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L’ESTAC de Laurent Batlles : la Champagne qualité grand cru
Les voisins rémois y tiennent mordicus : le champagne, c'est Reims et puis c'est tout. Pourtant, l'édition 2020-2021 de l'ES Troyes Aube Champagne (l'ESTAC, pour les intimes) aura bien mérité l'appellation de grand cru. Grand artisan de cette cuvée spéciale, le coach Laurent Batlles a réussi en deux saisons sur le banc à donner du pétillant à une équipe qu'il a menée à la promotion en Ligue 1 et au titre de champion de Ligue 2.
Les yeux sont humides, voire carrément mouillés. La voix, tremblotante. Alors que son ESTAC vient de signer une victoire nette et sans bavure 2-0 contre Dunkerque, validant du même coup sa montée à l’échelon supérieur et son titre de champion de Ligue 2, Laurent Batlles ne cherche pas à cacher son émotion en conférence de presse. À l’heure de récolter les honneurs, le coach troyen n’a qu’une pensée : ses joueurs, ses héros, ses guerriers. « Les joueurs ont beaucoup travaillé. Il y a nos meilleurs joueurs qui jouent blessés depuis deux mois. Ils ont donné énormément, ils ont été extraordinaires. Je n’aurais pas pensé qu’ils puissent élever leur niveau comme ils l’ont fait », applaudit le guide.
Jamais deux sans Troyes ?
Extraordinaire, le mot n’est pas trop fort pour décrire le travail abattu par Laurent Batlles et par ses joueurs. Au fond, c’est l’histoire d’une équipe qui doit faire avec l’étiquette perpétuelle d’habituée de l’ascenseur Ligue 1-Ligue 2 et qui commençait à se demander si celui-ci n’allait pas rester bloqué à l’étage inférieur. En effet, après la descente en Ligue 2 au printemps 2018, l’ESTAC pensait remonter immédiatement. Sauf qu’il s’était cassé les dents en barrages, face au RC Lens. La saison suivante, Laurent Batlles a débarqué sur le banc troyen. Et, très vite, la mayonnaise a pris.
Problème : si l’ESTAC s’était confortablement installé en position de barragiste en se disant que la deuxième serait la bonne, la pandémie de Covid-19 est brutalement venue couper leur élan, les faisant une nouvelle fois échouer tout près du but. Quand la saison 2020-2021 a débuté, la question s’est alors posée : Troyes allait-il réussir à renouveler la performance une troisième fois consécutive ? Réponse : oui, et même plus que ça.
Une promenade de santé menée au pas de course
Car cette année, pas question de prendre le risque d’occuper une place de barragiste qui n’a que trop fait défaut aux Troyens. Le 1er décembre, l’ESTAC s’impose sur le terrain de Guingamp pour le compte de la treizième journée de Ligue 2 et grimpe sur la première marche du podium. Ils ne la quitteront ensuite qu’à trois reprises. Derrière, les concurrents se pressent au portillon : Clermont, Toulouse ou encore Grenoble se tirent la bourre. Mais le club aubois va vite, trop vite. Au rang des principaux acteurs du succès troyen ? Le coach Laurent Battles, donc, mais pas seulement. On pense ainsi au vétéran tunisien Yoann Touzghar, qui s’offre à 34 ans la bagatelle de quinze buts en championnat. Ou encore au défenseur et capitaine Jimmy Giraudon, au club depuis 2016.
Au-delà des individualités, le champion de Ligue 2 représente un collectif bien huilé et en confiance qui regarde désormais vers l’avenir avec ambition. L’avenir, justement, demeure flou. L’acquisition du club en septembre dernier par le City Football Group fait espérer, aux supporters troyens, un futur plus rose et une présence enfin prolongée dans l’élite du football français. Le coach Laurent Batlles, lui, est annoncé partant. Le nom de Montpellier revient notamment, pour le technicien de 45 ans. Pourtant, au moment où il sèche ses larmes devant un parterre de journalistes, Laurent Batlles n’a rien de tout ça en tête : seul compte le triomphe de ses joueurs.
Par Maurice de Rambuteau