- Ligue 1
- J38
- Nancy-Saint-Étienne (3-1)
L’espoir, puis les larmes de Nancy
Dix minutes, c'est le temps durant lequel Nancy a cru à sa place de barragiste. Finalement dix-neuvième au classement, l'ASNL retrouvera la Ligue 2 la saison prochaine. Avec ou sans ses supporters, telle est la question.
22h14. À la réception d’un corner parfaitement frappé par le pied gauche de Faitout Maouassa, Modou Diagne balance un énorme coup de casque qui perfore Stéphane Ruffier. 2-0. Le public du stade Marcel-Picot est en effervescence, Michel Platini, écharpe de l’ASNL autour du cou, applaudit gaiement, Pablo Correa lève les bras en l’air, les joueurs de Nancy courent partout. C’est fait, avec cette victoire par deux buts d’écart, les Nancéiens attrapent à ce moment précis un barrage inespéré, mais mérité sur cette rencontre face à l’ASSE. La communion entre joueurs et spectateurs semble alors belle et parfaite. Pourtant, deux heures avant, ces mêmes supporters ne se sont pas vraiment montrés aussi souriants et accueillants avant le coup d’envoi de la rencontre. Alors que certains socios ont préféré rester chez eux pour admirer depuis leur canapé le maillot collector spécial 50 ans de l’ASNL, les autres n’étaient pas venus les mains vides, mais avec une jolie banderole au message clair : « Staff incompétent, joueurs transparents, supporters présents, anniversaire écœurant » . Loin, bien loin de cette image de bonheur que nous offre le stade Marcel-Picot au moment du but de Modou Diagne.
Les larmes et la colère des supporters
22h24. Coup dur pour Pablo Correa et ses hommes. En égalisant face aux Girondins de Bordeaux d’une superbe volée, le latéral lorientais Vincent Le Goff envoie directement l’ASNL en Ligue 2. En tribunes, les spectateurs qui chantaient à la joie du club reçoivent l’alerte sur leurs téléphones portables. La douche froide. Les écharpes ne tournent plus, les chants se stoppent, les sourires disparaissent. À l’inverse, la banderole du début de rencontre refait, elle, son apparition au sein du kop nancéien. Quelques minutes plus tard, un autre message, toujours aussi cinglant, fait irruption : « Vous avez tout gâchés. » Le divorce entre les joueurs, le staff et le public semble alors totalement prononcé. Le troisième but de Faitout Maouassa (3-1) n’y changera rien. Nancy retourne en Ligue 2, un an après l’avoir quittée.
Bien assis sur son siège de président de l’ASNL, Jacques Rousselot observe cette scène surréaliste. D’un côté, ses joueurs allongés sur la pelouse synthétique de Marcel-Picot, la tête dans leurs mains pour cacher leurs larmes. De l’autre côté, les supporters qui, au choix, quittent l’enceinte ou hurlent leur mécontentement. C’est donc un président désabusé qui s’avance au micro de beIN Sports pour analyser cette situation : « C’est triste. Un grand gâchis, une saison de galères. Ce soir, on a fait le boulot, mais nous devions le faire avant, notamment contre Lorient et Lille. Nous n’avons pas retrouvé l’équipe qui avait su se hisser au 11e rang à la fin de la phase aller. Certains garçons n’ont pas eu conscience de la chance qu’ils avaient de jouer en Ligue 1. » Avec cette déclaration coup de poing contre certains de ses joueurs, le commandant du bateau ASNL espère ainsi reconquérir le cœur de son public. Pour prendre un énième ascenseur entre l’élite et l’antichambre, Nancy aura grand besoin de ses supporters.
Par Steven Oliveira