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  • Lev Yachine
  • 22.10.1929 – 20.03.1990

Lev Yachine, au-dessus des têtes

Par Raphael Gaftarnik
Lev Yachine, au-dessus des têtes

Gardien unique, Lev Yachine n'aura pas marqué que la planète terre. Depuis 22 ans, un astéroïde portant son nom gravite quelque part entre Mars et Jupiter. Récit d'un passage à la postérité.

Voilà maintenant 26 ans que Lev Yachine a rejoint les cieux. Une saloperie de cancer de l’estomac, et le plus grand gardien de l’histoire du football rejoignait les astres. Tout du moins aux yeux de ceux croyant fermement à l’élévation des corps sans vie vers l’au-delà. Car pour les plus pragmatiques, Yachine n’est qu’un corps de plus enfermé dans une boîte de bois et plongé plusieurs mètres sous terre. Dès lors, faut-il se contenter de quelques cassettes en noir et blanc pour se rappeler au bon souvenir de « l’araignée » ? Pas nécessairement. Les soirs de nuits étoilées, Yachine balade encore sa carcasse dans les airs. Et s’il est difficile de l’apercevoir à l’œil nu, Lev veille au grain, plus solide que jamais. Ce, grâce Lyudmila Zhuravleva, astrophysicienne russo-ukrainienne, qui eut la bonne idée de nommer un astéroïde du nom de l’ancienne gloire de l’URSS et, ainsi, de lui offrir une part d’éternité.

Un soir en Crimée

Comme souvent la nuit, Lyudmila Zhuravleva est installée derrière le télescope. En ce soir d’octobre 1978, l’air est glacial, la température affolante, mais l’astrophysicienne garde l’œil ouvert. Car depuis son poste d’observation, situé à Naoutchnyï en Crimée, a déjà fait de nombreuses découvertes, « plus de 40 » comme elle se le remémore encore aujourd’hui, du haut de ses 69 ans. Là, entre les orbites de Mars et Jupiter, Lyudmila découvre un élément jusqu’alors non étudié : « L’astéroïde présente une orbite caractérisée par un demi-grand axe de 3,15 UA, une excentricité de 0,14 et une inclinaison de 12,2° par rapport à l’écliptique » , affirme la scientifique en rouvrant ses notes. Partie intégrante de la ceinture principale d’astéroïdes, l’objet affiche un beau gabarit, 30 km de diamètre environ.

Alors, Lyudmila s’affaire. La journée du 21, elle revoit les calculs, affine ses résultats et présente fièrement sa découverte à la communauté scientifique. Pourtant, l’inscription de l’astéroïde au MPC (Minor Planet Center), qui recense les corps découverts dans l’espace, attendra : « Pour que la planète soit officiellement reconnue, il faut des données orbitales très précises, jusqu’à la cinquième décimale. Ainsi, ce n’est qu’après que d’autres observatoires ont travaillé sur cet astéroïde, ce qui n’a été fait qu’en 1986, et lui ont affecté de nombres constantes qu’il a pu être clairement déterminé. » Une latence de 8 années, pendant laquelle Yachine profite de sa retraite sportive, avant de subir une amputation de la jambe, conséquence de son goût immodéré pour la clope. La fin d’une vie, mais le début de la postérité.

Discussion de couple

Car des hommages, le gardien en a reçu tout au long de sa carrière, et même après. Seul portier à avoir reçu la distinction du Ballon d’or, nommé meilleur gardien de but du siècle en 1999, désigné plus grand sportif russe du siècle la même année, Yachine n’a cessé d’accumuler les récompenses honorifiques, en plus des statues à son effigie. Et si certaines légendes peuvent se targuer d’avoir autant d’estime populaire, rares sont celles qui ont pu accéder à la reconnaissance céleste. Les conditions d’accès au grand ciel étoilé sont en effet restreintes, comme le détaille Lyudmila : « C’est la personne qui a découvert l’objet en premier qui est chargée de le nommer. Il faut respecter certains règles, comme le fait que ce ne soit pas offensant pour d’autres pays. »

Jusqu’alors, Lyudmila a fait dans le classique : du peintre, de l’actrice (Lyubov Orlova), de la poétesse (Akhmatova), de l’inventeur (Popov, qui inventa la radio russe)… Mais pour cet élément du 20 octobre 78, Lyudmila décide de faire confiance au foyer : « Mon mari Anatoly était un immense fan de Lev Yachine, dont il a regardé tous les exploits au cours des années. Alors, quand je lui ai dit que je devais nommer un nouvel élément, il l’a suggéré. Je savais que ça lui ferait plaisir. » Si l’hommage, décidé après une simple discussion de couple, se veut original, il ne parviendra malheureusement jamais jusqu’aux gants de l’immense gardien. Approuvée en 1994 (foutue latence scientifique) par le MPC, la dénomination intervient après la mort du concerné. Quid de ses proches : « Personne de sa famille ne s’est jamais manifesté auprès de nous. Et je vous avoue que nous n’avons pas cherché à les joindre non plus. » Au fond, qu’importe. Car Lev Yachine est et restera un footballeur unique, de par ses performances et sa présence au-dessus des têtes. Ou presque. Car en 2007, une autre personnalité du monde du football est venue rejoindre la 3442 Yachine dans les airs. Son nom : 33179 Arsènewenger. Sacré tonton.

1963, l’année parfaite de Lev Yachine

Par Raphael Gaftarnik

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