- Coupe des confédérations
- Finale
- Brésil/Espagne (3-0)
L’Espagne spectatrice du carnaval brésilien
En feu, la Seleção envoie un message retentissant à la planète football en l'emportant largement (3-0) et avec la manière : il faudra compter sur elle l'an prochain. Sans vie, la Roja s'est écroulée de son piédestal.
Brésil – Espagne : 3-0
Buts : Fred (2e et 48e) et Neymar (44e) pour le Brésil.
L’année 2013 n’aura pas porté chance au football ibérique. Éliminés sèchement en demi-finale de la Ligue des champions, Xavi, Iniesta, Ramos et compagnie ont subi la pire déroute de leur règne, à un an de la remise en jeu de leur titre de champion du monde. Avec, cette fois-ci, le Brésil dans le rôle du bourreau. Inspirés et volontaires, poussés par plus de 70 000 spectateurs en furie, les locaux ont donné un récital au Maracanã. L’affiche était alléchante. Espérée depuis l’ouverture du tournoi et vendue comme « la finale rêvée » et « la grande fête du football » , l’attente autour de ce Brésil-Espagne se voulait proportionnelle au palmarès des deux nations. Les rois du football face à l’invincible armada de ces dernières années, avec un public bouillant, dans un fantastique chaudron maculé de jaune. Au final, l’éternel Brésil a donné la leçon aux Européens. Il aura fallu se frotter les yeux et se pincer à plusieurs reprises pour y croire. Ce Brésil en construction est donc plus qu’une promesse de beau jeu et de résultat. Déchaînés, Neymar et Fred ont encore été les fers de lance d’une victoire auriverde dans cette Coupe des confédérations. L’Espagne, inexistante dans cette finale, va devoir se coltiner les questions sur sa fin de règne dans les jours à venir.
Fred lance le carnaval
L’entame de match de la Seleção est rapidement à la hauteur des espoirs du peuple auriverde. Fred confirme qu’il faudra se lever de bonne heure pour lui arracher ce numéro 9 vert sur jaune qui lui sied comme un gant. Allongé dans les six mètres, l’ancien Lyonnais trompe Casillas à bout portant (1-0, 2e) et le Maracanã gronde de plaisir. C’est déjà l’heure de la grande communion. On en aurait presque la larme à l’œil. Mais si ça pique un peu les yeux, c’est sans doute parce que les gaz lacrymogènes commencent à pleuvoir dans les alentours du stade sur les manifestants qui, eux, n’ont pas vraiment la tête à la fête. Le onze brésilien est euphorique. Oubliées les approximations de leur demi-finale poussive : les hommes de Scolari sont obnubilés par le cuir. Ils pressent comme des morts de faim. Quand un Espagnol a le ballon, il se coltine directement un adversaire sur le dos. Hués par les spectateurs en furie, les champions du monde sont groggys, malmenés comme rarement. Oscar tente le lob sur Casillas (8e). Ramos et Neymar s’échangent des caresses et quelques mots doux. Une façon pour l’Espagnol de lui dire « bienvenue en Liga » . Le garçon sert Fred sur un plateau avec une diagonale café-crème à ras de terre, mais Casillas écarte le danger (31e). À 1-0, le capital brésilien reste fragile. David Luiz, spectaculaire, sort du tibia un tir de Pedro. Il est ovationné pendant de longues minutes.
Neymar, enfin une coupe réussie
Ça ressemble de plus en plus à un rêve pour le Brésil, lorsque Neymar décoche une frappe imparable sous la barre de Casillas (2-0, 44e). Le Maracanã est en pleine extase à mi-chemin de la rencontre. La Seleção reprend la seconde période sur les mêmes bases, pied au plancher. Neymar laisse filer une passe de Hulk, et Fred envoie une frappe croisée dans le petit filet de Casillas (3-0, 47e). Alors qu’il reste encore pratiquement la moitié du match à jouer, on sait déjà que l’Espagne ne reviendra plus. Il y a bien cette faute de Marcelo sur Jesús Navas pour entretenir un minuscule espoir. Mais Ramos ne trouve même pas le cadre (55e). À l’heure de jeu, un Marcelo gourmand oublie Fred esseulé au deuxième poteau (64e), peu avant que Piqué ne fauche Neymar, alors lancé vers le but (68e), et que Bjorn Kuipers n’envoie le Barcelonais rejoindre les vestiaires prématurément. Les tribunes ressemblent à un carnaval. Ça balance les bras, ça se congratule, ça braille. Pedro (80e), puis Villa (86e) invitent Júlio César à prendre part à la fête. Le Brésil savoure sa renaissance. Neymar a réussi sa coupe et donne rendez-vous l’année prochaine.
Par Florent Torchut, au Maracanã