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Lettre d’un supporter de l’OM à Steve Mandanda

Par Habib Bensetti
5 minutes
Lettre d’un supporter de l’OM à Steve Mandanda

Steve Mandanda vit une période compliquée depuis sa mise sur la touche par Jorge Sampaoli au profit de Pau Lopez. Une triste fin pour celui qui a porté à 597 reprises le maillot marseillais, ce qui en fait le joueur le plus capé de l'histoire du club. Une lettre d'amour pourrait l'aider à retrouver un semblant de sourire.

Cher Steve,

Alors que ton équipe joue son dernier match de Ligue Europa face au Lokomotiv Moscou ce jeudi, une fois de plus j’aimerais te voir fouler la pelouse de ton jardin, le Vélodrome. Je donnerais tout pour entendre la douce et légère voix d’Éric Di Méco hurler : « Oh la magnifique parade de MANNNNNDANNNDA ! » En quelques semaines, tu es passé d’El fenomeno à un sombre remplaçant de Ligue 1 tel un vulgaire Alexandre Letellier, Marc-Aurèle Caillard ou Jessy Moulin. En début d’année, nous avons vu débarquer un petit Argentin chauve pugnace qui souhaitait te mettre en concurrence. C’est désormais au placard qu’il a rangé tes gants. Mais ça n’effacera pas de ma mémoire, au grand jamais, les souvenirs que j’ai de toi mon ange gardien, les 597 fois où tu as défendu nos cages.

Tu as débarqué en provenance du Havre après un essai foireux à Aston villa, comme si ton cœur était déjà à Marseille. Tu arrives avec l’étiquette de doublure de Cédric Carrasso à l’été 2007, seul Nostradamus aurait alors pu imaginer que tu deviendrais une légende de l’Olympique de Marseille. Ce jour d’un Algérie-Brésil, ce fameux 22 août 2007, ton destin bascule, Carrasso se rompt les ligaments, voici le temps de montrer enfin ton talent. Trois jours plus tard, le 25 août 2007, au stade Michel-d’Ornano de Caen, pour la première fois, tu portes tout fier le maillot frappé de notre si belle étoile.

Après l’euphorie du premier match, il est rapidement devenu évident que l’OM ne pourrait pas se passer d’un portier de cette envergure. Les observateurs lucides avaient la certitude que tu prendrais la suite de Fabien Barthez dans le cœur des supporters marseillais et ils ne s’étaient pas trompés. Enfin si, ils se sont trompés. Tu n’as pas succédé à Fabien Barthez, c’est lui qui t’a précédé.

Encore aujourd’hui, il m’est difficile de ne pas me lamenter quand je vois la dégaine du mec qui s’est installé à ta place. Un Espagnol qui a le chef-lieu des Pyrénées-Atlantiques à la place du prénom, qui, lorsqu’il était à la Roma, n’était nulle part ailleurs que dans le rétroviseur du grand et talentueux Robin Patrick Olsen. Même si l’on dit que l’amour rend aveugle, ce n’est pas mon cas. Parfois, tu m’as agacé par ta propension à ne stopper que très rarement les penaltys, ou lors de cette finale de Ligue Europa où tu aurais dû envoyer un missile dans les cieux lyonnais au lieu de faire un cadeau à l’Atlético. Lorsque feu René Malleville s’était emporté à ton encontre, je n’étais pas de son avis, mais pour lui rendre hommage, je veux bien repasser ce merveilleux moment.

Généralement, au Vélodrome, quand par malheur un avant-centre parvenait à se faufiler entre les lames de Beye, Heinze ou Kamara, et que ta main ne faiblissait pas, le public scandait le magnifique chant en ton honneur « Ohhhhhh, El fenomeno, El fenomeno, El fenomeno, Mandandaaaaaaaaa » Une belle carte, dans une carrière où tu ne m’auras pris à contre-pied qu’une seule et unique fois, lors de ton départ vers Crystal Palace. Je ne pensais plus te revoir à l’OM, mais là-bas, ta Méditerranée te manquait, et ce n’est pas la Tamise qui allait te réconforter. Tes débuts en fanfare sont rapidement éclipsés par une blessure. Dès lors, tu subis le même sort qu’avait connu Carrasso neuf ans auparavant, lors de ta venue. C’est le Gallois Wayne Hennessey, avec son nom d’eau-de-vie, qui te subtilise ta place.

L’appel du Vélodrome était trop fort et tu n’as pas hésité une seconde à revenir chez toi. Une place bien au chaud t’attendait dans les buts du Vélodrome. Quatre années se sont écoulées depuis ton retour, et je me délectais encore de tes fabuleuses horizontales jusqu’à ce début septembre où tu es venu poser ton arrière-train sur le banc des remplaçants.

Tu en conviendras aisément, il est préférable pour toi de connaître une fin de route différente que celle que tu vis à l’heure actuelle. On ne traite pas une légende de la sorte, celui qui a porté le plus souvent le maillot de l’Olympique de Marseille ainsi, mais la cruauté du football est terrible, et l’amnésie frappe la grande majorité des acteurs de ce sport.

Ne pas te voir jouer une 598e fois sous les couleurs de l’OM me chagrine, cela m’est insupportable, mais je dois certainement me rendre à l’évidence, Sampaoli se tape royalement de cette situation et finira par avoir ta peau. Cette saison pourrait être ta dernière à l’OM, mais sache que tu n’es pas fini à mes yeux. Edwin van der Sar est arrivé à Manchester United à 35 printemps, il en est parti à 41 avec une Ligue des champions et quatre Premier League dans la besace. Pourquoi pas toi ?

En treize saisons sous la tunique marseillaise, tu auras été élu meilleur gardien de l’année de Ligue 1 cinq fois (2008, 2011, 2015, 2016 et 2018), soulevé un titre de champion de France (2010), trois Coupe de la Ligue (2010, 2011, 2012), deux Trophées des champions (2010, 2011) et le graal pour tout footballeur de cette planète, une Coupe du monde avec les Bleus en 2018. Il y a ceux qui pensent que ce Danemark-France était une purge et puis il y a nous, qui nous sommes délectés de ton brillant clean sheet.

À Marseille, il n’y a que la Bonne Mère qui est éternelle. Toi, tu es bien plus que cela.

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Par Habib Bensetti

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