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Levante, entre rêve et réalité
Incroyable sixième de la dernière Liga, Levante a fait ses premiers pas européens sur la pelouse de Motherwell la semaine dernière (victoire 2-0). Pour leur grande première à domicile, les Granotes veulent s’offrir la phase de poules de cette C3. Avant de se replonger dans leur opération maintien.
Il flotte sur Valence un bonheur infantile. Une rare excitation. Comme chez ces élèves de 6e au matin de la rentrée des classes, désireux de faire partie des grands. Ce soir, Levante jouera son premier match européen à domicile face à Motherwell, et son succès facile en Écosse (2-0) lui offre toutes les chances d’accéder à la phase de poules de cette Europa league. « Ce serait une fête pour nous et nos supporters de jouer contre des équipes comme Liverpool ou l’Inter Milan » , s’émerveille Juanlu, premier buteur européen de l’histoire du club. Après une saison incroyable, terminée à la surprise générale dans le Top 6 de la Liga, les Granotes veulent leur récompense. Un rival prestigieux à la Ciutat. Un match de gala, comme le club n’en a jamais connu. Un dernier petit effort contre des Écossais faiblards, mais pas du genre à lâcher le morceau, et leur rêve pourrait se concrétiser.
Le modèle anti-Barça
Levante en Europe, ça ressemble quand même à une belle anomalie. Une grosse surprise comme on n’en connaît plus trop en Espagne, du moins en ce qui concerne le haut de tableau. Cette 6e place, les autres Blaugrana la doivent en partie à l’effondrement des habitués du poste. Villarreal, présent en Ligue des champions en début de saison, relégué en deuxième division 8 mois plus tard. Le FC Séville, auteur de sa pire saison depuis 8 ans. Ou encore Bilbao, épuisé par ses beaux parcours en coupes. Mais ils la doivent aussi à un modèle de jeu bien particulier qu’ils maîtrisaient à la perfection. Un modèle anti-Barça, c’est-à-dire 30% de possession de balle par match en moyenne. Levante n’a jamais eu l’intention de faire le jeu, mais de le défaire, si. Des gros gaillards pour tenir derrière, et une efficacité unique en contre et sur coup de pied arrêté, notamment grâce au quatuor Barkero-Valdo-Juanlu-Koné. Après un début de saison époustouflant (leaders de la Liga fin octobre), les Granotes avaient tenu le choc, restant toute la saison dans le haut de tableau. Un bel exploit, pour un club qui n’a évolué que six saisons en première division pour plus d’un siècle d’histoire.
« La Liga, ce qui nous fait manger »
Problème, Levante UD n’a pas un rond. Le club a été incapable de payer ses joueurs pendant des mois, a évité plusieurs relations administratives et quelques grèves de son effectif. Un effectif construit chaque été avec les moyens du bord, des prêts et des contrats d’un an pour l’essentiel. D’où des mouvements incessants de joueurs. Cet été, la moitié des titulaires de la saison passée est partie, dont le serial buteur Arouna Koné. 11 départs, 9 arrivées. C’est compliqué. Cette Coupe d’Europe n’est donc qu’un bonus. « On doit donner la priorité absolue à la Liga, c’est elle qui nous fait vivre. C’est très excitant de jouer l’Europe, contre des équipes que d’habitude on ne rencontre pas, mais il faut avant tout lutter contre ceux qu’on connaît, Valladolid, l’Espanyol, Málaga » , rappelle Barkero qui, au cours de la saison 2003-2004, avait joué à la fois la Ligue des champions et le maintien lors de la dernière journée avec la Real Sociedad. Priorité absolue au championnat, donc. « Je signe tout de suite pour une élimination dès le premier tour et le maintien en Liga. C’est ce qui nous fait manger » , assurait Juanlu avant le match aller. Ce soir, la bande à Juan Ignacio Martínez a même de quoi s’offrir un petit dessert.
Par Léo Ruiz