- France
- Ligue 2 – 34e journée
- Istres/Guingamp
Lévêque : « À Guingamp, on est une bande de potes »
La Ligue 1 avec Boulogne-sur-Mer, le National puis la Ligue 2 avec Guingamp, un staphylocoque puis une algodystrophie ensuite. À 23 ans, Dorian Lévêque a déjà presque tout connu. De retour sur les terrains le week-end dernier, après un an d'absence, le latéral espère bien goûter à la montée avec l'EAG.
Après votre carton contre Le Mans (6-1), n’y a-t-il pas un risque de s’enflammer avant d’aller à Istres ?Après une contre-performance à Tours (0-2), c’était important de répondre présent chez nous. On l’a fait de la plus belle des manières. Le scénario était positif. C’était vraiment une bonne soirée pour nous. On en a mis six, tant mieux, on ne s’est pas privés. On a savouré, mais on s’est remis au travail. À Istres, ce sera différent et il faudra redoubler d’efforts pour aller chercher un résultat.
Tu crains ce match contre Istres, une équipe très costaude en début de saison et qui s’est écroulée ensuite ?On doit se concentrer uniquement sur nous. Si on se montre appliqués et sérieux, qu’on montre plus d’envie qu’eux, forcément à la fin on n’aura pas de regrets. On ne peut pas se permettre d’aller à Istres en se disant qu’ils sont capables du meilleur comme du pire et les prendre par-dessus la jambe. Chaque équipe qu’on rencontre aujourd’hui joue quelque chose, donc il faut vraiment y aller avec la même détermination que contre Le Mans.
Entre votre façon de jouer, votre effectif et certains matchs gagnés dans les dernières minutes, on a l’impression que rien ne peut vous arrêter pour la montée…Aujourd’hui, on est sur le podium. Il est bien évident qu’on a envie d’y rester. Sur certains matchs, c’est vrai qu’il y a eu plus la manière que sur d’autres, mais dans le sprint final on pense surtout à prendre des points. Si la manière est là tant mieux, sinon ce n’est pas grave.
La Ligue 2 est surtout réputée pour être un championnat où le physique prédomine, mais Guingamp s’appuie aussi sur un jeu plutôt technique. Est-ce que tu penses que vous êtes l’équipe qui joue le mieux dans ce championnat ? Dire qu’on pratique le plus beau jeu, je ne sais pas. Mais une chose est sûre, c’est qu’on a un style de jeu. La plupart des gens nous disent que c’est plaisant. Certains préfèrent un autre style de jeu, mais avec les joueurs que l’on a, c’est ce qui nous correspond le mieux. En plus ça paye, donc tant mieux pour nous.
Jocelyn Gourvennec est le coach qui monte en ce moment. Comment tu définirais sa philosophie ?C’est un coach qui est rigoureux. Il amène sa philosophie de jeu. Il essaye d’incarner ce qu’il souhaite. En plus du jeu, les résultats suivent, donc on est tous à l’écoute. Il s’attache beaucoup aux détails. Il insiste sur le fait qu’il faut qu’on soit rigoureux sur notre jeu de passes, appliqués techniquement. C’est quelque chose qui se cultive au quotidien. Avec lui, si on est appliqués, on ne peut que se bonifier.
« En National, tout le monde jouait à Call of Duty »
Après un an d’absence, tu as été très en vue pour ton retour face au Mans. Tu es soulagé d’avoir enfin rejoué avec l’équipe première ? Moralement, ça m’a fait du bien. J’ai vraiment travaillé pour en arriver là, je n’ai pas lâché malgré toutes les galères. C’est bien, mais ce n’est pas non plus une fin en soi. Il reste l’objectif collectif jusqu’à la fin de saison et, sur le plan individuel, je vais essayer d’apporter ma pierre à l’édifice, ce que je n’ai pas pu faire auparavant.
Tu t’es dit que tu ne reviendrais jamais à ton niveau ?Dans ma tête, j’ai toujours eu envie de revenir, mais à certains moments on voyait que ça n’avançait pas. Ce qui est le plus dur, c’est l’incertitude, de ne pas savoir où on va. Si je m’étais « fait » les croisés, j’aurais eu un protocole de guérison établi. Mais l’algodystrophie, on ne savait pas combien de temps ça allait prendre. Ça s’est bien passé sur la fin, c’est le plus important. Il y a eu des moments beaucoup plus durs que d’autres. Il n’y a que le travail qui paie et ça s’est vérifié. Mais il ne faut pas non plus s’enflammer, ce n’est qu’un match. De là à dire que j’ai retrouvé mon niveau, c’est autre chose. Pour continuer à avancer, il faut que je travaille comme si je n’avais jamais été arrêté.
Tu as déjà connu la L1, la L2, le National et un arrêt d’un an. Tu n’as que 23 ans, mais tu es presque déjà le plus expérimenté de l’effectif, non ? (Rires) Beaucoup de gens me disent que j’ai perdu une année, mais que j’en ai peut-être gagné cinq, par rapport à l’approche de mon métier ou de plein de choses en général. Je pense que ça m’a été bénéfique.
Sur ton compte Twitter, tu te présentais comme « un footballeur professionnel qui vit son rêve grâce à Dieu » . La religion t’a aidé à traverser cette période difficile ?
Je pense que ça m’a aidé, oui. Cette épreuve m’a permis d’aborder les choses différemment, de me rapprocher de la religion. Je suis croyant, mais pas pratiquant. J’ai beaucoup lu, je me suis instruit à ce sujet pendant ma convalescence. La foi, c’est quelque chose de personnel. Comme on dit, la croyance ne se mesure pas à la taille de la barbe.
Et quand on a 23 ans, qu’est-ce qu’on fait de ses journées à Guingamp, en dehors du foot ?En National, tout le monde jouait à Call of Duty. Mais sinon on s’occupe. On est une bande de potes, on n’est pas que des collègues de travail, donc on se voit en dehors du foot. C’est vrai que Guingamp ce n’est pas Paris, mais on s’y fait.
Propos recueillis par Alexandre Alain