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L’Euro, il faut payer pour voir

Par Nicolas Kssis-Martov
L’Euro, il faut payer pour voir

L'Euro 2020 ou 2021, selon votre école du hashtag, débute enfin. Nous l’attendions avec une certaine fébrilité. Il est censé, après une terrible année de pandémie et de restrictions sanitaires (qui se poursuivent partiellement), contribuer à nous réconcilier avec la vie normale. Sauf que dans l’Hexagone, il faudra payer pour voir, plus de la moitié des matchs en tout cas. Une situation hallucinante qui démontre que le rôle important du football, surtout en cette période, s'avère encore ignoré par nos politiques et piétiné par les diffuseurs.

Voici une exception française dont nous nous serions bien passés. Seulement 23 matchs sur les 51 du tournoi, soit 45%, se révéleront accessibles, en clair, au commun des mortels de France et de Navarre (et si on retire ceux des Bleus, sanctuarisés par la loi, on tombe encore plus bas). Il serait facile de pointer du doigt une pente fatale qui conduirait à basculer toujours davantage la diffusion des rencontres, y compris donc internationales, dans l’escarcelle des chaînes à abonnement. Or, chez nos principaux voisins, les chiffres se révèlent sans pitié : en Allemagne, 80 % du tournoi demeure en libre accès, tandis qu’en Grande-Bretagne et en Espagne, la totalité de l’Euro sera à portée d’yeux du quidam et de sa progéniture.

Faute politique et commerciale

Peu importe finalement sur qui retombe la responsabilité d’une telle situation. D’abord naturellement les diffuseurs, qui continuent de penser leur travail, et leur campagne de « recrutement » en matière de rareté et de privilège, à l’instar de n’importe quelle marque de luxe (qui peut cracher au bassinet aura droit à son direct), sans se préoccuper de réfléchir à la dimension sociale et culturelle de leur « produit » , qui fonde finalement sa vraie valeur. Sans oublier le risque de réduire la clientèle, ou la conduire à opter pour des stratégies de contournement (streaming, etc.). Ensuite, l’État et la représentation nationale, qui n’arrivent toujours pas à concevoir l’accès aux grandes compétions comme un bien commun. Réduire la « garantie » au service minimum de la sélection nationale et des finales illustre une perception étriquée et erronée de la fonction essentielle de ce type d’événement. Il ne suffit pas de rendre visite aux Bleus à Clairefontaine pour embrasser l’ensemble des enjeux que charrie pareil événement.

Un amour d’été

À ces logiques de fond s’ajoute bien sûr le contexte. Alors que la menace de la Superligue plane toujours, comment tolérer que chez nous le foot des nations, presque le vaccin au variant Florentino Pérez, se retrouve à ce point rabaissé à un lot pour beIN ou autres diffuseurs. Il paraîtrait que les gamins ou les gamines, la jeunesse plus largement, regardent de moins en moins le ballon rond rouler durant 90 minutes, ou le consomment différemment. En attendant les véritables enquêtes pour étayer cette impression fort opportune, n’est-ce pas pure folie que de les priver de la possibilité d’y goûter de nouveau, au moment où justement nous sortons un peu la tête de l’eau et nos corps du confinement (les bars sont rouverts, et jusqu’à 23 heures).

N’était-ce pas une occasion inespérée de proposer de nouveau le foot dans sa profondeur historique et géopolitique (allez expliquer ce qu’est la Macédoine du Nord ou pourquoi l’Écosse constitue le rival de l’Angleterre). Bref, un bon outil pédagogique afin d’exposer la véritable diversité culturelle de ce sport. Une richesse, parfois aride, mais qui n’a pas été encore entièrement ramassée dans un quelconque Big 4 et ses plus-values. À travers cet amour d’été, il y a la possibilité de réapprendre une forme plus subtile et exigeante de passion footballistique, qui finalement pourrait même amener à regarder autrement une Ligue 1 qui aura bien besoin de se sentir désirable ces prochains mois. On nous a tant vanté ce format géographiquement éclaté d’un Euro adepte de la Grande Europe, de Londres à Bakou, propagande en acte d’un Vieux Continent qui se vit au-delà de l’Union européenne, et qui n’ignore aucun de ses points cardinaux. En France, cette promesse sera indexée sur les matchs qu’il sera possible de regarder. Un beau gâchis pour quelques euros.

Force en présence, groupes, cotes des bookmakers, nous avons analysé toutes les infos pour vous donner nos pronostics sur Qui va gagner l’Euro 2020.
Targhalline : « Je n’avais pas d’autre choix que de réfléchir plus vite »

Par Nicolas Kssis-Martov

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