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L’étonnant retour de Moussa Sissoko
Appelé pour la première fois depuis deux ans, Moussa Sissoko est la surprise du groupe de Didier Deschamps. Titulaire contre le Japon, le Toulousain avait disparu de la circulation. Eclipsé par Capoue, critiqué pour sa technique, Mouss' reste avant tout un potentiel.
Moussa Sissoko n’avait pas été appelé en équipe de France depuis le 11 août 2010, date à laquelle il avait porté pour la troisième fois le maillot bleu, contre la Norvège. Entre-temps, le milieu de terrain a connu des performances en dents de scie avec le Téfécé, et laissé les Bleus loin derrière lui. Ou dans un coin de sa tête : « Cela faisait longtemps que je ne voyais pas mon nom apparaître sur la liste. Mais j’ai toujours gardé espoir, explique-t-il. J’avais 18-19 ans quand j’ai intégré pour la première fois l’équipe de France. Il y avait de très grands joueurs à l’époque et tout cela n’a pas été facile à digérer. Je manquais de maturité et de constance. » Contre le Japon, Sissoko a débuté à côté d’Etienne Capoue, ce copain et coéquipier qui l’éclipse depuis deux ans. « Peut-être que la sélection de Capoue lui a donné des idées, l’a stimulé, il s’est dit qu’il ne devait pas laisser passer sa chance » , avance Paul, supporters des Indians, le groupe chargé d’animer tant bien que mal le Stadium.
Monstre physique, chèvre technique
Dans un club qui tourne bien, un peu mieux, plus régulier, encouragé par son coach, il a aujourd’hui repris confiance. Au soir de la 3e journée, après son but contre Nancy, Casanova expliquait sa bonne passe. « Cela me fait plaisir pour lui. Il a un état d’esprit remarquable. Il est dans sa dernière année de contrat. Il s’est remis en question. Il a pris conscience qu’il devait être plus régulier s’il voulait donner une bonne orientation à sa carrière. Il fait un bon début de saison. Son but vient couronner ses bonnes performances. » Un Alain Casanova qui n’avait pas de doute quant à sa future sélection. Le jour de l’annonce de la liste, il annonçait deux heures plus tôt : « Je pense que Moussa retournera en équipe de France un jour ou l’autre. » Prémonitoire. Deux heures plus tard, le sélectionneur Didier Deschamps l’appelait. Et Moussa Sissoko a retrouvé avec plaisir Clairefontaine. Il a même débuté contre le Japon pour une prestation qu’on va qualifier de correcte.
L’an passé, c’était pourtant devenu l’un des gimmicks de Sissoko, et le premier sujet d’exaspération des supporters du TFC au Stadium : le voir s’approcher, hésitant, de la surface de réparation adverse et, après une conduite de balle aléatoire, le voir la perdre bêtement. « C’est vrai qu’à l’approche des 20 mètres, ses hésitations techniques, sa conduite de balle peuvent frustrer, ajoute Paul. Mais physiquement, à la récupération, il est énorme, il se bat, il a un abattage monstre, il est partout. » Oui, Moussa Sissoko est un monstre physique, un coureur. Et manque parfois de justesse à l’approche du but adverse. Didier Deschamps l’a pris en connaissance de cause et a aisément justifié son choix : « Moussa a toujours fait partie de la liste élargie. C’est un joueur de qualité avec du potentiel, une bonne puissance athlétique. Comme Capoue, il fait un bon début de saison avec Toulouse. J’ai envie de le voir de plus près et c’est une forme d’encouragement pour qu’il soit encore plus performant dans l’avenir. » Paul des Indians le confirme, porter le maillot bleu doit l’aider à revenir au premier plan : « L’EDF est pour lui une opportunité de reprendre définitivement confiance et de se lâcher. Ce n’est pas une suite logique ou l’aboutissement de deux années au top. Je suis content pour lui, ça doit l’aider mentalement à repartir. »
Soutien de Brice Taton
Aux abords du Stadium, ils auraient pu être nombreux à se déclarer enthousiasmés par cette sélection. Car Moussa Sissoko est très apprécié. En fin de contrat l’été prochain, les supporters n’aimeraient pas le voir partir gratuitement : « On espère qu’il va prolonger à Toulouse, c’est un bon gars. Il nous a apporté tout son soutien après la mort de Brice Taton, c’est l’un des joueurs les plus proches de nous » , explique Paul, avant d’ajouter : « N’oublions pas qu’il n’a que 23 ans. » En revanche, l’ancien capo des Indians a aussi sa petite idée sur la façon de l’utiliser au mieux : « Avec deux milieux techniques autour de lui. »
Par Antoine Mestres