- Euro 2012
- Groupe C
- Croatie/Espagne (0-1)
L’Espagne a souffert
Ça aurait pu être la belle histoire, l'équipe-frisson de cet Euro. Au lieu de ça, la Croatie a perdu au buzzer après avoir réalisé un match à la hauteur de ce qu'elle avait démontré depuis le début de la compétition.
Croatie/Espagne : 0-1
But : Navas
Une fois n’est pas coutume, l’Espagne a souffert et découvert le goût de la douleur face à la Croatie, avant de s’en sortir. Plus que face à l’Italie lors du premier match. Trop timide et statique, la formation de Vicente del Bosque a lutté pour parvenir à prendre à défaut une défense croate bien en place. Iniesta en a chié lors du premier acte. Hormis une tentative du bout du pied sur un service lumineux de David Silva (12e), le Catalan s’est fait bouffer au milieu de terrain par Rakitić et Vukojević. Dix minutes plus tard, Torres défie les lois de la physique et tente sa chance dans un angle fermé. Trop facile pour Pletikosa. Si el Niño avait suivi les conseils de Newton et Archimède, il aurait su qu’il fallait centrer à ce moment-là. Outrés par la prestation des attaquants de la Roja ainsi que de l’avant-garde croate, moins menaçants que les supporters munis de fumigènes, Sergio Ramos et Gerard Piqué décident de passer à l’offensive.
Le premier tente sa chance aux 25 mètres, plein axe, sans parvenir à tromper la vigilance du portier adverse, avant d’être imité par le Catalan dont le ballon vient mourir au-dessus des buts. Et puis, après, pas grand-chose. Des tacles, des fautes. Un David Silva brillant, à l’instar de Luka Modrić, seul croate valable offensivement en première période avec Rakitić. Et puis la mi-temps, 0-0. On a vu le temps passer, et une Espagne déjouer. Heureusement pour le spectacle, la Squadra a ouvert le score contre l’Eire, histoire de faire en sorte que Balkaniques et Ibères se bougent un peu le cul…
San Iker le sauveur
L’Italie, l’Espagne et la Croatie comptent alors cinq points chacun, et, malgré une meilleure différence de buts, les Croates sont éliminés. Saloperie de calculatrice de l’UEFA. Du coup, les hommes de Bilić sont obligés de sortir de leur terrier s’ils veulent prolonger leur séjour en Pologne/Ukraine. Coïncidence ou pas, le match devient enfin intéressant. La Roja bénéficie de plus d’espaces sur le front grâce au positionnement plus offensif de ses adversaires, mais peine à porter le danger devant les cages de Pletikosa. Au contraire, ce sont les Croates qui frôlent l’ouverture du score en début de seconde période. Superbement servi par Modrić de l’extérieur, Rakitić sort la tête de sa vie. Pas de bol pour lui, les dieux étaient avec San Iker Casillas, qui sauve ses troupes grâce à un arrêt céleste (59e). Slovan Bilić et les siens toujours out, le technicien croate fait entrer Perišić et Jelavić pour forcer le destin de son équipe. Qui dit attaque dit trous dans la défense, certes.
Mais Xavi et ses potes n’en profitent guère. À part un corner par-ci par-là, les Espagnols n’arrivent pas à gêner la muraille des Balkans représentée par Ćorluka et Schildenfeld. Pire, Perišić (69e et 79e) – notamment d’un joli enchaînement amorti de la poitrine demi-volée – est à deux doigts de toucher le Graal. Mais la chance croate est passée. L’Espagne prend enfin le dessus dans le jeu et se procure quelques occasions mineures avant de tuer le match sur un but entâché d’un hors-jeu de position de Navas (88e) qui avait remplacé Torres à l’heure de jeu. C’est moche pour la Croatie. D’autant que la bande de Modrić méritait mieux sur ce match. Pourtant, si elle a fini par craquer, elle a montré aux autres quarts-de-finaliste que l’Espagne n’avait pas encore gagné l’Euro 2012.
Par William Pereira