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L’Euro sur un marché provençal en Belgique

Par Émilien Hofman, à Marche-en-Famenne
L’Euro sur un marché provençal en Belgique

Un Euro au pays, ça n’arrive pas trois fois dans une vie, ce qui rend la chose immanquable. Pourtant, depuis mars, les artisans de la Balade Provençale sont en Belgique et savent déjà qu'ils ne verront pas une seule fan zone de leur mois de juin. Pas grave : ils s’acclimatent bien à l’ambiance locale… et même à son équipe nationale.

Bien installé derrière sa devanture, un couple de cinquantenaires sourit aux clients qui s’intéressent à leurs savons. Il faut bien dire que dans un marché où les saveurs de fromage et de saucisson mènent la danse, il est parfois très compliqué d’attirer le badaud pour lui proposer autre chose que de la nourriture. Heureusement, il fait beau en ce vendredi après-midi sur la place du Roi Albert de la petite ville de Marche-en-Famenne, qui figure dans le top 10 des arrondissements belges ayant connu la plus forte croissance du PIB par habitant entre 2000 et 2013. Pour ces artisans, qui sillonnent les villes de Belgique depuis le mois de mars avec leur Balade Provençale, les affreuses dernières semaines ont fait du mal financièrement et désormais, seule la météo compte dans leur planning quotidien. L’Euro ? « Rien à foutre, glisse, enjouée, la vendeuse de savon qui se lève d’un coup pour faire un petit tour de ce marché constitué d’une trentaine d’échoppes. Suivez-moi : je vais vous présenter LE vrai amateur de foot. » À quelques mètres de là, veste de Chelsea sur les épaules, Xavier chipote sur son portable derrière ses nougats de Montélimar à la pistache, au caramel et au spéculoos. « Ça fait un an que je sais que je vais rater l’Euro, regrette-t-il. Heureusement, le premier tour ne sert à rien, c’est maintenant que ça va vraiment commencer ! »

Chapeau de paille et PSG

Milieu de la vingtaine, petite barbe, boucle d’oreille et chapeau de paille, Xavier est le plus fervent des supporters du marché, celui qui râle le plus d’être juste à côté de son pays en plein Championnat d’Europe. Du coup, à chaque match des Français, il s’arrange pour aller jeter un œil dans le café le plus proche de son stand en laissant le soin à sa compagne d’accueillir le client. « Pour le moment ça va, à part contre la Suisse où on a été inexistant. Mais d’après les échos que j’ai d’amis français, c’est surtout au niveau de l’organisation que ça déçoit : les fanzones ne sont pas terribles, puis il y a eu ces histoires de hooliganisme… » Véritable marchand ambulant depuis quelques semaines, Xavier se tient au courant de l’actu des Bleus via son téléphone ou en parlant avec ses clients… mais certainement pas avec son voisin, le boulanger Yannis. « Je suis supporter du PSG, cadre-t-il d’entrée. L’équipe de France, honnêtement, je m’en fous. J’aime autant regarder la Ligue des champions que l’Euro… »

Peu d’enthousiasme pour l’EDF

Mais plus encore que le niveau de jeu de l’EDF, c’est le contexte actuel animant la France qui dérange pas mal de ces expat’ temporaires. « Entre artisans, on n’en parle pratiquement pas, il n’y a pas vraiment d’enthousiasme, déplore Alain, vissé dans sa chaise de camping et qui vend ses petites figurines à quelques mètres du haut-parleur qui balance ses chansons typiquement françaises entre Bourvil, Fernandel et farandole provençale. En fait, les gens sont très déçus de l’EDF, globalement. C’est dur de les revaloriser avec toutes les histoires qu’on a connues… puis voilà Benzema, le contexte politique difficile – c’est d’ailleurs pour ça qu’on doit bosser en Belgique – donc on perd de l’enthousiasme, on ne se dit pas : « Ouaiiis demain ils jouent ! » » Malgré tout, par patriotisme et intérêt pour le sport, Alain jette un regard sur les résumés des matchs dès qu’il revient le soir dans son gîte. C’est la première fois qu’il vit une compétition en étant hors de France. En 2000, il avait même touché le trophée… « Mon voisin à Port-Camargue, c’est Henri Emile, le fameux intendant de l’équipe de France. Entre parenthèses, c’est un bon pote de Louis Nicollin et je peux vous dire que quand celui-là arrive chez quelqu’un, on le sait à 10 kilomètres de là. En 2000, c’est donc grâce à Henri que j’ai pu tenir le trophée Henri-Delaunay en mains ! Il était venu sur les quais de Port-Camargue avec Laurent Blanc et il y avait Barthez, aussi : il devait faire des heures de TIG (rires). »

Affection pour les hôtes

À force de servir le Belge, de discuter avec lui, de le voir vivre ses matchs du premier tour, les différents artisans provençaux ont commencé à se prendre d’affection pour les Diables rouges, même si c’est plus pour l’atmosphère qu’ils provoquent que pour leur niveau de jeu. « On se fait à l’ambiance belge tout en testant leurs produits : on goûte le pecket à Liège, la bière à Binche, affirme Yannis le boulanger.Il y a un réel esprit festif dans ce pays : on sent que les gens sont à 100% sur le foot, contrairement à la France. Quand ils ont gagné contre l’Irlande, ils se sont baladés dans tout le marché avec leurs perruques et des vuvuzelas… c’est pas comme les Russes et les Anglais. » Une habitude belge de l’écran géant, des rassemblements entre supporters et de la chope qui plaît beaucoup aux invités du Royaume. « En France, les sorties de supporters tournent vite à la bagarre alors qu’en Belgique, c’est juste la fête, il n’y a pas de casses, pas d’insultes… » , s’enthousiasme Xavier alors qu’une cliente s’intéresse à son nougat spécial de Montélimar.

« Je pensais que c’était déjà 5-0 »

Une victoire finale de la France, les Provençaux n’y pensent même pas. « De toute façon, je préfère le rugby » , lâche Jean-Michel derrière ses terrines. « Si on atteint la finale, je ne la regarderai même pas, ou alors juste pour sortir boire un verre avec des potes » , rétorque Julien en proposant un morceau de jambon corse. Mais quand on gratte un peu, on se rend compte que l’indifférence ne pourra pas être totale pour tout le monde. « Je placerai ma femme en pointe pour qu’elle me tienne au courant du score contre l’Irlande, confie Alain le pote d’Henri Emile. Et s’il faut, je n’hésiterai pas à aller mettre mon nez dans le bistrot du coin et à foutre le ramdam (rires). » Mais de l’aveu de tous, une victoire de la Belgique en finale serait loin de les déplaire… « Lors du match contre la Suède, on était tranquillement en terrasse pour boire un coup, se souvient Philippe, grand ténébreux qui vend ses tapenades en compagnie de son fils, tout de maillot de la France vêtu. À plusieurs moments, on a entendu de vrais hurlements dans le café. J’ai donc envoyé mon fils voir le score en me disant que ça devait bien être 5-0… Bah non, c’était toujours 0-0, mais les Belges criaient dès que leur équipe récupérait le ballon, par exemple (rires). J’adore cette ambiance ! »

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