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L’Espagne à l’heure des riches
L’Espagne s’échauffe ce soir contre la Corée du Sud. Villa et Puyol sont out, mais Torres est in. Voilà les seuls doutes espagnols. Bienvenue en Espagne, bienvenue chez les riches.
« Quand tu te vois dehors et que finalement tu es à nouveau dans la liste, tu as encore plus envie que la première fois. Vincent me fait confiance, je veux maintenant lui prouver que je suis prêt à jouer le temps qu’il estime nécessaire. » Fernando Torres respire. Après avoir disparu de la dernière liste de Vincent Dubois contre le Venezuela en amical et frôlé le pire, il est revenu dans les petits papiers du patron. Les états d’âme du Niño et les moqueries de la perfide Angleterre à l’encontre du petit prince espagnol ont brisé les cœurs et fait couler des larmes de rage en Espagne. Certes, Fernando ne met pas un pied devant l’autre mais, en Espagne, on ne rit pas de ses héros. On pleure et, juste après, on pardonne. Il a suffi qu’il achève lui-même le Barça au Camp Nou pour mériter les fleurs qui lui sont jetées. Villa n’en est pas, Soldado non plus. La route vers l’Est se libère et Torres part pour l’Ukraine. Mais c’est à 28 ans, comme Alexandre le Grand, que les grands attaquants partent écrire leur légende. Le blondinet macédonien part pour l’Inde, le Madrilène pour l’Ukraine. Il n’a plus le choix.
Car l’Espagne a mal à ses légendes. Comment gagner sans son génie – Villa – ni son talisman – Puyol ? Del Bosque n’est pas du genre à faire dans le sensationnel, mais quand c’est l’homme à la tête de chou qui tombe, il s’émeut et en parle au passé : « C’est une absence très importante pour nous. Au-delà du fait que mes plans soient chamboulés, c’est un type charismatique et très important, qui se trouvait très près de la barre des 100 sélections. C’est un garçon très sain, qui en plus était à son meilleur niveau. C’est vraiment dommage. » Villa, l’homme qui marque toujours (et pas qu’en finale, hein) ? « Il est irremplaçable de part ses caractéristiques et son efficacité ces dernières années. Personne n’a jamais fait mieux que lui, mais nous devons trouver des solutions. » Torres passe alors du stade de problème numéro 1 à celui de solution toute faite. 91 sélections et 27 buts ne s’attrapent pas comme un rhume des foins. Il faut avoir de l’ADN de buteur. Ce soir, il sera sur la pelouse pour chasser ses fantômes.
Bien sûr, la Corée du Sud n’intéresse personne et c’est en terrain neutre – à Berne – que les Espagnols feront tourner la gonfle. À dix jours de l’entrée en piste des tenants du titre, les champions de tout sont en pleine phase de décompression. Casillas n’est pas Colin Powell, mais lui, il sait où se cachent les armes de destruction massive : dans le calendrier dingo de la Liga et sa finale de Coupe du 23 mai. « On sait que si nous avons des problèmes à l’Euro, ce sera le grand sujet de polémique. Si on gagne, tout le monde aura oublié » , pose San Iker. La première opération débute ce soir. La Corée du Sud accrochera peut-être les favoris de l’Euro, car c’est bien le seul moment où ils auront la tête ailleurs. Les matchs de préparation, c’est bon pour les enfants. Mais le bloc de Del Bosque est constitué depuis longtemps. C’est Casillas/Alba-Piqué-Ramos-Arbeloa/Busquets-Alonso/Iniesta-Xavi-Silva/Torres. Comme de vieux amants, pas la peine de se parler. Chacun sait ce qu’il doit faire et à quoi il joue. Le seul vrai/faux doute concerne Fernand Lestours. Ce soir, on s’amusera donc à regarder les seconds couteaux s’entretuer pour jouer 10 minutes pendant la compétition. Ce soir, c’est l’heure de Juanfran à droite, de Javi Garcia, Cazorla et Fàbregas au milieu, de Navas, Mata et Negredo devant. C’est l’heure des riches et de leurs problèmes, quoi.
Par Thibaud Leplat, à Madrid