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L’Espagne et son vieux

Par Thibaud Leplat
L’Espagne et son vieux

L'Espagne joue ce soir un nouveau match sans son maître-horloger. Depuis que Xavi Hernández n'est plus au centre de cette équipe, elle a perdu sa joie et son rythme. Est-ce d'avoir trop ri ? Trop joué ?

Il ne dit rien quand, en juin dernier, quelques minutes avant ce match, il ne vit pas son nom sur le grand tableau du vestiaire du Maracanã. Il enfila tout de même son numéro 6, mais le dissimula sous une chasuble qui, tout à coup, sembla peser des tonnes. L’heure avait sonné. L’Espagne jouerait sans lui contre le Chili. Elle préférait essayer autre chose, laisser la place à un autre un peu plus jeune, un peu moins vieux. Comme ces anciens qui parvenaient à s’en aller sans bruit et sans histoire, tant ils nous avaient convaincus qu’ils n’étaient pas indispensables, Xavi Hernández s’assit sur un banc au milieu des autres pour y regarder la pendule d’argent. Santi Cazorla avait pris sa place à l’intérieur du mécanisme, dans ce qu’en Espagne ils appelaient « la salle des machines » . Sans doute pensèrent-ils encore qu’il suffirait de changer les pièces pour relancer la trotteuse du cadran, pour que la sélection rouge se remette à tourner comme elle le fit pendant 8 ans. L’Espagne construisait depuis des années des nouveaux Xavi. Il était temps que les jeunes prennent le pouvoir. Il était temps de vivre sans lui.

Au pays des Anciens

Mais en Espagne, on n’abandonne pas ainsi ses vieux. Dans le pays le plus âgé de l’Union européenne, où le taux de fécondité – avec la Pologne et le Portugal – est le plus bas, où on est père de famille pour la première fois à 35 ans, les vieux ne sont pas ces gens installés dans leur salon qui grèvent les comptes de la Nation. En Espagne, les Anciens n’ont jamais rien à reprocher aux plus jeunes. Dans le secret des déjeuners du dimanche midi, ils soutiennent l’économie familiale avec leur maigres retraites (980 euros en moyenne contre 1300 en France). Ce sont eux qui remplissent les marmites et les verres vides. Ensuite, ils vous entraînent, le soir tombé, prendre le frais pour vous raconter des histoires. Certains, comme la famille de Joaquín Hernandez, le père de Xavi, quittèrent un jour l’Andalousie – Almería – pour trouver du travail dans les usines catalanes. D’autres étaient restés au pueblo, guettant des jours meilleurs. « Jamais personne ne s’était plaint » , insistent-ils. Alors, malgré les offres de New York, l’intérêt de Van Gaal ou les attraits de l’exil australien, Xavi préféra rester à la maison pour regarder grandir sa descendance, chez lui à Barcelone, avant de s’évaporer sans bruit.

Le bon temps

De temps en temps, il attrape ainsi quelques minutes, comme contre Villarreal le week-end dernier (il entre à la 75′, Sandro marque cinq minutes plus tard, victoire 1-0). Alors, comme par magie, on entend à nouveau le tic-tac d’antan. On retrouve cette façon de construire des triangles équilatéraux partout où il se trouve, de créer du mouvement dans un milieu surpeuplé, de demander le ballon dans les pieds, de tourner la tête à gauche, à droite, de contrôler, puis de la donner toujours exactement dans le bon tempo. Mais quand on veut grandir, la nostalgie est envahissante. Alors jeudi dernier, pour le premier match de l’Espagne depuis le Mondial contre les Bleus, Xavi n’était pas sur la feuille de match. Ils disaient, en Espagne, que le vieux avait renoncé à la Selección. Peut-être. Mais sur le terrain, en fait, on vit que c’était la Selección qui avait renoncé à Xavi. Parfois Koke et Fàbregas parvenaient à accélérer les révolutions du cuir sur la pelouse, mais le ballon s’égarait ensuite dans une profondeur mal mesurée, dans un ballon qui, à l’époque, aurait été joué dans l’intervalle, jamais dans l’espace. Cette façon d’installer Fàbregas à la place du vieux, de le reculer un peu pour s’accorder aux appels en profondeur de Diego Costa, de jouer dans les zones vides plutôt que sur les positions pleines, était peut-être un peu plus réaliste, plus adapté à l’effectif qui était sur la pelouse, plus rapide, plus moderne. Mais sans son vieux Xavi, l’Espagne est devenue une mécanique normale, presque vulgaire. Vicente del Bosque tente bien aujourd’hui de nous consoler : « Il n’y a pas qu’un seul style de jeu. Il y en a beaucoup, nous n’avons renoncé à aucun d’eux. » Il va falloir pourtant s’y faire. Même en Espagne, les horloges d’argent finissent par casser. Et les vieux par partir.

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