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Leverkusen, le nouveau cauchemar du Bayern
23 titres de champion d'Allemagne d'un côté, 0 de l'autre. Sur le papier, il n'y a pas vraiment match entre le club allemand le plus titré, et celui qui ne gagne jamais rien. Pourtant, depuis quelques saisons, chacune de leurs confrontations se transforme en rencontre âpre et disputée dont l'issue reste toujours imprévisible.
Le Bayern Munich a beau marcher sur l’Allemagne et parfois sur l’Europe de la manière la plus robotique qui soit, il y a encore quelques petites choses qui le rendent humain : les célébrations de buts ringardes de Thomas Müller, la barbe disgracieuse de Franck Ribéry, la patte folle d’Arjen Robben… et les matchs contre le Bayer Leverkusen. Depuis 2 ans et demi, c’est la même rengaine : l’armada munichoise galère face au Bayer. Quelle ironie ! Leverkusen, l’équipe qui ne fait peur à personne, celle qui est toujours classée, mais jamais gagnante emmerde le Bayern et sa collection de trophées. Lors des 5 dernières rencontres, les mecs du Bayer ont même réussi à s’imposer 2 fois et à obtenir un nul. Un bilan qui ferait sauter n’importe quel président de club allemand au plafond en ces temps de domination bavaroise. C’est bien simple, si on excepte le Borussia Dortmund, aucune autre entité ne peut se targuer d’un tel bilan. Et contrairement au BVB, lorsque Leverkusen perd, il n’y a pas 3-0 au coup de sifflet final. Les hommes du Bayer s’accrochent défensivement jusqu’aux dernières minutes de chaque match, à l’image d’un Leno toujours transcendé par l’événement. Incapables de vraiment faire la différence, chaque opposition devient une souffrance pour les Bavarois, comme l’an passé, lorsque pendant 90 minutes de rang, Götze, Müller and co ont pilonné les buts de Leno pour finir avec un vieux match nul. Alors que le Bayern n’a fait qu’une bouchée du club rhénan durant toutes les années 2000, il se retrouve maintenant face à un mur rouge.
Neverkusen se rebelle
La galère a commencé un certain 4 mars 2012 pour le FCB. À cette époque, on joue la 24e journée et les Bavarois essayent tant bien que mal de rester dans le sillage d’un Borussia Dortmund en pleine bourre. Le duel passionne l’Allemagne, à tel point que les autres équipes ne semblent être que des figurantes. Jusqu’au jour où Leverkusen décide de venir jouer les trouble-fêtes. À domicile, ils se défont 2-0 d’une équipe du Bayern fébrile et incapable de concrétiser ses occasions. Cette victoire, obtenue grâce aux buts de Kiessling et Bellarabi (déjà eux), scelle alors le sort des hommes de Jupp Heynckes, puisqu’elle permet au Borussia de s’envoler au classement. Le Bayern ne reverra jamais Jürgen Klopp et les siens. Aujourd’hui encore, ce match reste un des nombreux traumatismes de cette saison 2011/2012 ô combien difficile pour le Bayern. Il reste aussi le match référence du côté de Leverkusen. Celui qui a permis de passer un cap. Battre le Rekordmeister, c’est déjà bien en soi, mais le priver du titre leur a permis de prendre un certain ascendant psychologique. Quand on sait que le Bayern écrase de toute son aura la Bundesliga, tout avantage aussi maigre puisse-t-il être est bon à prendre et à entretenir. Et c’est exactement ce qu’a fait Leverkusen depuis 2 ans et demi en attendant, tous les 6 mois, le couteau entre les dents le Bayern et ses stars.
Roger Schmidt, la menace
L’arrivée de Pep Guardiola à la place du grand Jupp (aussi entraîneur de Leverkusen de 2009 à 2011) aurait pu arranger les affaires du Bayern… mais non. La donne est restée inchangée. Le Bayern affronte Leverkusen, le Bayern galère et le Bayern perd des points en route. Cette saison, Pep doit en plus composer avec une nouvelle donnée : Roger Schmidt. Un entraîneur dont il se méfie énormément depuis l’hiver dernier, quand avec le club du RB Salzburg il avait collé un joli 3-0 au Bayern en match amical. Et comme, pour Pep, aucun match n’est amical et qu’aucune défaite ne doit être sous-estimée, il a beaucoup étudié le bonhomme aux cheveux gras : « Un entraîneur comme Roger fait du bien au football. Il ne pense qu’à l’offensive, ce qui est très beau à regarder. Salzburg était vraiment plus fort avec lui à sa tête, bien meilleur dans le pressing. » Guardiola le sait, Roger Schmidt est un entraîneur, un vrai. Sous sa coupe, Leverkusen a montré de très belles choses, surtout en début de saison, et peut réaliser à tout moment un match d’une perfection déconcertante (cf. les rencontres contre Dortmund et Cologne). Si Leverkusen pouvait accrocher le Bayern avec Hyypiä ou Dutt comme entraîneur, il risque d’être encore plus dangereux avec Schmidt à sa tête. Ce dernier a déjà prévenu : « Si on court, qu’on se bat sur tous les ballons et qu’on attaque jusqu’au dernier souffle, on peut surprendre » . Stefan Kiessling, toujours très en forme lorsqu’il se pointe face à Neuer et ses potes (3 buts lors des 5 dernières rencontres), clame haut et fort que l’objectif est « évidemment la victoire » . Cette saison, le Bayern a déjà perdu quelques points en route en concédant trois fois le nul dont deux fois face à de grosses cylindrées (Schalke et Gladbach). Il faudra donc éviter un nouveau faux pas pour les hommes de Guardiola, s’ils veulent être champions en février.
Par Sophie Serbini