- Rétrospective
- Euro 2000
L’Euro 2000 était-il le meilleur ?
Par Thomas Goubin
L'Euro 2000 a secoué sévère. De là à dire que c'était le meilleur Euro ? Peut-être. Le plus renversant, sans aucun doute. Retour sur ce beau millésime co-organisé par la Belgique et les Pays-Bas, via cinq matches de oufs !
Angleterre-Portugal (2-3)Scholes, Shearer, Owen, Beckham, Ince, McManaman… Solidement armée, l’Angleterre se présente légitimement avec des prétentions de tête à couronner à l’Euro 2000. Dès la troisième minute, les Three Lions confirment que cette fois pourrait enfin être la bonne, en ouvrant la marque via Scholes. Un quart d’heure plus tard, McManaman double la mise. En face, il y a pourtant du lourd : Figo, Rui Costa, João Pinto et un Nuno Gomes qui réalisera le meilleur tournoi de sa carrière. Tellement lourd que l’Angleterre se fait rejoindre au score avant même de regagner les vestiaires. À l’heure de jeu, Nuno Gomes donne le but de la victoire au Portugal. Après vingt minutes idylliques, à soulever l’enthousiasme de ses compatriotes les plus sceptiques, usés par tant de promesses non tenues, l’Angleterre vient d’ajouter un nouveau chapitre à son anthologie de la désillusion. Malgré une victoire, lors du deuxième match de poule, sur une Allemagne qui ne s’était pas encore réinventée, Beckham et consorts ne passeront pas le premier tour. Un but de la Roumanie inscrit sur pénalty à la 89e minute les éliminera (score final, 2-3). Too bad !
RF Yougoslavie – Espagne (3-4)L’Espagne pouvait bomber le torse. Ses clubs brillaient : le Real Madrid venait de l’emporter en finale de la Ligue des champions face au FC Valence. Sa sélection avait fière allure : Mendieta dans la forme de sa vie, Raúl qui venait de planter 10 buts en Ligue des champions, et les vieux sages Hierro et Guardiola pour tranquilliser les bases arrières de la sélection. Sauf que la Roja, aussi bien équipée soit-elle, se révèle toujours un aussi calamiteux conducteur sur le chemin qui mène de la théorie à la pratique. D’entrée, l’Espagne se prend les pieds dans le tapis face à la Norvège (0-1). Elle arrachera sa qualification in extremis au terme d’un match dingue face à la Yougoslavie de Savo Milošević, co-meilleur buteur de l’Euro avec Patrick Kluivert. Menée au terme du temps réglementaire et virtuellement éliminée, la Roja plante deux buts dans les arrêts de jeu pour se qualifier. En quarts, la France lui rappellera comment se gère un match à élimination directe.
France – Portugal (2-1 a.p)Un Ibère peut en cacher un autre. Après avoir sorti l’Espagne dans la difficulté, les Bleus doivent en découdre avec un séduisant Portugal. La rencontre tient toutes ses promesses, mais la victoire tarde à choisir son camp. Nuno Gomes a ouvert le score à la 19e minute, et Henry lui a répondu en début de deuxième période. On se dirige vers une séance de tirs au but, quand le très discret défenseur Abel Xavier, cheveux et bouc teintés d’un infâme blond péroxydé, lutte à nouveau avec succès contre l’anonymat en détournant de la main un ballon devant sa ligne de but. Les Portugais s’indignent, mais l’arbitre maintient sa décision, et Zidane parachève l’un de ses meilleurs matches en Bleu en plantant son pénalty à la 118e minute. Les Lusitaniens crient à l’injustice, si fort que Nuno Gomes sera suspendu huit mois, Paulo Bento, six, et la vedette, Abel Xavier, neuf mois.
La tendance se confirme : cet Euro affectionne les dénouements tardifs … Italie – Pays-Bas (0-0, 3-1 t.a.b)Sans doute le match le plus irrationnel de l’histoire de l’Euro. Pays hôte écrasant, les Pays-bas se voient déjà brandir le trophée devant une marée Oranje. Vainqueur de l’ensemble de leurs rencontres, les Davids, Bergkamp et consorts viennent de mettre un set à la Yougoslavie en quarts (6-1). En demi-finale, face à l’Italie, le match semble plié dès la 34e minute, quand Gianluca Zambrotta se fait exclure. Autant Italie soit-elle, comment pourrait-elle résister à un compartiment offensif si détonnant ? Il lui faudrait compter sur une réussite folle. Celle qui allait fuir les Oranje jusqu’à l’acharnement. Cinq minutes après l’exclusion de Zambrotta, la Hollande obtient un pénalty. Franck de Boer s’élance, et Francesco Toldo détourne. En deuxième période, l’arbitre désigne à nouveau le point d’exécution. Kluivert frappe et le poteau repousse sa tentative. Les crânes hollandais commencent à voler en éclats. Quand le moment de la séance de tirs au but survient, l’Italie bénéficie d’un évident avantage psychologique. Kluivert sera le seul Batave à tromper Toldo. La Squadra est en finale. France – Italie (2-1 a.p)Avant de parvenir en finale, l’Italie de Del Piero et du jeune Totti n’a pas encore réalisé de match référence. Sa victoire insensée sur les Pays-Bas lui donne toutefois une sacrée raison de croire en sa bonne étoile. C’est d’ailleurs habitée de cette confiance de publicitaire sous coke que l’Italie se présente face aux champions du monde en titre et favoris. Dans une finale de très haut niveau, la Squadra se montre la plus menaçante, mais ne place qu’une seule occasion au fond des filets, via Delvecchio (55e). Totti et Del Piero ont beau oublier que le réalisme, quand il s’agit de football, est italien, les minutes défilent et rapprochent la sélection de la Botte de son deuxième sacre européen. La suite de l’histoire est connue : les buts de Wiltord et Trézeguet, et le champagne rebouché à l’est des Alpes. La dernière minute fait aussi soixante secondes.
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La tendance se confirme : cet Euro affectionne les dénouements tardifs … Italie – Pays-Bas (0-0, 3-1 t.a.b)Sans doute le match le plus irrationnel de l’histoire de l’Euro. Pays hôte écrasant, les Pays-bas se voient déjà brandir le trophée devant une marée Oranje. Vainqueur de l’ensemble de leurs rencontres, les Davids, Bergkamp et consorts viennent de mettre un set à la Yougoslavie en quarts (6-1). En demi-finale, face à l’Italie, le match semble plié dès la 34e minute, quand Gianluca Zambrotta se fait exclure. Autant Italie soit-elle, comment pourrait-elle résister à un compartiment offensif si détonnant ? Il lui faudrait compter sur une réussite folle. Celle qui allait fuir les Oranje jusqu’à l’acharnement. Cinq minutes après l’exclusion de Zambrotta, la Hollande obtient un pénalty. Franck de Boer s’élance, et Francesco Toldo détourne. En deuxième période, l’arbitre désigne à nouveau le point d’exécution. Kluivert frappe et le poteau repousse sa tentative. Les crânes hollandais commencent à voler en éclats. Quand le moment de la séance de tirs au but survient, l’Italie bénéficie d’un évident avantage psychologique. Kluivert sera le seul Batave à tromper Toldo. La Squadra est en finale. France – Italie (2-1 a.p)Avant de parvenir en finale, l’Italie de Del Piero et du jeune Totti n’a pas encore réalisé de match référence. Sa victoire insensée sur les Pays-Bas lui donne toutefois une sacrée raison de croire en sa bonne étoile. C’est d’ailleurs habitée de cette confiance de publicitaire sous coke que l’Italie se présente face aux champions du monde en titre et favoris. Dans une finale de très haut niveau, la Squadra se montre la plus menaçante, mais ne place qu’une seule occasion au fond des filets, via Delvecchio (55e). Totti et Del Piero ont beau oublier que le réalisme, quand il s’agit de football, est italien, les minutes défilent et rapprochent la sélection de la Botte de son deuxième sacre européen. La suite de l’histoire est connue : les buts de Wiltord et Trézeguet, et le champagne rebouché à l’est des Alpes. La dernière minute fait aussi soixante secondes.
Par Thomas Goubin