«Leur transport de bétail, je leur laisse»

Avec vos camarades, vous n’irez donc pas à Marseille le 20 novembre. C’est définitif alors ce boycott ?

Oui. A l’image du Virage Auteuil, la mouvance indépendante du Kop Of Boulogne ne se rendra pas au Vélodrome le 20 novembre. C’est logique quand on y repense d’ailleurs.

C’est à dire ?

C’est nous prendre pour des cons. Fin octobre déjà, la Ligue se plante avec le premier déplacement. Je suis désolé, mais les évènements du dimanche sont le résultat de la gestion calamiteuse du match. Le samedi, quand on part, le match est officiellement maintenu. La LFP soutient mordicus que tout roule. Et le dimanche, une fois dans le coin, le match est annulé. Forcément, ça part en vrille. Après oui, certains étaient descendus pour se filer. Mais si le match avait eu lieu, il n’y aurait pas eu autant de Parisiens lâchés dans la ville. Des mecs qui se foutent sur la gueule, il y en a toujours eu, il y en aura toujours. Là, vu l’organisation et la gestion de la Ligue, c’était envoyer 800 à 1000 mecs dans la gueule du loup. C’était inéluctable. L’occasion était trop belle et historique.

Concrètement, qu’est-ce-qui pose problème avec le 20 novembre ?

Tout. L’organisation est honteuse. On nous ordonne de prendre le train, à telle heure, à partir de telle gare. On bafoue nos libertés d’aller et venir. D’autant que le TGV est rempli de flics et de RG. En gros, c’est train-stade-train. Moi, je ne me déplace pas pour être parqué comme un animal. D’autant que la mentalité est de tout faire en indépendant. Là, on est à l’opposé des postulats du milieu. C’est une gestion calamiteuse. La Ligue ne s’est pas remise en question. Quand on les écoute, les fautifs, c’est nous et seulement nous. En réalité, on a seulement profité des failles du système. C’est pas notre boulot de faire la police. Là, pour se rendre à Marseille, il faut poser son vendredi. Lors du premier déplacement, on a fait quoi pour les gens qui avaient posé leur lundi ?

Mais suite aux incidents, c’est logique de prendre des mesures drastiques, non ?

Oui et non. On n’est quand même pas obligés de suivre leur plan ? Quand je vais au cinéma, on ne m’impose pas le trajet, le moyen de locomotion ni la place. On est des citoyens comme tout le monde. Là, nous sommes traités comme des sous-citoyens, des pestiférés. Et puis c’est quoi ce délire de 1000 places ? A l’aller, on part pour être 2000, et trois semaines après on laisse 1000 mecs sur le carreau. Pour quels motifs ? D’autant que la réciprocité ne sera pas la même pour la venue des Marseillais en mars. Eux, ils pourront venir à 2000 tranquillement. Où est la réciprocité ?

Mais quel est le but d’un tel boycott ?

On démontre qu’on est à la solde de personne. Là, le contingent de Parisiens venant de la capitale sera minime. Le parcage ne ressemblera à rien. Aucune ambiance. C’est un gâchis compte tenu de la folie que ça aurait dû être fin octobre. Mais on a tous des boulots, des vies. Ce n’est pas la Ligue qui va nous dicter comment et quand aller à un match. C’est une décision difficile de ne pas aller supporter son club, surtout à Marseille. Mais à un moment donné, faut arrêter de prendre les gens pour des cons. Leur transport de bétail pour aller au stade, je leur laisse.

Vous ne redoutez pas d’être encore montrés du doigt ?

Une fois de plus ou de moins, on n’en a rien à foutre. Ce plan en train imposé par les pouvoirs publics, c’est du vent. Concrètement, le PSG Club Var, il va faire comment ? Les mecs vont remonter sur Paris pour se rendre à 150 bornes de chez eux ? Bravo le plan. D’autant que rien n’empêche les gens d’y aller par leurs propres moyens. Le PSG déclare que seuls ceux qui prendront le train rentreront au stade. Mais si on y va de notre côté, qu’on arrive sur Marseille. Ils vont prendre le risque de nous laisser dehors ? Je ne pense pas. C’est foireux leur plan. Avant, ça se passait bien, et là, ils ont voulu innover. On a vu le résultat.