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L’Espagne danse sur Saint-Denis

Par Maxime Brigand, au Stade de France
4 minutes
L’Espagne danse sur Saint-Denis

Largement dominée en première période et poignardée en seconde, l'équipe de France s'est inclinée mardi soir face à l'Espagne (0-2) au stade de France. Un revers anecdotique, mais qui servira sans aucun doute pour construire le futur de la campagne pour la Russie.

France 0-2 Espagne

Buts : David Silva (68e, sp) et Deulofeu (77e) pour l’Espagne

Au fond, pour se rassurer, on se dira qu’un match amical est fait pour ça : pour prendre des baffes et se relever, pour faire des tests et se planter, pour voir à quoi ressemble aussi un foot arbitré par la vidéo et en quoi cela peut être compliqué. Perdre, les Bleus ne savaient plus vraiment ce que c’était. Subir, plus vraiment non plus. Et voilà, l’Espagne est venue cette semaine au stade de France pour, elle aussi, travailler sur son avenir, mais elle a surtout donné une petite leçon à des Bleus maîtrisés et largement bousculés en première période dans le cœur du jeu. Cela ne fait pas de mal et servira pour la suite, car on a appris des choses, même quand le bordel entre sur la piste.

Le laboratoire de Deschamps

Un match de prestige avec un parfum particulier. Sur l’affiche, ce France-Espagne avait de la gueule, mais dans les faits, il a surtout commencé dans une ambiance de kermesse gênante, mais qui aura au moins eu le mérite d’exciter le Supporters club de France, histoire de le laisser rendre un bel hommage à Raymond Kopa, disparu le 3 mars dernier. Puis, Didier Deschamps est sorti de son laboratoire et n’a pas bousculé ses habitudes : un match amical est l’occasion de tester ses recettes, plus qu’un déplacement qualificatif au Luxembourg. Alors, voilà, les Bleus ont débarqué mardi soir dans un nouveau schéma, soit un 4-4-2 losange avec Kanté en pointe basse et Griezmann placé derrière une paire Mbappé-Gameiero, où Corentin Tolisso a également vécu son dépucelage international. Oui, au premier abord, ce milieu français avait un côté sexy, mais face à un tel adversaire, c’était avant tout une porte ouverte aux claques. Tout simplement parce que la France n’a quasiment pas vu le ballon au cours d’une première période dominée par les Espagnols où Andrés Iniesta a donné une première chaleur à Lloris au quart d’heure de jeu avant un nouveau duel remporté par le gardien tricolore devant le chef-d’orchestre catalan à la demi-heure. Un bordel, une souffrance aussi pour Tolisso, Kurzawa ou encore Rabiot, largement bousculés sur scène. Dans le marasme, les Bleus ont tout de même su répondre sur quelques crochets grâce notamment à un trio offensif convaincant où, entre les faucilles, Kylian Mbappé a d’abord couché De Gea d’entrée avant de voir notamment Piqué sauver une tête de Koscielny. Parier, c’est aussi accepter de souffrir et Deschamps le savait.

Les hommes du van

Parier, sans avoir rien à perdre, c’est aussi plus tentant. Alors, dès le retour des vestiaires et entre autant de drapeaux que lors d’un meeting de François Fillon, le sélectionneur français a lancé Tiémoué Bakayoko à la place de Rabiot, toujours en plein choc post-traumatique à chaque vision d’Iniesta et Busquets. Bonne pioche, le Monégasque a sorti les muscles et ses grands compas pour remettre du caractère au milieu français en quelques minutes. Juste assez pour foutre le bordel, car sur le premier mouvement de la seconde période, l’arbitre Felix Zwayer a lâché une première mondiale et refusé un but avec l’aide de la vidéo de deux mecs posés dans un van à l’extérieur du stade : un centre de Jallet, une remise (hors jeu donc) de Kurzawa et une finition parfaite de Griezmann. Dommage, mais suffisant pour pimenter le scénario, alors que Gameiro en a profité pour croquer une nouvelle cartouche dans la foulée. La dernière demi-heure d’un match amical n’a jamais vraiment grand intérêt, tant il est bousculé par les essais, mais on retiendra que l’équipe de France a claqué une meilleure seconde période, que Mbappé aurait pu débloquer son compteur avec plus de lucidité avant de laisser sa place à Olivier Giroud, que Lopetegui n’a jamais cessé de s’agiter, mais que la Roja a surtout planté les Bleus sur une sale remise de Bakayoko. Comme ça, sur un penalty brutal de David Silva (0-1, 68e). Puis qu’elle a crevé le cœur du Stade de France sur une décision vidéo inversée : un but de Deulofeu initialement refusé pour hors-jeu avant d’être validé par les hommes du van (0-2, 77e). Pour la première fois depuis la finale de l’Euro, l’équipe de France est tombée et on ne retiendra finalement que peu de choses positives d’une soirée où Laurent Koscielny a terminé la nuit sur scène avec un bandage autour du crâne. Comme un symbole.

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