- Serie A
- Bari/Catane
L’éternel sursis du Catania
Cet après-midi à Bari, le Calcio Catania jouera l'énième partition d'une symphonie qu'il connaît par coeur. Chez la lanterne rouge de la Série A, l'équipe de Diego Simeone tentera de décrocher sa première victoire à l'extérieur de la saison. Celle qui le mènera vers un maintien presque assuré...
Cinq ans que ça dure. Cinq longues saisons où le Calcio Catania sauve sa tête en fin de championnat, parfois même lors de la dernière journée. La survie est comme une seconde vie pour les Rossoazzurri. Quand ils sont remontés en 2006, ils n’avaient plus mis les pieds en Série A depuis vingt trois ans. En presque quatre-vingt ans d’existence, ce cru 2010/11 n’est que le quatorzième parmi l’élite du Ghiocco Calcio. Quand ils atteignent l’éden il y a cinq ans, Pulvirenti et Lo Monaco, ci-devant président et directeur sportif de la société sicilienne, savent que leur présence en Série A tient de l’incongruité. Au-delà de leur propre cas (au mieux trois fois huitième de l’élite transalpine durant les années 60), c’est toute l’histoire du foot du sud de la Botte qui connaît l’infernale vertige des montagnes russes, des descentes à répétition et des remontées fulgurantes : Reggio, Messine, Bari, Lecce, Palerme et même Naples et Cagliari, pourtant champions d’Italie en leur temps. Comme une métaphore spectaculaire d’un pays qui vivrait à deux vitesses.
Quand débute l’année 2007, Pasquale Marino, l’entraîneur de la remontée, croit encore en son étoile. Les insulaires pointent à une improbable quatrième place. Le foot sicilien pérore, trois équipes sont en Série A (pour la première fois de l’histoire) et Palerme arrive au Cibali auréolé d’une place de dauphin. L’aller (5/3 pour l’équipe de Zamparini) a été chaud, le retour, pourtant avancé en fin d’après-midi un vendredi, sera mortifère. On connaît la suite : une émeute urbaine, des millions de dégâts et un policier tué. Le Catania est alors tenu de jouer tous ses matchs à domicile sur le…continent…à huis-clos. En ce 4 février et la fin du Campionato, les Rossoblù ne gagneront plus que deux matchs dont le dernier « a casa ». Une victoire contre le Chievo qui l’empêchera de sombrer à l’étage inférieur. Ce que le club îlien gagnera en culture de survie dans un univers hostile, il le perdra en projet à moyen et long terme. Pulvirenti et Lo Monaco avaient prévu de laisser du temps à Pasquale Marino et à son jeu offensif à tout va. Ils devront laisser la place à une grinta tous azimut sauce italienne, serbe ou argentine…
Exsangue, Marino rebondira à l’Udinese puis cette année à Parme. A partir de cet instant, le binôme qui gère le Catania va se faire une spécialité des saisons « double cheese », comme pour résumer sa saison originelle : Walter Zenga viendra remplacer Silvio Baldini en avril 2008, Sinisa Mihajlovic (parti ensuite une fois le maintien acquis à la Viola) fera de même avec Gianluca Atzori au début de l’an dernier et Diego Simeone vient de se substituer à Marco Giampaolo en janvier de cette année. Seul Zenga a fait un exercice complet (2008/09) avant de convoler avec la voisine d’en face, l’US Palermo Citta. Au reste, cette propension des coachs à se servir du Catania comme d’un marche-pied pour leur carrière future, possède un avantage considérable, éviter que le message ne se rouille. Comme l’effectif a beaucoup bougé depuis la montée il y a cinq ans, le mental de guerrier ne s’érode pas avec le temps. Mascara, l’emblème des premières années, est parti début 2011 toucher des points retraites sur la panchina du Napoli. Catane, en revanche, est devenu avec le temps un élevage d’Argentins puisqu’ils sont quatorze dans l’effectif, c’est Simeone qui doit être content.
Le week-end dernier, les Rossoazzurri ont explosé leurs frères ennemis de la cote du Palermo (4-0) au Massimino. C’était la première fois que les supporters rosaneri revenaient à Catane depuis la mort de Filipo Raciti, le policier mort en février 2007. « C’était une belle fête et les fans des deux camps sont à féliciter » plastronnait Pulvirenti après la rencontre. Il demeure, la plus faible équipe à l’extérieur du championnat italien (4 nuls) se donnait de l’oxygène. Cinq points d’avance sur le premier relégable. « Encore deux victoires et on sera sauvé » déclarait de son côté un Diego Simeone au Giornale di Sicilia. Ne manque plus que deux victoires pour qu’ « El Cholo » soit rassuré. Pas sûr que cet après-midi à Bari, pourtant déjà virtuellement condamné, tout soit si simple. « Une équipe qui gagne à Parme est forcément à prendre au sérieux » ajoutait pour sa part Matias Silvestre, le capitaine, argentin et suspendu, du Catania. Avec Andujar (le gardien de l’Albiceleste), Augustyn (un jeune défenseur polonais) et quelques autres adeptes de l’asado (comme Ricchiuti, Izco, Carboni et l’inévitable Maxi Lopez), il fait partie de ces joueurs que la société sicilienne pourra vendre au plus offrant quand le besoin s’en fera sentir comme pour le Péruvien Vargas à la Fiorentina ou l’Uruguayen Martinez à la Juve, deux affaires juteuses. A moins que Diego Simeone ne s’y oppose mais pour ça, il faudra qu’il reste. Et que les sirènes du Nord ne claironne pas trop fort…
Par