- Éliminatoires
- Mondial 2014
- Groupe I
- Georgie/Espagne (0-1)
L’Espagne en a bavé
Au bout du temps réglementaire, la Roja a glané ses premiers points dans la course au Mondial brésilien (1-0). Mais que ce fut compliqué face à une sélection géorgienne qui a tout du poil à gratter. La France est prévenue.
Georgie – Espagne : 0-1But : Soldado (86e) pour l’Espagne
En ce début de semaine, Iker Casillas s’étonnait : « C’est étrange et difficile à concevoir que le tenant du titre ne soit pas qualifié d’office pour le Mondial au Brésil et qu’on préfère qu’il passe par les qualifications. » Après une victoire plus qu’étriquée dans l’extrême Est européen, le capitaine espagnol n’est pas plus rassuré. Car cela faisait bien longtemps que sa Roja n’avait pas infligé une si pauvre prestation à ses aficionados. Pendant près de 85 minutes, les Géorgiens ont réussi à bloquer les vaines tentatives ibères. Avant de craquer. Et de rappeler aux Bleus que, face à une telle Espagne, tout n’est pas perdu d’avance. Reste à savoir quel visage les fidèles de Vicente del Bosque afficheront le 6 octobre prochain.
45 minutes sur demi-terrain et 120 secondes de jeu
Le temps des expérimentations est bien terminé. Après avoir aligné un onze expérimental face à l’Arabie Saoudite de Rijkaard, Vicente del Bosque sort ses vieux et bons classiques. Entendez par là : un dix indéboulonnable et une pointe qui ne cesse de changer de visage. Pour ce premier round vers le Mondial braziliano, l’honneur est offert à Soldado, l’un des grands négligés de la dernière campagne européenne. Il lui faudra tout de même patienter une bonne dizaine de minutes pour tâter le cuir. Le temps pour les lutins offensifs que sont Xavi, Iniesta et Silva de domestiquer ce vilain ballon jaune. Et à la doublette Xabi-Busquets de quadriller le medio-campo. La défense, elle, n’a rien à se mettre sous les chicots. Alors, sur le second corner de la partie, Sergio Ramos fait parler sa détente du point de pénalty. Pour rien : Loria, le gardien de Tbilissi, veille au grain. À la mi-temps de la mi-temps – si chère à CJP – la Roja n’a offert qu’un florilège de coups de pied arrêtés : Soldado (19e) et Ramos (22e) ratant tour à tour le cadre. Et ce, malgré une possession des plus monopolisantes. Bof bof pour les actuels empereurs mondiaux.
Dans cette stérilité ambiante, l’ennui guette. La Géorgie, avec ses armes, se replie comme un crustacé, au détriment de son meneur de jeu, Okriashvili, pas vraiment embêté le ballon entre les guiboles. Manifestement désabusé face à la muraille humaine géorgienne, la sélection de Vicente del Bosque tente d’envoyer du bois. Une première salve par Don Andrés ne donne rien. La seconde mèche, estampillée David Silva, s’écrase sur le poteau d’un gardien aux pâquerettes. Le premier vrai frisson de ce premier acte a lieu à la 28e… Pour sortir un adversaire recroquevillé, l’idée paraît plutôt cohérente. Mais, toque oblige, la sempiternelle circulation ibérique reprend ses droits. Pour réveiller son monde, Xavi prend l’affaire à bras le corps, en deux temps et autant de minutes. Tout d’abord sur une frappe en direction de la lucarne (44e), puis sur une ouverture envoyant Soldado en face à face (45e). Avec une détente horizontale et un réflexe remarquable, Loria renvoie les 22 acteurs à leur pause syndicale. Et des certitudes bien opposées.
Le traquenard de Tbilissi
La reprise ne va pas estomper les éphémères doutes espagnols. Après un léger frisson repoussé en corner par Arbeloa, Targamadze amorce la rébellion. Suite à un beau mouvement offensif, l’ailier du Caucase voit sa frappe enroulée repoussée par le montant d’un Casillas spectateur. Il n’en fallait pas plus pour faire bouger les lignes espagnoles. Peu avant l’heure de jeu, la sentinelle Busquets est appelée sous une guérite d’où sort la mobylette Pedro. Recherchée illico, la pile Duracell catalane tente, en vain, de réveiller des collègues endormis. Dix minutes vides s’ensuivent, et c’est au tour du tout frais Gunner Cazorla de faire son entrée sur le pré de Tbilissi. Un Boris Paichadze Stadium qui a tout d’un bourbier tant les Espagnols sont en panne totale d’inspiration. Alors, dans ce marasme offensif, c’est encore le Speedy Gonzalez ibère qui est à l’origine des quelques initiatives. Bien servi par Santi, il ne peut redresser sa frappe.
Mais la vraie tragédie de ces 90 minutes est à mettre à l’actif du gardien géorgien Loria. Mal remis d’un mauvais appui, l’homme du match tente, quatre minutes durant, de garder son poste. Un mal pas vraiment du goût de son genou qui le lâche définitivement. Il lâche quelques larmes qui ne sont sans rappeler que la 86e sélection au classement FIFA joue bien en ce mardi soir le match de sa vie. Un constat difficilement applicable aux Espagnols qui, à un quart d’heure du coup de sifflet final, commencent à perdre leurs nerfs. À ce petit jeu, c’est ce poète d’Arbeloa, aussitôt remplacé par Fàbregas, qui tire la première flèche. Un changement pas si anecdotique. Sur son premier ballon, le Catalan délivre un caviar en pleine surface à Soldado. L’attaquant valencian n’a plus qu’à aligner le tout frais Kvaskhvadze. Au bout du temps additionnel, les ouailles de Ketsbaia infligent un dernier frisson à Vicente. Un essai repoussé par l’entrejambe de Sergio Ramos permet à l’Espagne de s’extirper du traquenard caucasien. Et par là même d’inscrire ses trois premiers points dans la course au Brésil. La chance du champion.
Par Robin Delorme, à Madrid