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L’Euro ne se joue pas devant
Si les quarts de finale de l’Euro se sont avérés plus prolifiques que les précédents tours, les défenses ont une nouvelle fois décidé de bon nombre de parties. Une constante depuis le début de la compétition.
C’est une maxime que l’on connaît : une grande compétition se gagne d’abord grâce à une défense solide. Pas forcément réjouissante pour les mirettes, la tirade a pourtant largement fait son trou d’un point de vue historique. Et cet Euro n’est pas là pour contrarier l’idée. Si certains ont mis en avant le système à 24 équipes pour justifier les débuts poussifs de la compétition et l’emballement contenu, il semblerait que la robustesse défensive des participants en soit un argument plus valable. Pour preuve : les véritables stars de cet Euro sont à trouver en grande majorité dans les arrière-gardes. Et sur les quatre demi-finalistes, les noms associés aux grosses performances sont aisément identifiables : Pepe, Hummels, Boateng, Williams, Davies, Koscielny (oui, oui…). Autant de blases et de soldats armés pour protéger la forteresse, qui se sont illustrés, au point d’éclipser par moments les cadors offensifs d’ordinaire si souvent loués.
Défense de passer
Niveau statistique, le constat pourrait toutefois se discuter. Au rayon des demi-finalistes, l’Allemagne est la seule à faire figure de bon élève (1 but encaissé, sur penalty), quand les Bleus en ont mangé 4, et les Portugais et Gallois 5. Un but par match, on a connu plus solide. Reste qu’à l’orée des demies, les performances défensives ont plus marqué que les chevauchées offensives. Portugal-Pologne ? Un match où les charnières ont brillé. Allemagne-Italie ? Une rencontre tactique au sommet entre deux blocs ne laissant rien passer. Alors oui, le pays de Galles n’est pas resté invaincu. Mais qui aurait pu anticiper cette frappe de Nainggolan, si ce n’est Hennessey à l’aide d’une détente un peu plus rapide ? Le cas des Bleus, lui, est particulier. Plongés dans l’euphorie d’une victoire trop vite acquise, les hommes de la Dèche se sont relâchés par instant, offrant aux insulaires l’occasion de se refaire la cerise. Umtiti sera tancé pour son marquage lâche, mais force est de constater que les Bleus, hormis ce trou d’air, ont plutôt assuré dans un secteur où les craintes se faisaient grandes avant la compétition.
Défense de bouger ?
Alors, attaques plus faibles ou défenses plus fortes ? Le débat est éternel. Mais s’il fallait trouver un élément de réponse et tirer des enseignements de ces trois semaines de compétition, celui-ci concerne le renouveau des tactiques adoptées. Prisée et utilisée quasi systématiquement, la défense à 4 a fait place à des stratégies plus ambitieuses, ou en tout cas différentes. Sur les quatre dernières équipes en lice, deux ont en effet fait le choix de se parer d’une arrière-garde à trois hommes avec toujours le même ingrédient : trois grands gaillards pour assurer dans le duel. Au pays de Galles, Coleman a sans doute opéré compte tenu de la qualité de ses hommes, ce système ne fonctionnant que grâce aux performances hors norme d’Allen et Ramsey au milieu. Pour Joachim Löw, l’alignement à trois relevait sans doute plus du pari : faire tomber une BBC italienne jusqu’alors irréprochable en tenant une approche plus offensive. Sûr de sa charnière Hummels-Boateng, il a semblé faire le bon choix. Plus pragmatique, Fernando Santos conserve ses quatre larrons, mais compte toujours sur un Pepe stratosphérique pour triompher. Reste DD. Un homme déjà délesté de bon nombre de titulaires, mais qui refusera à tout prix de changer de système. À voir si le choix de la stabilité défensive sera plus efficace que les ajustements adverses basés sur ces stars de la défense.
Par Raphael Gaftarnik