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Let the Dogues out !
Opposé à l'Ajax jeudi soir, le LOSC, leader de Ligue 1, a une occasion parfaite de tester ses limites et de mesurer son évolution un peu plus de quinze mois après avoir été découpé à deux reprises par les hommes d'Erik ten Hag. Ce qu'on sait : ce choc excite les papilles.
Souvenez-nous de cette nuit de septembre 2019 et de ce match cruel, que Christophe Galtier avait pourtant abordé avec un doux espoir : « Un tel match, ça doit transcender, transformer… » C’était il y a dix-sept mois, une éternité en football, mais difficile d’oublier la leçon d’expérience reçue à l’époque par le LOSC à Amsterdam au cours d’une soirée où les Dogues avaient pourtant eu des flèches pour transpercer la pomme les premiers avant de se faire éparpiller (3-0). « C’est ce match qui me donne le plus de regrets, soufflait encore cette semaine un Galtier invité à déplier ses souvenirs européens par L’Équipe. On aurait pu rentrer avec deux buts d’avance à la pause. Quand je les vois aujourd’hui, je suis admiratif qu’ils prennent autant de risques. Je n’oublie pas non plus qu’il y aura deux matchs. Tu n’as pas le temps de te retourner. Il ne faudra pas galvauder le premier. » Ce matin, l’Ajax est d’abord un souvenir pour le LOSC : celui d’une campagne de C1 globalement triste (un nul, cinq défaites), dont les Nordistes étaient ressortis avec la queue entre les jambes et un paquet de leçons pour l’avenir sous le bras. Aujourd’hui, le tableau n’est plus le même, puisque ce groupe a grandi, qu’il danse actuellement en tête de la Ligue 1 avec un point d’avance sur le PSG, qu’il a été s’imposer avec brio à Milan (0-3) début novembre et qu’il n’a été battu que trois fois toutes compétitions confondues cette saison. Cette bande a surtout aiguisé son appétit et ne semble plus faire de complexe. L’Ajax, dans tout ça ? Oui, ça peut faire peur, mais Christophe Galtier sait aussi qu’en activant les bons leviers – il en existe, notamment le fait qu’une fois le pressing haut imposé par les hommes d’Erik ten Hag cassé, des situations de transitions offensives royales peuvent se présenter -, son LOSC peut faire quelque chose de grand dans cette Ligue Europa. Une question se pose malgré tout dans toute cette histoire : que faire de ces soirées européennes alors que les Lillois ont une occasion presque unique de gratter un titre de champion de France en fin de saison ?
« Tout me laisse croire à un match ouvert »
Interrogé avant de filer à Dijon disputer un trente-deuxième de finale de Coupe de France la semaine dernière, Galtier avait évoqué le fait que son effectif ne pourrait « jouer sur tous les tableaux » et qu’un arbitrage avec Olivier Létang serait peut-être nécessaire. Mercredi, le technicien a plutôt souri à l’heure de discuter du calendrier : « Pour moi, avoir un calendrier chargé est une chance. Oui, une gestion minutieuse est nécessaire pour maintenir l’effectif en forme et ne pas affecter la dynamique de l’équipe. Mais je considère que c’est un privilège, notamment pour un groupe jeune, d’enchaîner les matchs tous les trois jours. Je peux même vous dire qu’aucun joueur de l’effectif ne refusera de jouer une minute de Ligue Europa. » À comprendre : le LOSC, privé du duo Xeka-André (suspendus) et de Yılmaz (touché à un mollet), va débouler jeudi soir avec le meilleur onze possible et avec l’envie d’ambiancer ce seizième de finale aller quelques jours après avoir bouclé 90 minutes face à Brest sans cadrer la moindre frappe. À l’amorce de ce Lille-Ajax, les attentes sont élevées, car l’affiche excite les papilles, même si la troupe à Ten Hag se présente sans quelques pions centraux (Gravenberch est suspendu, Onana aussi à la suite d’une infraction aux règles antidopage, Haller a été oublié dans la liste des joueurs qualifiés en C3 et Mazraoui a été touché aux yeux ce week-end). Elle arrive malgré tout dans le Nord avec des principes identiques à ceux balancés sur la table depuis trois ans : de l’agressivité en phase défensive via un pressing tout terrain très individualisé, une grande liberté offensive animée par des éléments créatifs (dont un Klaassen retrouvé), des centraux (notamment le jeune Perr Schuurs) qui n’hésitent pas à gagner des mètres balle au pied…
Des ingrédients vus lors de la phase de poules de la Ligue des champions en cours, lors de laquelle l’Ajax a pris part à deux des matchs les plus délicieux de cette première partie de saison (Atalanta-Ajax et Liverpool-Ajax), sans être récompensé. « Depuis nos confrontations de la saison dernière, l’équipe n’a pas énormément évolué, a pointé Galtier mercredi. C’est deux matchs sur lesquels nous avons travaillés, desquels nous espérons avoir appris. L’Ajax garde son style très offensif, agressif, avec beaucoup de prises de risques, une grande qualité technique, mais l’an dernier, nous avions eu des opportunités dans les transitions. Leur pressing laisse des espaces, et on peut leur faire mal. Je suis convaincu d’avoir des joueurs capables de résister à la pression et de se projeter dans les transitions ensuite. Il faudra être efficace, cette fois. Mais le profil des deux équipes me laisse croire à un match ouvert, rythmé. » Un match qui aura un double enjeu : chasser les souvenirs et tester les limites de ce LOSC, dont l’approche tactique jeudi soir ne fait que peu de doutes, et qui refuse de s’en mettre. Ces mecs savent où ils vont, tous crocs dehors, et on a trop vu de clubs français balancer un match de C3 comme un vieux mouchoir pour s’en plaindre. Il faut même se dire que quelque chose peut commencer, dès ce soir.
Par Maxime Brigand