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L’Espagne tourne la page de 2010

Par Anna Carreau
7 minutes
L’Espagne tourne la page de 2010

En raison du repos accordé à Sergio Busquets par Luis Enrique pour cette trêve, il n'y aura pas de champions du monde dans l'équipe espagnole pour la première fois depuis 2010. Si la Roja semble enfin s'être défaite d'un passé encombrant qui venait briser chaque tentative d'évolution, certains voient dans cette Espagne rajeunie des similitudes avec celle qui a porté le pays sur le toit du monde pendant quatre ans.

Depuis la nuit du 11 juillet 2010, lorsque Andrés Iniesta avait fait de l’Espagne le vainqueur de la Coupe du monde 2010 au Soccer City de Johannesburg, 4268 jours se sont écoulés. Période au cours de laquelle chaque sélection espagnole avait comporté au moins un représentant de la « génération dorée » . Comme Luis Enrique n’a que peu faire des symboles et que le temps aussi a fait son effet, le sélectionneur a décidé en ce mois de mars de mettre fin à cette série de presque douze ans et s’est passé pour cet amical contre l’Albanie des services de Sergio Busquets, son capitaine et dernier rescapé de l’épopée sud-africaine. « C’est une décision personnelle, c’est le joueur qui accumule le plus de minutes dans son équipe, plus de 3700, et je veux avoir la meilleure version de notre capitaine pour les matchs de juin, justifie-t-il en conférence de presse, sans évoquer le moindre séisme historique. J’ai décidé qu’il devait avoir quelques jours de repos et voir le match d’un autre point de vue. » Un tournant qui semble donc n’être que temporaire, puisque le milieu de terrain du FC Barcelone devrait de nouveau retrouver sa chambre à Las Rozas en juin prochain, mais qui rappelle un certain ménage fait par la Roja depuis ces années de gloire. De nombreux briscards ont quitté la sélection d’eux-mêmes après avoir subi le lourd revers de la médaille, quand d’autres comme Raúl Albiol et Jesús Navas vivent encore avec l’espoir de revêtir le maillot étoilé. Dans les couloirs du Clairefontaine local, les années 2008-2012 durant lesquelles l’Espagne a raflé deux titres de champion d’Europe et son unique titre de champion du monde ne sont désormais qu’un doux souvenir.

Des relents permanents du toque qui laissent l’Espagne à quai

Plus de dix ans après, la Roja semble enfin avoir évacué une génération aussi douée qu’encombrante les années s’écoulant. En 2010, les jeunes dans la sélection de Vicente del Bosque étaient Sergio Ramos, Gerard Piqué, Sergio Busquets, Pedro, Cesc Fàbregas ou David Silva. Des noms évoquant un certain style de jeu, qui a tant fait gagner l’Espagne qu’il se voudrait être la garantie des succès futurs. Sur le toit du monde, l’Espagne s’est heurtée une première fois au football moderne en 2013, lorsqu’elle rencontre le Brésil lors de la Coupe des confédérations 2013. Annihilant le fameux toque dont la sélection ne peut plus se passer, la jeune Seleção prend l’Espagne à son propre jeu en lui donnant une leçon de pressing et d’efficacité en s’imposant 3-0. Première alerte de cette fameuse « fin de cycle » qui plane au-dessus de Del Bosque et de ses sbires sur les pelouses brésiliennes. « Il nous ont fait courir », faisait d’ailleurs remarquer le plus tout jeune Andrés Iniesta, 29 ans, qui avait dû cravacher pour deux dans l’entrejeu, où Xavi avait été mis sous cloche. La suite ne viendra que confirmer cette perte de vitesse attendue de la Roja, qui débarque pourtant au mondial brésilien avec le statut de favori. En phase de groupes, l’Espagne enchaîne une défaite sans appel 5-1 face au Pays-Bas qui tient sa revanche, une défaite 2-0 face à une équipe du Chili morte de faim, et une large victoire 3-0 face à l’Australie, en étant déjà éliminée. Cette Roja qui avait enfin réussi à susciter un certain attrait national pour la sélection rentre à Madrid la tête basse, mais toujours pleine d’idéaux.

Malgré les retraites internationales de David Villa, Xavi et Xabi Alonso, Vicente del Bosque et le reste de la fédé persistent et signent. Le sélectionneur, quelque peu dépassé par l’évolution du football, reste à la tête d’une équipe dont les tauliers sont eux aussi persuadés du bien fondé de leur jeu. Il faudra attendre la claque de l’Euro 2016 et une défaite 2-0 face à l’Italie en huitièmes de finale, puis l’élimination à ce même stade de la compétition lors de la Coupe du monde 2018 face à la Russie (1-1, 3-4 TAB), pour que l’Espagne enclenche enfin sa transition vers un autre football, qui intégrera davantage les petits nouveaux, amateurs de grands espaces quand la génération victorieuse de 2010 vivait à travers les petits. La sortie face au pays hôte restera en tout cas dans les mémoires comme la conséquence de la caricature du jeu de possession outrancier : la Roja ayant cumulé le plus grand nombre de passes jamais répertoriées sur un seul match, 1029 (contre 202 pour leurs adversaires), en ne s’étant procuré qu’un seul tir cadré. Des déboires imputables aussi au contexte, puisque le tout juste nommé président de la fédération espagnole Luis Rubiales avait viré Julen Lopetegui, artisan de la transition stylistique espagnole, la veille du premier match de la Roja, pour s’être engagé à rejoindre le Real Madrid à l’issue du Mondial. L’équipe en autogestion sous les « ordres » de Fernando Hierro, rapidement nommé, s’était alors repliée vers ses fondamentaux pour mieux retomber dans le style nocif de 2014 et 2016 afin de ne pas sortir ses cadres de leur zone de confort.

Du 2010 en cette année 2022

La transition sera finalement le travail de Luis Enrique, qui envoie rapidement les vétérans à la retraite, et constitue une équipe de la Roja en se détachant des traditions et avec personnalité. Seuls trois anciens champions du monde auront la chance de vieillir un peu plus avec le maillot espagnol : Raúl Albiol, Sergio Ramos et Sergio Busquets. La structure partisane du toque sans modération s’étiole peu à peu pour mieux se noyer dans un jeu qui reprend l’alternative initiée par Lopetegui, entre possession et verticalité. Au-delà d’effacer un jeu que le monde entier veut dépassé, l’ancien entraîneur du FC Barcelone souhaite avant tout former un collectif, au sein duquel aucune star n’est intouchable et aucun titulaire n’est irremplaçable. Des similitudes avec le management d’un certain Luis Aragonés, qui avait posé les bases des trois titres consécutifs en remportant l’Euro 2008. En plus de leur prénom bien répandu outre-Pyrénées, les deux hommes partagent aussi leurs personnalités fortes et belliqueuses dont le premier principe est de défendre les leurs en blâmant les autres, de préférence la presse, lorsque les choses vont mal. Au quotidien, Luis Enrique met d’ailleurs un point d’honneur à la cohésion de l’équipe, participant aux tournois de fléchettes, billard et baby-foot dont il est lui-même l’organisateur. Le sélectionneur a bien en tête que ce qui a fait le succès de la Roja dans les années 2010 venait aussi d’une ambiance inégalable dans le vestiaire.

Ayant fait table rase de certains ego toujours plus prompts à ramener l’Espagne vers son jeu stéréotypé, le sélectionneur arrivé en 2018 peut désormais se targuer d’avoir un vestiaire sain, où les derniers seniors tirent aujourd’hui les plus jeunes vers le haut. Avec l’absence de Sergio Busquets lors de ce rassemblement, dernier champion du monde trouvant grâce aux yeux de Luis Enrique, le joueur le plus âgé de la sélection s’appelle Jordi Alba, 81 sélections, qui a eu la chance de vivre le titre européen de 2012. Derrière lui, Koke (61 sélections) et Álvaro Morata (50) émargent beaucoup plus loin. Une façon de laisser quiconque se reposer sur un fameux statut, tous étant conscients qu’il est très facile de ne plus faire partie de l’équipe à la première baisse de performance. Les rares employés de la Fédération ayant vécu l’ascension du groupe devenu champion du monde croient voir dans l’équipe constituée de Pedri, Gavi, Yeremi Pino, Dani Olmo ou Ferran Torres la régénération de celle composée de Xavi, Andrés Iniesta, David Villa ou Fernando Torres, qui a permis à l’Espagne de vivre ses plus belles heures. Certains comme Pedri, Unai Simón et Pau Torres ont d’ailleurs passé toutes leurs vacances ensemble l’été dernier, cumulant l’Euro, où l’Espagne termine demi-finaliste, et les Jeux olympiques, où la Roja va jusqu’au bout et s’incline 2-1 en finale face au Brésil, avec une semaine de vacances entre les deux. S’il s’agit d’un groupe qui accepte enfin sa distance par rapport à ceux qui ont atteint l’étoile, Luis Enrique compte bien emprunter un chemin similaire vers le titre au Qatar cet hiver.

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