- Euro 2024
- Finale
- Espagne-Angleterre (2-1)
L’Espagne, un sacre qui colle aux Basques
Victorieuse de l’Angleterre en finale de l’Euro 2024 (2-1), l’Espagne peut notamment dire merci au Pays basque, qui héberge - ou a hébergé - plus d’un tiers de l’effectif champion d’Europe ce dimanche soir.
Au coup de sifflet final de François Letexier, à la 95e minute, un rapide coup d’œil à l’écran géant de l’Olympiastadion de Berlin permet de figer dans le temps l’histoire qui s’écrit sous nos yeux : l’Espagne a remporté son quatrième titre de champion d’Europe (1964, 2008, 2012, 2024), oui. C’est un record absolu, oui. Mais lorsque le regard se pose sur les noms des bourreaux de l’Angleterre ce dimanche soir, tout s’illumine : Nico Williams et Mikel Oyarzabal, deux purs représentants du Pays basque. Le premier est né à Pampelune et n’a connu que les couleurs de l’Athletic Club, tandis que le second est venu au monde à Eibar et n’a jamais quitté la Real Sociedad depuis qu’il est passé pro, en 2015. Un symbole de cette sélection espagnole qui s’est grandement appuyée sur la formation basque pour aller chercher son premier trophée continental depuis 2012.
Une formation peut en cacher une autre
Ils sont neuf au total à être passés par cette terre à part. La plupart y jouent encore (Unai Simón, Nico Williams, Daniel Vivian à l’Athletic ; Robin Le Normand, Mikel Merino, Mikel Oyarzabal, Martin Zubimendi et Álex Remiro à la Real Sociedad), tandis qu’Aymeric Laporte s’est révélé du côté de Bilbao avant de voler de ses propres ailes. Et si Vivian et Remiro n’ont pas joué la moindre minute en finale, Simón, Williams et Le Normand ont démarré en tant que titulaire, alors que Merino, Oyarzabal et Zubimendi sont entrés en cours de jeu.
L’Espagne, si souvent adulée pour la formation de ses jeunes pousses et régulièrement sous les projecteurs dans les catégories de jeunes, a ainsi pu compter sur le vivier et la qualité de la formation locale du Pays basque, maîtrisée du bout des doigts par l’actuel sélectionneur de la Roja, Luis de la Fuente. Celui qui a succédé à Luis Enrique en décembre 2022, un an après avoir porté la sélection olympique en finale des Jeux olympiques de Tokyo, connaît l’Euskadi pour y avoir joué la majeure partie de sa carrière (onze saisons à l’Athletic et un an au Deportivo Alavés) avant de s’y faire les dents comme entraîneur pendant plus de dix ans. Un feat parfait entre le sélectionneur et l’effectif afin d’en tirer une osmose collective et un jeu libéré du tiki-taka catalan qui a déroulé dans cet Euro 2024 relativement pauvre dans ce secteur.
Des individualités remarquées
Certes, c’est le Madrilène Rodri et le Barcelonais Lamine Yamal qui ont été élus respectivement meilleur joueur et meilleur jeune de la compétition. Pour autant, les poupons du Pays basque ne se sont pas contentés des rôles secondaires dans cette épopée : Simón a été décisif et rassurant aux buts, la paire franco-espagnole Le Normand-Laporte s’est imposée comme une évidence au point de faire des envieux en France, Merino et Oyarzabal ont été des supersubs décisifs (le premier contre l’Allemagne en quarts, le second contre l’Angleterre en finale) et Nico Williams aura fait vivre un enfer à chaque latéral droit qui a croisé sa route. Après la génération dorée de la Masia qui a roulé sur le monde il y a quinze ans, l’Espagne a donc trouvé un nouveau pourvoyeur de talents capable de l’emmener au sommet tout en conservant ses principes : jouer au football. Merci l’Euskadi.
Par Fabien Gelinat