- Coupe des confédérations
- Ce qu'il faut retenir
L’Espagne a des failles, le Brésil monte en puissance
Pendant 15 jours, on a assisté à une bien belle Coupe des confédérations. Le Brésil a réussi son pari en s'imposant à un an du Mondial, l'Espagne a déçu, l'Italie a montré de belles choses et Tahiti nous a fait sourire.
À domicile, le Brésil va être dur à battre
L’image de l’hymne brésilien, repris en chœur par le Maracanã, a donné des frissons à tous les gens qui étaient devant le match. La finale n’avait pas encore commencé que le Brésil l’avait déjà remportée. Oui, ce Brésil-là, face à son public, veut gagner. Veut les rendre fiers. Veut une sixième étoile. L’Italie vice-championne d’Europe ? Balayée. L’Uruguay championne d’Amérique du Sud ? Abattue. L’Espagne championne du monde et double championne d’Europe ? Humiliée. Avec Scolari, la Seleção a retrouvé une unité, alors qu’elle semblait moribonde il y a encore quelques mois. Le coach à la moustache est parvenu à unir son groupe, et à faire jouer tout le monde ensemble. L’unité dans le pressing, face à l’Espagne, était tout simplement hallucinant. L’équipe est cohérente, avec une défense centrale solide, des latéraux rapides, un milieu de terrain qui presse, des milieux offensifs remplis de fantaisie, et un attaquant qui la fout au fond. La recette idéale. La plupart des joueurs sont jeunes, et le projet de jeu semble de plus en plus abouti. Alors, certes, il ne s’agit que d’une Coupe des confédérations. N’empêche qu’en l’espace d’un mois, la Seleção a battu les champions du monde en titre, les vice-champions d’Europe et la meilleure équipe sud-américaine depuis trois ans. Reste maintenant à suivre la courbe de progression de Neymar au Barça. Parce que vu le niveau qu’il a affiché pendant cette Coupe des confédérations, il peut devenir monstrueux. Vraiment.
Pressée, l’Espagne ne respire plus
On y a tous pensé. La finale Brésil/Espagne, on a eu l’impression de l’avoir déjà vue. Si si. C’était il y a deux mois. Bayern Munich/Barcelone, demi-finale de Ligue des champions. Plusieurs acteurs en commun, Piqué, Iniesta, Alba, Xavi, Pedro, et même Luiz Gustavo, du côté brésilien. Les trois rencontres se ressemblent tant au niveau du score (3-0 / 4-0 / 3-0) que de la physionomie de la rencontre. L’Espagne, à aucun moment, n’a réussi à développer son jeu, tout comme le Barça n’avait pas pu le faire contre les Bavarois. La faute à un pressing incessant sur le porteur du ballon, et à des remontées de balle rapides. Lorsque les Brésiliens récupéraient le ballon, il suffisait souvent de 2 ou 3 passes pour se retrouver en position favorable. L’Espagne, qui aime poser son jeu et prendre le temps, n’a pas eu le temps de le faire. Parce que le pressing était trop fort, trop constant. Évidemment, pour ce, il faut faire preuve d’une unité et d’une solidarité permanente. Physiquement, il faut être au top, tout en ajoutant à cela le talent et la précision technique et tactique pour réussir. Ce qui n’est pas donné à toutes les équipes. Mais lors de cette Coupe des confédérations, on a vu que l’Espagne pouvait être battue. En 2012, le Portugal a failli, mais a échoué aux tirs au but. En 2013, l’Italie a failli, mais a échoué aux tirs au but. Deux sonnettes d’alarme. La troisième a été la bonne. Le Brésil a marché sur l’Espagne. On pourra donner l’excuse que « les Espagnols s’en cognent de la Coupe des confédérations » . Peut-être. Mais le Barça ne s’en cognait pas de la Ligue des champions. Et les deux rencontres se ressemblent sacrément. Parce que, ça y est, la faille a été trouvée ?
L’Italie grandit, mais quid de la défense ?
Finaliste de l’Euro 2012, l’Italie termine la Coupe des confédérations à la troisième place. Les Italiens ont même été à deux doigts de sortir l’Espagne, mais Bonucci a décidé d’envoyer son pénalty sur la lune. Toutefois, le bilan est positif pour la Nazionale, qui a dû jouer ses deux derniers matchs sans son attaquant vedette, Balotelli, blessé. La Squadra a montré un autre jeu par rapport à l’Euro 2012. Un jeu toujours attrayant, mais beaucoup plus basé sur les ailes. En effet, Candreva, Giaccherini, De Sciglio et Maggio n’ont pas arrêté de cavaler pendant toute la compétition. Dommage qu’il ait manqué un avant-centre pour la foutre au fond. La preuve de ce collectif se retrouve sur le nom des buteurs : sur les 10 buts inscrits par la Nazionale, on trouve 8 buteurs différents (Pirlo, Balotelli, De Rossi, Giovinco, Giaccherini, Chiellini, Astori et Diamanti) et un but contre son camp. Aucune autre équipe n’a fait mieux. Si le secteur offensif fonctionne, avec une belle relève derrière (Insigne, Immobile et Borini), la défense, quant à elle, préoccupe. Les défenseurs de l’Italie, qui sont aussi les défenseurs de la Juve, ont fait preuve de fébrilité. La défense de la Juve est l’une des meilleures d’Europe, et pourtant, individuellement, les actuels défenseurs de la Squadra ne semblent pas au niveau de leurs illustres prédécesseurs (Baresi, Costacurta, Maldini, Nesta, Cannavaro). Barzagli est bon, Chiellini aussi, mais ils ne peuvent pas être rangés dans la catégorie des top-players. Et derrière, on ne peut pas dire que cela se bouscule. Ranocchia risque d’être l’éternel espoir, tandis qu’aucun jeune de l’Under21 (Caldirola, Reggini, Bianchetti) ne semble être un phénomène. Peut-être un chantier sur lequel Prandelli va devoir travailler.
L’Uruguay déjà Cavani-dépendante ?
C’est dur à dire, mais c’est fini pour Diego Forlán. Le somptueux attaquant admiré pendant la Coupe du monde 2010 n’est plus le même. Il a raté des occasions, a manqué un pénalty et un tir au but. Bref, il n’y est plus. Reste Luis Suárez. D’habitude décisif quand il enfile le maillot de la Celeste, l’attaquant de Liverpool a été l’ombre de lui-même, hormis sur son but magnifique contre l’Espagne. Non. L’homme de cette équipe d’Uruguay, c’est Edinson Cavani. L’attaquant du Napoli a pratiquement joué à tous les postes pendant cette Coupe des confédérations. En défense pour tacler dans la surface, au milieu pour récupérer les ballons, en attaque pour marquer des buts. Quand l’Uruguay est menée face au Brésil, il égalise. Quand elle est menée par deux fois contre l’Italie, il égalise à deux reprises. À tel point qu’au bout d’un moment, toute son équipe attend l’exploit de son attaquant vedette. Mais Cavani va désormais devoir assumer cette pression. L’Uruguay, 4e de la compétition, est en grande difficulté dans la course à la qualification au Mondial 2014. Il va falloir le meilleur Cavani pour se sortir du bourbier et décrocher son ticket. Parce qu’un tel attaquant n’a pas le droit de regarder la Coupe du monde à la télévision. Et parce que Forlán mérite un jubilé. Un jubilé en guise de passage de témoin définitif.
Air Tahiti Nui, vol direct vers les raclées… et le sourire
N’importe quelle autre équipe serait repartie du Brésil la tête dans le T-shirt et le moral dans les chaussettes. 24 buts encaissés en trois matchs, un seul marqué. Une humiliation. Mais pas Tahiti. Au contraire, même. Pour sa première participation à une grande compétition, l’équipe tahitienne est repartie avec les honneurs, et la fierté de son peuple. Jouer face à l’Espagne, l’Uruguay et le Nigeria était déjà une victoire pour cette équipe qui n’avait jamais joué contre personne d’autre que la Nouvelle-Zélande, la Nouvelle Calédonie ou les Îles Samoa. Le championnat tahitien doit s’approcher du niveau CFA / CFA2, et là, les Toa Aito se sont retrouvés face aux meilleurs joueurs du monde. Les autres équipes n’ont pas vraiment eu de pitié, mais Tahiti s’en tape. Les frères Tehau et leurs potes repartent du Brésil avec le sourire et pleins de beaux souvenirs. Mieux vaut voir ça sous cet angle-là, plutôt que de retenir les trois scores encaissés. Anecdotiques, presque.
Par Eric Maggiori