- C1
Lettre d’excuse à la nouvelle Ligue des champions
Avec l’inflation de son nombre de matchs et sa phase de Ligue sous la forme d’un groupe unique à 36 clubs, le nouveau format de la Ligue des champions avait de quoi en rebuter plus d’un. Et comme il n’y a que les idiots qui ne changent pas d’avis, il est temps de présenter quelques excuses.

Chère Ligue des champions,
Depuis 20 ans, tu n’avais pas changé. Ta phase de groupes à 32 équipes, réparties en huit poules, n’était certes pas parfaite. Elle était, néanmoins, profondément ancrée dans nos habitudes, au point que l’on pouvait penser qu’elle n’évoluerait plus. Alors, quelle ne fut pas notre surprise lorsque tu as annoncé que 2024 serait l’année du lifting. Encore plus de participants (36 désormais), pour faire toujours plus de place aux représentants des grands championnats, les autres étant soigneusement invités à s’amuser en Ligue Europa et en Ligue Conférence. Encore plus de matchs qu’avant, aussi, avec une « phase de Ligue » à huit journées, de quoi provoquer – y compris chez les plus gloutons – une indigestion avant même le printemps. Et, pour couronner le tout, un gigantesque classement unique, au sein duquel tous les adversaires ne s’affrontent pas. En bref, cette nouvelle formule était aberrante à plusieurs égards, ne générant pas, chez nous, la moindre once d’attente ni d’enthousiasme. Aujourd’hui, C1, nous te devons quelques excuses. Car nous nous étions trompés.
Ta phase de Ligue n’est pas encore terminée, mais il faut en effet admettre qu’elle a su, semaine après semaine, nous séduire. Grâce à certaines affiches hautes en couleur, déjà. Rien que la semaine dernière, l’étourdissant Benfica-Barcelone (4-5) et le palpitant duel de la peur entre le PSG et Manchester City (4-2) n’ont eu aucun mal à nous tenir en haleine, battant en brèche la crainte selon laquelle l’accumulation des matchs engendrerait purge sur purge. Surtout, ce format inédit jouit d’un double mérite qui, à première vue, nous avait échappé : il récompense les petits jouant crânement leur chance et tire les oreilles des cadors trop suffisants. Désormais, toutes les équipes sont logées à la même enseigne, puisqu’elles croisent obligatoirement la route de deux formations issues de chacun des quatre chapeaux.
RAPHINHA SAUVE LE BARÇA C’EST FOU ⚡️
Quel match dingue entre Benfica et Barcelone ça fait NEUF BUTS ! ⚽️#SLBFCB l #UCL pic.twitter.com/ybYkHFZAKO
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) January 21, 2025
Un multiplex XXL à ne rater sous aucun prétexte
Dans une poule de la Ligue des champions ancienne version, le novice brestois (placé dans le chapeau 4 au moment du tirage au sort) aurait assurément eu du mal à exister. Mais l’évolution du format a permis aux hommes d’Éric Roy de prendre confiance face au Sturm Graz (2-1) et à Salzbourg (0-4), avant de continuer à déjouer les pronostics avec une bluffante décomplexion. Auparavant protégés par leur statut de tête de série, souvent suffisant pour sécuriser un strapontin qualificatif pour les huitièmes de finale sans avoir à trop forcer, Paris, le Real Madrid, le Bayern Munich ou encore City ont, quant à eux, été inhabituellement chahutés par un calendrier qui ne les épargne plus. Et même ceux qui sont déjà qualifiés ont tout intérêt à ne pas se relâcher, car leur place finale aura une réelle incidence sur la phase à élimination directe.
18 games in one night 🤯 Wednesday 🍿#UCL pic.twitter.com/OQjiMiwH2G
— UEFA Champions League (@ChampionsLeague) January 27, 2025
Après sept journées, les Skyblues (25es) sont, pour leur part, provisoirement éliminés, contrairement à Stuttgart (24e), autre agréable surprise de ces premiers mois de compétition. L’horizon européen des deux clubs – et celui de tant d’autres – sera plus clair mercredi soir, au terme d’un multiplex XXL de dix-huit matchs que l’on ne ratera sous aucun prétexte. Au fond, il ne manque sans doute plus à cette phase de Ligue qu’un dénouement en forme de feu d’artifice, avec des buts à profusion et d’improbables retournements de situation aux quatre coins de l’Europe, pour définitivement nous conquérir. Bien sûr, il ne s’agit pas d’être dupe. C1, si tu as été remodelée, c’était avant tout pour être encore plus lucrative. En l’espèce, tes intérêts économiques n’ont cependant pas nui à ton attractivité sur le plan sportif, et on ne peut que s’en réjouir. Puisses-tu, chère Ligue des champions, pardonner notre jugement un peu trop hâtif. Puisses-tu, surtout, continuer à nous faire vibrer jusqu’en mai.
Par Raphaël Brosse