’à Lille, comme pas mal de joueurs, il a traversé la rencontre, s’était agacé l’entraîneur de 65 ans en conférence de presse. Quand on est nouveau, il faut amener un peu plus. J’attends de lui des dribbles, des frappes de loin, des coups francs. J’en attends plus. »
Une irrégularité confirmée par Salibur le 16 décembre, avant la rencontre à Nice (1-1) : « Comme tous les joueurs, j’ai besoin d’enchaîner les bonnes performances. J’estime que je suis encore un peu irrégulier, c’est quelque chose que j’ai déjà connu par le passé. C’est en enchaînant les matchs que je serai plus performant. » Ce déplacement à l’Allianz Riviera aurait justement dû lui permettre de prendre les clés du jeu en l’absence de Khazri et Cabella, tous les deux suspendus. Sauf qu’il a préféré faire parler de lui en laissant ses potes à dix à l’heure de jeu, après avoir écopé de deux biscottes en moins de trente minutes. Outch, pas idéal pour terminer l’année 2018. Pas convoqué en Coupe de France le week-end dernier, Salibur va faire son retour dans le groupe stéphanois pour le déplacement à Guingamp samedi soir. Reste à savoir s’il est prêt à sortir l’épée de son fourreau pour triompher dans son ancien jardin.
Par Clément Gavard